Futur système universel de retraite : la valeur du point (4/...)
Lors de nos trois premiers articles explicatifs de la réforme des retraites, successivement relatifs à l’acquisition de points, aux taux de solidarité et à l’utilisation des cotisations, nous avons appris plusieurs informations pouvant être synthétisées comme suit :
Abordons maintenant la question de la valeur de service du point. Cette dernière permet de transformer les points acquis tout au long de la carrière en un montant annuel de pension de retraite.
Au fil de sa carrière, chaque assuré accumule des points, soit sur la base des cotisations contributives (taux de 25,31 %), soit, durant les périodes d’interruption de carrière, au titre de la solidarité (pendant les périodes de chômage indemnisé par exemple).
Mois après mois, les points acquis alimentent son « compte personnel de carrière ». Lorsqu’il a atteint l’âge d’ouverture du droit à retraite (62 ans), l’assuré peut demander la liquidation de sa pension de retraite.
S’il part avant 64 ans, un malus lui sera appliqué (environ 5% par an). A l’inverse, s’il part après 64 ans, un bonus lui sera accordé (environ 5% par an également). Ainsi, s’il demande la liquidation de sa pension à 67 ans, il bénéficiera d’un bonus d’environ 15 %.
De même, s’il a eu un ou plusieurs enfants et qu’il a demandé (aux 4 ans de chaque enfant) que les points lui soient attribués (sans accord entre parents, les points seront répartis proportionnellement entre chaque parent), une majoration de ses points lui sera accordée à raison de 5% par enfant et 2% supplémentaires (soit 7%) à compter du troisième.
Après intégration de ces bonus, malus et majoration pour enfant au total des points déjà acquis sur son compte personnel de carrière, il dispose d’un stock final de points. C’est ce stock qui est transformé en euro par application de la valeur de service du point. En 2025, cette valeur sera de 0,55 €.
Ainsi, un assuré qui aura accumulé 48000 points durant sa carrière pourra bénéficier d’une pension de retraite annuelle de 48000 x 0,55 = 26400 €, soit 2200 € par mois. S’il a eu trois enfants portés à son compte, son total de points sera augmenté de 17 % (5% pour le premier enfant + 5% pour le second + 7% pour le troisième) pour atteindre 48000 x 1,17 = 56160 points. Dès lors, sa pension de retraite sera de 56160 x 0,55 = 30888 euros par an, soit 2574 euros par mois.
Les fruits de nos connaissances peuvent maintenant être schématisés comme suit :
Lorsque l’assuré a liquidé sa pension de retraite, il peut bien sûr reprendre une activité rémunérée mais, dans le futur système universel, cette activité lui ouvrira de nouveaux droits à retraite.
Ces derniers ne pourront plus se voir affectés les bonus, malus ou majoration pour enfants. En revanche, la rémunération qu’il percevra pourra être cumulée avec sa pension de retraite. Ce cumul sera plafonné entre 62 et 64 ans, mais intégral à compter de 64 ans. Il liquidera ensuite ses nouveaux droits acquis qui seront transformés en euros par application d’une valeur de service, la somme ainsi obtenue s’ajoutera au montant de sa première pension de retraite pour constituer sa pension de retraite définitive.
Dans le prochain épisode de notre série, nous étudierons comment évolueront le taux de rendement du système, la valeur de service du point ainsi que l’âge d’équilibre, soit les principaux leviers permettant le pilotage du système pour garantir son équilibre financier.
Directeur Associé, EXCUB
4 ansOn évoque aussi contre la réforme le fait que "la valeur de point pourra baisser". C'est oublier un peu vite que les régimes actuels ont eux aussi été soumis à des réformes visant à l'équilibre, à savoir les réformes Balladur, Fillon, Touraine etc... et les décisions paritaires de l'AGIRC-ARRCO de gel de la valeur du point ou plus insidieux l'augmentation du salaire de référence (valeur d'acquisition du point, moins de points à cotisations identiques) et l'augmentation du taux d'appel (plus de cotisations pour autant de points). Bref, la question de la gouvernance est certes importante, à savoir, qui maîtrisera les nouveaux paramètres, principalement la valeur du point, mais se fonder sur le fait qu'elle pourrait éventuellement baisser pour refuser la réforme est avoir la mémoire courte sur les évolutions de ces 25 dernières années.
Directeur Associé, EXCUB
4 ansJe lis les échanges divers, ici et ailleurs. Je suis frappé de voir, d'une manière générale, que les opinions pour où contre le système universel sont fondées sur des situations particulières et des comparaisons faussées au détriment d'une évaluation plus "macro". Or, à enveloppe constante (14 % du PIB, au moins au début), on ne va pas vers un système différent, plus juste ou plus injuste, sans qu'il y ait en effet des gagnants et des perdants, sinon à quoi bon. Un exemple des points les plus souvent donnés contra la réforme est la "comparaison" suivante: "tout le monde va y perdre puisque la retraite qui est actuellement calculée sur la base des 25 meilleures années sera calculée sur la base de toute la carrière". Il est bien évident que cet argument simpliste ne tient pas la route, d'une part car le système universel ne remplace pas que les régimes de base, mais bel et bien la somme des régimes de base et des régimes complémentaires, d'autre part parce ce que ce raisonnement serait valable "toutes choses étant égales par ailleurs" alors que justement tout est différent par ailleurs.