Gérer son stress de la maladie et du confinement

Gérer son stress de la maladie et du confinement

Cette crise du Coronavirus me fait réfléchir sur la façon dont nous faisons face au stress. Bien sûr, en fonction de qui nous sommes, nous réagissons soit en étant complètement inhibés, soit en fuyant soit en montant au créneau pour nous battre. Réactions bien connues qui dépendent autant de notre histoire que de notre personnalité.

Les travaux du Dr Jacques Fradin, animateur d’une équipe de chercheurs en neurosciences cognitives et auteur du livre « l’Intelligence du Stress » nous aide à analyser les choses un peu plus finement.

Pour lui nous avons 2 sortes de cerveaux : le « Mode Mental Automatique » (MMA) et le « Mode Mental Préfrontal » (MMP).

En temps normal, le mode automatique est très efficace pour nous aider à gérer les situations quotidiennes car il nous aide à faire les actions bien connues sans y penser.

Il met en avant 6 axes pour caractériser ce mode automatique :

1.     l’attrait pour la routine et le familier,

2.     le refus de l’imprévu,

3.     la vision binaire fondée sur des jugements (bien/mal, vrai/faux…),

4.     la certitude qui fait que nous croyons détenir la vérité,

5.     l’empirisme qui cherche du concret immédiat, la meilleure solution connue et évite les réflexions « compliquées »

6.     la préoccupation du regard et jugement des autres

Et il décrit le mode préfrontal avec des caractéristiques à l’exact opposé sur les mêmes 6 axes à savoir :

1.     l’attrait pour la créativité et l’imprévu

2.     l’acceptation de la réalité et la capacité d’adaptation qui va avec

3.     une vision toute en nuances de la complexité et de la continuité des choses

4.     la conscience que tout est relatif et perception individuelle

5.     la réflexion qui cherche à comprendre et rationaliser, quitte à perdre du temps pour en gagner

6.     l’opinion personnelle faite de raison, d’intuition et de prise de risque

Il est intéressant de réfléchir axe par axe pour savoir de quel côté on se situe tout en sachant qu’il n’y a pas un bon et un mauvais mode ! Par contre, chaque mode est plus ou moins adapté en fonction du contexte. Le MMA est plus adapté dans un contexte familier, le MMP est plus adapté dans un contexte de changement !

Alors sommes-nous en train d’accepter la réalité de cette situation confinée que nous impose le gouvernement pour lutter contre le Coronavirus ou sommes-nous en train de la refuser en ne respectant pas les consignes, en sortant quand même plus ou moins clandestinement, en nous révoltant ? sommes-nous en train de juger l’action du gouvernement ? sommes-nous en train de nous forger une opinion binaire sur les travaux du Pr Raoul sans attendre une base statistique d’essais suffisamment représentative de notre population ? sommes-nous en train de chercher à faire notre travail « comme d’habitude » en intégrant les nouvelles contraintes qui s’imposent à nous ou cherchons-nous aussi à réfléchir au sens et à l'impact de notre travail, à être créatifs pour créer de nouvelles activités avec nos proches, dans notre entreprise ou avec d’autres au bénéfice de ceux qui sont sur le front ? Jusqu'où sommes-nous prêts à prendre des risques personnels indépendamment du regard et du jugement des autres ? Bref sommes nous dans le mode automatique alors qu’il faudrait sans doute être en ce moment dans le préfrontal c'est-à-dire dans la réflexion, la nuance, la créativité ?

Voici 4 méthodes pour vous aider à passer du mode automatique au mode préfrontal :

Méthode 1 : s’auto-diagnostiquer :

Il est important d’identifier sur quels aspects précis nous sommes en mode Automatique ou Préfrontal. Pour cela, considérez une échelle de 1 (pour MMA) à 9 (pour MMP) sur chacun des 6 axes décrits plus haut pour détecter de quel côté vous êtes et imaginez quelle serait l’action qui vous permettrait d’aller davantage vers le mode Préfrontal là où les résultats indiquent que vous êtes plutôt du côté Automatique.

Méthode N°2 : la pyramide Moyens / Exigences :

Cette méthode est adaptée lorsque la source du stress est directement corrélée à l'ambition que l'on se donne c'est-à-dire quand on a une large "tête" d'exigences et une base étroite de moyens... L'objectif est alors de renverser cette pyramide en réfléchissant à de nouveaux moyens et en réduisant le nombre des exigences au strict minimum rationnel.

Méthode N°3 : la méthode du Pack Valeur - Antivaleur :

Cette méthode est adaptée pour relativiser le risque d'échouer en envisageant, acceptant et dédramatisant l'échec. L'idée est de réfléchir aux avantages / inconvénients / éléments d'apprentissage que l'on retirerait d'une situation avec l'hypothèse d'un succès mais aussi avec l’hypothèse d'un échec.

Méthode N°4 : la méthode de la pensée stabilisée :

Cette méthode est adaptée lorsque la charge émotionnelle est très élevée ou que nos croyances / valeurs sont touchées. Dessinez un tableau avec les 4 axes suivants : la situation est positive, la situation est négative, je suis concerné par la situation, je ne suis pas concerné par la situation. Renseignez spontanément les pensées qui vous viennent au croisement de chaque axe et retravaillez-les jusqu’à trouver une pensée unique, nuancée et créative qui soit la même quel que soit l’axe.

Alors quelle est votre pensée stabilisée face au Coronavirus ?





 

Bravo. tres bon article. Merci d avoir donné des axes de réflexions. Peut on avoir une approche différente selon que l on pense a soi ou à l’équipe ?

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