IA : éléments de réflexion personnels...
Je partage avec vous une petite anecdote très révélatrice (en tout cas pour moi), en relation avec l'IA, qui m'est arrivée ces derniers jours sur facebook : comme l'a annoncé son patron il y a de cela un an, le réseau social continue d'entraîner ses programmes IA pour améliorer sa capacité à modérer le contenu (à la source, en dehors du système de signalement qui pour moi n'est qu'une façon d’ubériser la fonction de contrôle qui incombe à facebook et de la déléguer contrairement aux convenances en la matière à ses utilisateurs) et le filtrer de façon à en éliminer les propos haineux, la nudité, les insultes raciales et j'en passe.
Je publie alors, dans un but de sensibilisation, n'allez pas imaginer d'autres raisons :), une image que l'analyseur de contenu de la firme californienne estime comme non conforme avec les standards de la communauté, et comme j'en étais à mon deuxième comportement de ce genre dans un délai qualifié de "court" je suppose par les algorithmes de l'IA facebook, je suis notifié que je vais devoir écoper d'un "blocage" (clément je l'avoue) des publications et autres commentaires sur le réseau social pendant une durée de 24 heures comme sanction.
Facebook, n'ayant pas très confiance en ses programmes IA (ils n'ont pas encore réussi le test de turing j'imagine :)), me donne le choix entre accepter cette décision ou soumettre le "case" à un deuxième examen (par des être humains cette fois, je déduis). Je choisis la deuxième option, facebook ne me bloque pas et reviens vers moi au bout de 24 heures (à peu près) pour me signaler que la décision de l'IA a été confirmée "en appel" :) et que mon post sera supprimé (il me propose même de demander un dernier examen, proposition que je décline par retenue), point ! Tout ça aurait été presque normal si ce "tribunal de deuxième instance facebookien" n'avait pas oublié entre temps...la sanction ! (celle du blocage, pas celle correspondant à la suppression de ma publication).
En effet, le processus manuel n'étant apparemment pas bien interfacé avec son homologue automatique, il n'y a plus dans le "rapport facebook" (c'est comme ça qu'il m'a été présenté), soumis suite au réexamen, aucune allusion à quelque blocage que ce soit, et je continue, suite à ce réexamen, de poster et de publier en toute "impunité" :) !!
L'imperfection (au sens machine) de l'être humain (l'oubli, les émotions, la "lenteur d'exécution" pour ne citer que ces trois-là), dans son côté désavantageux, est la plus grande raison de légitimer l'adoption de l'intelligence artificielle et la preuve la plus plausible de son utilité.
Je ne sais pas si facebook maintient ces inspections manuelles seulement parce qu'il estime que son IA n'a pas encore atteint un niveau de "learning" (maturité d'apprentissage) suffisant pour les abandonner, ni combien de temps il continuera à le faire quand bien même la décision de les abandonner serait prise ("parallel run" oblige), mais la morale de cette histoire pour moi se résume aux trois points suivants :
- L'être humain tout en affichant son ambition de placer la technologie au "plus haut niveau de la perfection" jusqu'à ce qu'elle soit capable un jour de "le remplacer" (nous estimons curieusement depuis bien longtemps pour des raisons historiques, culturelles et anthropologiques que notre modèle d'intelligence possède une certaine suprématie, ce qui, à mon sens, est à relativiser), ne semble jusque-là jamais totalement convaincu de "ce projet". Il a besoin tout le temps de garder un œil sur "la machine", car il est conscient (au plus profond de lui-même) qu'il n'a toujours pas perçu tous les secrets de son intelligence et que la réalité en fait, est qu'il n'en sait que peu sur les mécanismes qui la régissent (ou ne la régissent pas), et ignore même si son caractère imparfait est vraiment un avantage ou un inconvénient (nous sommes loin, très loin d'inventer une IA capable d'émotions ou d'oubli, sauf peut-être au cinéma)
- L'imperfection (au sens machine) de l'être humain (l'oubli, les émotions, la "lenteur d'exécution" pour ne citer que ces trois-là), dans son côté désavantageux, est la plus grande raison de légitimer l'adoption de l'intelligence artificielle et la preuve la plus plausible de son utilité. Il s'agit dans mon anecdote là-haut d'un oubli à presque pas d'impact (sauf peut-être sur l'image de facebook auprès de ses membres), mais imaginez ce que peuvent être les conséquences quand un chirurgien oublie un matériel médical dans le ventre d'un patient ou qu'un conducteur oublie d'activer son frein à main quand il stationne son véhicule (petit clin d’œil à un proche qui se reconnaîtra ! :)).
- Une fois l'IA adoptée, se pose alors le problème des régressions possibles quand l'humain, avec les imperfections qu'on lui connaît, reprenne la main sur les fonctions de la machine, pour quelques raisons que ce soient. J'ai envie ici de signaler qu'en matière de délégation, deux questions m'ont toujours taraudé avec insistance l'esprit (et devraient faire de même pour les théoriciens de l'IA) : doit-on déléguer uniquement ce qu'on est capable de faire d'un côté, et de l'autre, ne prenons-nous pas le risque en déléguant de perdre la capacité avec le temps de prendre en charge les tâches qu'on a confié à autrui (la machine dans le cas de l'IA) ?...
A bientôt.
Nos ambitions en termes d’IA devraient se focaliser sur la résolution de problématiques majeures et susceptibles d’aider les sociétés humaines à surmonter les immenses défis posés par notre mode de civilisation (dérèglement climatique, inégalités, épuisement des ressources). Je crois qu’il faut toujours garder à l’esprit que l’humain doit rester au centre des progrès recherchés, avec tout ce qui en fait l’essence: sa dimension spirituelle, sa nature sociale, la dépendance de son bien-être d’un environnement viable et source de vie. Il n’y a me semble-t-il aucun bénéfice à perfectionner l’humain à titre individuel. Il convient d’œuvrer à lui offrir une vie meilleure parmi ses semblables, c’est tout. Quand à l’IA dans son état d’avancement actuel, elle est un outil formidable pour l’exécution de tâches complexes, par exemple en médecine, mais elle est encore loin d’une intelligence générale, et nous devrions être très vigilants de ne pas lui confier des décisions qui nous soustrairaient à tort à nos responsabilités. Pour ce qui est de l’incident Facebook qui vous a touché, peut-être est-ce simplement l’indulgence humaine qui a pris le pas sur les insuffisances des algorithmes ?
Keynote Speaker Transformation Digitale & IA Humanity.Next() #HomoDigitalis
5 ansCe que vous appellez imperfection Ssi Khalid au sens de la machine, je l'appellerai l'intelligence émotionnelle humaine. On pourra la simuler, mais elle est le résultat de processus complexes au sein du centre du raisonnement humain. Si complexes qu'elle finit par lui donner sa touche unique. Chacun de nous a des imperfections. Je dirais que nous ne sommes que la somme de nos imperfection. A ce soir Ssi Khalid #OrgannisationsApprenantes
Senior Solutions Principal (Services PreSales), Emerging Africa at Dell Technologies
5 ansÀ la quête de la perfection. L’être humain doit toujours se fixer des « objectifs » pour créer de la richesse. Très bon article