Euro numérique : les travaux évoluent sous un angle de plus en plus collaboratif, selon la BCE
La Banque Centrale Européenne (BCE) a organisé, le 9 septembre 2024 au matin, un webinar dédié à l’évolution des travaux sur l’euro numérique. Partant du constat que l’écosystème des paiements est placé, en Europe, sous le signe de la dépendance à l’égard des schemes internationaux, les professionnels de la BCE qui se sont exprimés à ce webinar ont rappelé en introduction le cas emblématique des Jeux Olympiques de Paris 2024, avec des transactions électroniques « brandées » Visa, et le manque, encore aujourd’hui, de solution européenne susceptible de rivaliser avec les mastodontes internationaux. « Alors même qu’en 2017, les cartes de débit de la zone euro étaient marquées par une part de 42% pour les schemes internationaux et 58% pour les schemes domestiques, en 2022 la proportion atteint respectivement 51% et 49% », pointent les professionnels de la BCE. De quoi souligner l’urgence des travaux sur la souveraineté européenne en matière de paiement.
Et, de fait, la dépendance ne s’arrête pas là. « Les schemes domestiques se basent sur les ICS pour les services de paiement sans contact et sont de plus en plus impliqués non seulement dans l’évolution du business mais aussi dans la gouvernance des paiements en Europe », ajoutent-ils, déclarant que « l’Europe doit non seulement réagir mais aussi être en mesure de conduire les évolutions du paysage des paiements ». Or, l’euro numérique pourrait être le catalyseur de cette transformation, grâce, notamment, à une distribution réalisée uniquement par les prestataires de services de paiement (PSP) - lesquels seraient chargés de la relation client et pourraient bénéficier des standards ouverts de cette innovation -, et d’un « équilibre sain » entre les dépôts des banques centrales et les dépôts des banques commerciales grâce à l’établissement de plafonds de détention pour les utilisateurs finaux et à l’absence de rémunération des dépôts en euro numérique.
Parmi les cas d’usage potentiels de l’euro numérique figurent le P2P, le paiement en point de vente et le e-commerce, en sachant que la BCE a déjà en tête que cette innovation reposera sur trois piliers majeurs : standards de protection de la vie privée, inclusion et accessibilité, et paiement offline. « L’idée est de faire de l’euro numérique un bien public », affirment les professionnels.
Après une phase d’investigation conclue récemment, l’euro numérique se trouve actuellement dans une phase de préparation incluant quatre volets majeurs :
1 – Finalisation du scheme rulebook
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2 – Sélection des prestataires de services
3 – Apprentissage via les expérimentations
4 – Approfondissement des aspects techniques incluant des recherches poussées sur les fonctionnalités offline et le développement d’un plan d’expérimentation
Actuellement, les travaux se développent sous un angle de plus en plus collaboratif impliquant quatre grands blocs majeurs : institutions européennes ; acteurs du marché (institutions financières, consommateurs, marchands, acquéreurs, fournisseurs de technologie) ; grand public (citoyens européens) ; et banques centrales (banque des règlements internationaux, banques centrales ayant des projets de monnaie digitale de banque centrale…). « La création d’un scheme euro numérique assurera l’harmonisation du marché, notamment grâce à l’établissement de règles, de standards et de procédures. Ces travaux impliquent une collaboration poussée avec les acteurs du marché, aussi bien secteur public que secteur privé », affirment les professionnels. Parmi les questions évoquées par les participants, le sujet de la convergence et l’interopérabilité avec des solutions de paiement existantes a figuré parmi les aspects centraux. De quoi confirmer que l’un des défis de l’euro numérique sera de trouver sa place dans une gamme d’offres pléthoriques de solutions de paiement.
Andréa Toucinho