Dépoussiérons le fameux playbook pour diriger en période marquée par une croissance plus lente, une inflation supérieure à la moyenne et des coûts élevés du capital.
Trois mots clés : INTENTION, DISCIPLINE et EMPATHIE - tant dans la gestion de son entreprise que de soi-même.
Ces recommandations émergent de nombreuses lectures et de discussions tenues avec plusieurs dizaines d’entrepreneurs dans le cadre de rencontres de groupes TEC. Une longue conversation avec ChatGPT n’a mené à aucun changement.
Diriger avec INTENTION
Non seulement les opportunités existent-elles durant les récessions, mais en plus, elles se multiplient (acquisitions, transformations internes, nouvelles clientèles, etc.).
- Bien s’entourer.
- Se rapprocher de nos clients et des futurs clients que nous avons la responsabilité d’aider, car nous pouvons le faire mieux que quiconque. BCG a d’ailleurs documenté en 2020 que les entreprises qui se sont mieux occupées de leurs clients se sont mieux relevées de la récession suivant l’année 2008.
- Recadrer le discours et les stratégies avec ses équipes, particulièrement de marketing et de ventes. Les discours défaitistes peuvent amplifier les dommages et sont contagieux.
- Faire des simulations de récession avec son équipe en projetant des variations de certains critères (taux de change, taux d’intérêt, diminution des ventes, etc.) pour en évaluer les impacts et préparer à l’avance les stratégies et tactiques à mettre en œuvre si ces situations se matérialisaient.
Diriger avec DISCIPLINE
Les périodes de turbulence mettent à l’épreuve la discipline des leaders et des équipes.
- Maintenir un niveau d’énergie personnelle maximale, ainsi qu’une forme physique et mentale élevée.
- Accélérer les itérations de la planification stratégique : réévaluer les priorités mensuellement ou au pire, trimestriellement, tout en gardant les yeux sur l’horizon. Nos ambitions et nos valeurs doivent continuer de nous guider beau temps, mauvais temps.
- Rester discipliné dans la sélection et la poursuite des opportunités d’innovation et de croissance :
- Investissements (CAPEX) : profiter de ralentissements pour mettre ses équipements et technologies à jour.
- Abandonner les opportunités pour les bonnes raisons (et non par panique ou distraction, par exemple).
- Éviter de céder à la tentation de prendre de mauvais clients qui diminueraient les marges et retarderaient la reprise.
- Ajuster sa stratégie de prix sur la valeur créée, et non sur la concurrence ou sur ses coûts de production - plusieurs conférenciers TEC parlent de ce sujet à haute valeur, notamment Paul Hunt dans ce webinaire récent (58 minutes). Voir aussi cet article du NY Times qui décrit une accélération du phénomène de premiumization.
- Maintenir une bonne hygiène financière:
- Faire une revue budgétaire pour couper les dépenses superflues et augmenter celles qui doivent l’être. Le mot clé n’est pas de diminuer les dépenses, mais bien d’avoir des dépenses appropriées.
- Raccourcir et resserrer les termes de paiements de ses clients.
- Verser des bonus plutôt qu’augmenter les salaires. Si on veut augmenter les salaires, fractionner les augmentations plusieurs fois par année plutôt que de se compromettre pour l’année.
- (Re)négocier les fournisseurs sur leurs tarifs, sur leurs conditions, ou sur leurs augmentations de tarifs.
- Dégager/maintenir une marge de manœuvre financière, notamment en négociant des prêts avant d’en avoir besoin.
Diriger avec EMPATHIE
L’incertitude, la nouveauté et l’inconnu sont trois phénomènes différents qui sont stressants et énergivores pour la grande majorité des humains.
- Communiquer plus souvent avec les groupes clés (personnel, investisseurs, fournisseurs, clients) a justement pour effet de diminuer l’incertitude, la nouveauté et l’inconnu.
- De plus, ça permet de favoriser l’alignement des efforts et donc de gagner en efficacité/productivité.
- L’empathie envers les autres requiert une empathie envers soi-même.
- Demander de l’aide au besoin. Ce n’est pas une démonstration de faiblesse, mais plutôt de résilience.
À propos de l'auteur, Louis-Samuel Jacques