FONDATION CHARLES DE GAULLE Lettre n°40 : Les rencontres gaulliennes de Colombey
FONDATION CHARLES DE GAULLE Lettre n°40 :
Les rencontres gaulliennes de Colombey
Chères amies, Chers amis,
« Français, si nous voulons repartir vers l’avenir, il est indispensable de choisir dans le passé, un point de rassemblement. Eh bien, l’Histoire de France vous attend tous, au seuil du 18 juin 1940. Voilà ce que je voulais vous dire. Pour l’Histoire, ce jour n’est pas celui de l’armistice, l’armistice est un fait énorme et sans valeur inutilisable pour elle, un gigantesque fœtus, gros comme une montagne. Le 18 juin 1940 est ce jour où un homme prédestiné – que vous l’eussiez choisi ou non, qu’importe, l’Histoire vous le donne – où cet homme a, d’un mot qui annulait la déroute, maintenu la France dans la guerre. Français, ceux qui essaient de vous faire croire que ce jour et cet homme n’appartiennent pas à tous les Français se trompent, ou vous trompent. »
Le 18 juin dernier, nous avions tous en tête ces phrases de Georges Bernanos en cheminant à Colombey, de La Boisserie au Mémorial, après une halte sobre au petit cimetière collé contre l’église. Nous célébrions le cinquantenaire de l’inauguration de la croix de Lorraine par le président Pompidou, en présence d’Yvonne de Gaulle qui avait suivi avec soin cette belle entreprise, voulue par le général de Gaulle dont les propos avaient été transfigurés par André Malraux dans Les chênes qu’on abat l’année précédente.
Nos remerciements vont à Nicolas Lacroix, président du Conseil Départemental de Haute-Marne, Jean Rottner, président de la région Grand Est, et à Pascal Babouot, maire de Colombey-les-Deux-Églises, et à toutes les équipes du Mémorial et de La Boisserie, sans qui ces belles journées n’auraient pas été possibles.
La Corse, premier territoire français libéré, se souvient aussi comme en témoignent ces cérémonies de l’Île-Rousse.
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L’incertitude politique dans laquelle le pays est plongé depuis les récentes élections législatives donne lieu à d’improbables spéculations sur l’avenir de nos institutions. Dès avant l’élection présidentielle, le pont-aux-ânes franchi avec allégresse par tant de commentateurs et de responsables politiques était l’indispensable adoption de la proportionnelle, endossant ce faisant, sans le savoir sans doute, la distinction toute maurrassienne entre « le pays légal et le pays réel ». Depuis le 19 juin, la chimère semble s’être évanouie…
La Fondation avait anticipé ces débats en publiant au printemps Demain, la Ve République ? (Perrin), ouvrage collectif d’une grande richesse, qui est un guide utile dans les saisons gâtées que nous traversons. Frédéric Fogacci revient sur la première législature de la Ve République (novembre 1958-octobre 1962).
Jean-Louis Debré, dans un passionnant entretien avec Philippe Goulliaud, revient sur « les poisons et délices » de la IVe République, à la faveur de la réédition de Ces princes qui nous gouvernent de Michel Debré (Plon).
La participation, ce grand projet gaullien inachevé, reste la solution pour pallier l’incomplétude du capitalisme libéral et étancher les frustrations qu’engendre « la question sociale, toujours posée, jamais résolue », comme le pensent certains chefs d’entreprises aux profils aussi variés que Jean-Dominique Senard, Thibault Lanxade ou Alain Minc. Merci à Jacques Godfrain, Lionel Tourtier et Jean-Marie Dedeyan d’avoir entrepris ce formidable travail, qui fait aujourd’hui autorité. L’entretien avec Frédéric Fogacci nous permet d’en découvrir l’essence.
Avec À la gauche du gaullisme (PUF), Bernard Lachaise, dans un passionnant ouvrage, nous rappelle que le projet politique gaullien a toujours été de rassembler et de transcender les clivages partisans.
Le gaullisme est ce que furent ses artisans, dont les plus courageux furent souvent les plus modestes. Nous sommes heureux et émus de vous faire découvrir la belle personnalité de Sonia Eloy.
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Charles de Gaulle a toujours reconnu sa dette envers Georges Mandel, par ce lien indéfectible noué au fond de l’abîme le 17 juin 1940, et à travers lui à son mentor Georges Clemenceau. J’ai tenu à répondre à l’invitation de notre ami Jean-Noël Jeanneney et de Guy Wormser, pour inaugurer avenue Mozart, à Paris, une plaque en mémoire de l’inflexible Valeureux que fut Georges Mandel. Il faut lire et relire le superbe texte de Jean-Noël Jeanneney, L’un de nous deux (Portaparole), dialogue imaginaire et pourtant tellement vrai entre Léon Blum et Georges Mandel à Buchenwald, ainsi que sa biographie Georges Mandel, l’homme qu’on attendait (Le Seuil).
Hervé Gaymard