Mystique: la perception du métier d'entrepreneur.
Tout le monde en parle : Sam Altman, d'OpenAI, lève 6.6 milliards de dollars dans une des plus grandes rondes de financement de l'histoire. La valuation de l'entreprise, à 150 milliards, est vertigineuse.
Pour le même prix de 150 milliards, vous pouvez acheter tous les biens et services (finaux) produits par le Maroc cette année, sauf importation. Oui, oui, le pays au complet. Des oeufs, des tapis, des médicaments, des voitures, de la consultation, des bâtiments, la poésie chez le libraire, la musique, les RDV chez le dentiste. TOUT.
Donc Sam Altman, devenu Lex Luthor (ou Superman ?), demande des milliards pour asservir l'humanité (ou la sauver ? je sais plus). Ça se lit comme un roman.
Et c'est bien ça le problème.
Les épisodes se suivent, et à chaque nouvel épisode, des jeunes entrepreneurs se prennent à rêver de gloire, d'argent, de succès.
Et plus d'améliorer le sort de leurs semblables.
En cherchant le grand, oublier le bien.
Avez-vous remarqué ? OpenAI, SpaceX, et toutes les méga-startups privées (avec une valuation supérieure à 50 milliards) veulent faire quelque chose avec "l'humanité" : l'envoyer dans l'espace, lui donner des doubles artificiels, créer de nouvelles réalités pour elle.
L'humanité est un persona bien flou. Quelle humanité ? Comment ça l'aide ? Et surtout, pourquoi ?
Parce que si on pense à "tout le monde", Bill Gates, il sait ce qui aide l'humanité.
Pas des fusées. Pas des montagnes de cartes électroniques et des Térawatts de puissance pour entraîner des modèles d'IA.
Des chiottes. 🚽
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l'ONU estime que 395 000 enfants de moins de 5 ans meurent chaque année à cause d'une mauvaise sanitation.
Pour moins que 150 milliards, si on veut pas acheter le Maroc, on peut toujours acheter des toilettes. En fait, il y a même des entreprises qui réfléchissent à comment faire quand il n'y a pas de systèmes d'eau usée. Et comment faire payer ceux qui peuvent, pour en faire bénéficier ceux qui ne peuvent pas.
La vision publique de l'entreprenariat est une vision grandiose, mais la réalité c'est une écrasante majorité de PME qui veulent aider la société, à leur petit niveau.
Un "métier" difficile
Je ne prétendrai jamais que mon métier est plus difficile que celui de soldat, de pompier, d'éboueur, d'ouvrir etc. Des métiers risqués, ou inconfortables, ou répétitifs.
Personne ne rêve de travailler à la chaîne quand il est petit.
Mais personne ne devrait rêver d'être entrepreneur. Parce que ce n'est pas vraiment un métier.
Mon métier, ce n'est pas d'être entrepreneur. C'est de trouver comment construire des outils technologiques pour aider les intervenants et proches. Et ces intervenants, ces proches, à leur tour, peuvent aider leurs amis, leur famille, leurs patients.
Je n'aide pas l'humanité à aller dans l'espace. J'améliore la vie des gens, indirectement.
Être entrepreneur, c'est être changé, c'est vivre des émotions immense, du stress, de l'anxiété, de la joie, de l'exaltation. Ce n'est pas un métier.
C'est une vie. Mais pas un statut.
Personne ne devrait rêver d'être entrepreneur. Mais avoir l'envie de construire des outils, des savoirs, des héritages techniques et culturels.
Un moyen, pas une fin.
Entrepreneur / Intrapreneur / Strategy / Innovation / Product Strategy / Go-to-market / Financing / Impact Consultant and Advisor for startups, scaleups, SMEs and growth accelerators
3 mois100% aussi en accord avec toi. Si je traduis rapidement ton ressenti, finalement rêver d’être entrepreneur, c’est un rêve de chiotte ? 😅
Cofondateur et CEO de Myelin Solutions
3 moisHa mais oublie pas qu'il y a des toilettes avec de l'IA maintenant! 😝 100% D'accord avec toi :D
Directrice des connaissances et des opérations, cofondatrice de Myelin
3 moisFun 🚽 fact : il existe déjà des toilettes simples, abordables et écologiques, comme celle du Quai de Rivière-Ouelle qui permet de composter en même temps...
Designer
3 moisMoi je suis hype de te lire en tout cas!