Gérer le changement ?
Je n’aime pas la gestion du changement. J’observe la multiplication des invitations à gérer le changement au travers de plusieurs méthodes avantageuses. Je reste convaincu de l’intérêt de faire quelque chose en matière de changement, mais ce qui me chiffonne c’est le verbe gérer.
Le changement est-il devenu un nouvel objet du management et donc il n’y a que le GERER. Cette réification du changement ne tend-elle pas à standardiser le changement, à le banaliser, voire à le déshumaniser c’est-à-dire à enlever ce Put*** de Facteur de Humain de nos organisations et de nos relations.
Si je regarde dans le dictionnaire, « Gérer » c’est : « administrer les intérêts « ou « assurer l’administration » ou encore « administrer les choses aux mieux ». Bref, administrer ce n’est pas un terme très engageant. Selon moi, cela ne traduit par l’enjeu.
Gérer fait appel à un processus, une manière d’ordonnancer les activités qui permettrait de parvenir à ses fins au mieux de se intérêts. Pour gérer le changement, on peut dès lors s’appuyer sur des processus, issus on l’espère des bonnes pratiques. Mais le risque d’un tel processus est de mettre l’accent sur l’orthodoxie à la méthode et in fine masquer le réel.
Un processus peut certes servir de point de départ, car il faut bien une portée d’entrée, un modèle pour appréhender la réalité. Mais par principe tous les modèles sont faux. S’en tenir strictement à un processus peut mener à un aveuglement face au réel. On cherche alors à retrouver dans le réel les étapes du modèle, et non plus à utiliser les modèles pour appréhender la réalité telle qu’elle est.
Et si on changeait les termes ?
Premièrement proposition : supprimer la référence à la gestion pour les raisons évoquées ci-dessus. D’ailleurs plutôt que de parler de méthodologie ou de processus de changement, nous pourrions évoquer une boîte à outils. On retrouve alors l’idée d’une panoplie d’instruments à utiliser selon le contexte. Tous ne sont pas toujours utiles.
La boîte à outils évoque aussi une certaine idée de l’artisanat. En s’appuyant sur son expertise métier et son professionnalisme, l’artisan crée des pièces uniques, faites main. Ce ne sont pas des processus de production standardisé, automatisé, conçus par les bureaux des méthodes.
Deuxièmement, et si on ne parlait pas de changement ? Le changement en soi ne traduit pas d’enjeu. Et au risque de paraître banal, le changement est permanent et au cœur du vivant. Ce n’est pas le changement que l’on cherche à « gérer » c’est autre chose.
Et si c’était la résistance au changement ? Il y aurait des résistants au changement. Si l’on en croit les planeurs, la résistance au changement est fortement développée au niveau des opérationnels. Pourtant, il n’y a pas vraiment de résistance au changement généralisée au niveau de l’ensemble des individus, voire encore moins au niveau de certaines classes de travailleurs.
Comme le développe très bien Marie-Anne Dujarier [1] Ce qui génère la résistance, c’est la nature du changement. Annoncer une augmentation de 5% des salaires ne risque pas de générer de résistance des acteurs…Idem pour octroyer un congé supplémentaire…
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Mais gérer la résistance au changement c’est se focaliser sur les aspects négatifs. C’est mettre vouloir construire un dispositif pour faire passer la pilule, pour lubrifier une machine déjà construite. « Bon nous avons choisi de faire X, comment on fait maintenant pour gérer les résistances ».
Et si nous adoptions un focus plus positif, centré sur l’enjeu des changements ? Et si, nous parlions, comme Arnaud Tonnélé, de réussir nos transformations [2]. Notons l’intérêt de chaque terme :
Enfin, et si au lieu de gérer, nous traduisons l’enjeu d’accompagner ces transformations. Selon le dictionnaire, accompagner c’est « Aller quelque part avec quelqu’un » ou encore « mettre en place des mesures visant à atténuer les effets négatifs de quelque chose ». Accompagner c’est mettre de l’humain et de l’action au cœur du changement.
accompagner les transformations vers leurs réussites grâce à une boîte à outils
Plutôt que gérer le changement, je préfère donc accompagner les transformations vers leurs réussites grâce à une boîte à outils. Peut-être moins sexy…moins vendeur…moins certifiant…
Et vous, qu'en pensez vous ?
[1] Marie-Anne Dujarier, Le management désincarné
[2] Arnaud Tonnélé, Réussir vos transformations
Business Consultant and Trainer chez Simplitude
2 ansVeronique Bertrand et Anne-Sophie Marsin ;-)
informaticien - chef de projet
2 ansVotre formulation emporte une dimension plus positive ; toutefois, pour l'ancrer plus fermement, l'ajout des termes "positives pour les acteurs" après transformations pourrait s'envisager. Ce qui permettrait d'attirer l'attention des décideurs et des collaborateurs de terrain sur les transformations positives apportées. Evidemment, encore faut-il que cette dimension positive soit présente. Sinon, les mots peuvent cacher l'exploitation accrue d'une partie dominée par une partie dominante...
Praticienne narrative, Coach certifiée et Conseil Carrière & Développement @ Causette carrière - Conseiller en Développement de l'organisation au SFP
2 ansJ’aime dans votre texte la référence à l’artisanat, qui appartient à l’idée de modeler, façonner, confectionner, bâtir, créer, … C’est tellement plus beau, plus généreux, plus juste que gérer; verbe qui par ailleurs a été mis à toutes les sauces, à tous les usages et s’avère trop souvent devenu synonyme de contrôler ou de (se) donner l’illusion du contrôle (« je gère »).
Coordinatrice et cheffe de projets formations Bien-être chez EAP - Ecole d'administration publique Wallonie-Bruxelles (page officielle)
2 ansJe préfère aussi le terme "accompagner" Le changement est inhérent à tout état, il est permanent. La notion de transformation est peut-être plus appropriée à l Organisation. C'est comme les RH, Gérer les RH, je n'ai jamais apprécier ces termes "gérer" et "ressources", je préfère, "developper" et "relations".
Directeur général au Centre Public d'Action Sociale d'Anthisnes
2 ansCommencer par « je n’aime pas » OMG 🙂👍