Les agents IA sont là, pour le meilleur ? -Mes Flashs de la semaine #13
Not so quiet Tech ! Entre Character IA poursuivi en justice pour le suicide d’un adolescent, un ancien chercheur d’OpenAI qui affirme que la licorne a enfreint la loi sur les droits d’auteurs, Perplexity, le moteur de recherche concurrent de Google, attaqué en justice par News Corp l’accusant de « kleptocratie du contenu », sans oublier le fait marquant de l’arrivée des agents IA capables de prendre le contrôle d’un ordinateur qui pose de nombreuses questions autour du Futur du Travail, la semaine a été marquée par une avalanche de débats de société en lien avec l’IA.
Les agents IA sont là, et ils sont bien partis pour durer ! Ce qui n’était jusqu’à présent, qu’une innovation dont on aurait pu penser qu’elle mettrait des mois à sortir, est devenu réalité. Anthropic a lancé Claude 3.5 Sonnet, une IA capable de contrôler des applications PC via une API appelée « Computer Use ».
Cette IA, en version bêta ouverte, peut imiter des actions humaines comme des clics ou des frappes, permettant une automatisation avancée.
Elle travaille par objectifs, qui nécessitent parfois des dizaines ou des centaines d'étapes, et non plus par tâches. Cette IA est capable d’aller chercher des informations sur un site et de les mettre dans un tableau Excel par exemple, comme l’a montré Mathieu Cucq, DG de Brainsonic, dans un de ces posts sur LinkedIn.
C’était dans la feuille de route d’Anthropic depuis le départ : développer une intelligence artificielle pour alimenter des assistants virtuels capables d’effectuer des recherches, de répondre à des e-mails et de gérer d’autres tâches administratives de manière autonome.
Cet « algorithme de nouvelle génération pour l’auto-apprentissage de l’IA » pourrait automatiser un jour de larges pans de l’économie. Avec cette version bêta, c’est le début de l’histoire qui s’écrit sous nos yeux.
Reste que cette IA pose de nombreux défis en termes de sécurité. Outre les leviers logiciels à sa disposition, les connexions en ligne et aux applications du modèle pourraient ouvrir la voie aux jailbreakers malveillants.
Plus tôt dans la semaine, Microsoft avait lancé sa propre suite d’agents pour l’entreprise, qui peuvent effectuer des tâches dans des domaines tels que les ventes, le support client et la comptabilité. Lors du Microsoft AI Tour à Paris, Satya Nadella a mis l'accent sur la promesse de gains de productivité et d'optimisation des processus.
Copilot Studio est désormais facilement accessible et activable avec Copilot Agents. Comme le souligne Karine Boullier , Head of industrial Upskilling chez Sanofi dans son post sur LinkedIn, cette avancée promet de simplifier encore l'accès aux capacités de l'IA et leur utilisation.
Parmi les cas d’usage mis en avant par le géant de Redmond, l’Institut Curie utilise un agent copilote pour aider les chercheurs dans leur travail et améliorer l'efficacité et la précision de leurs recherches. McKinsey met en œuvre un agent de gestion de l'engagement pour optimiser la gestion des contacts avec les clients.
C’est la course au développement des « agents IA », qui vont permettre aux entreprises de monétiser plus facilement les milliards de dollars qu'elles investissent dans l'IA. Selon une récente étude de Capgemini , 10 % des organisations utilisent déjà des agents d'IA et 82 % les intégreront dans les trois prochaines années.
Et c’est d’ailleurs la première des 10 tendances tech de Gartner pour 2025. Selon les analystes du groupe, au moins 15% des décisions quotidiennes de travail seront prises de manière autonome par des agents IA en 2028, contre 0% en 2024. Une transition majeure s’annonce.
Les entreprises adorent les agents IA, qui ne mangent pas et peuvent travailler 24h/7 ! Un robot fait mieux qu’un humain pour vérifier le code : ils ne s’énervent pas, ne sont pas paresseux et testent tout. Et c'est bien le Futur du Travail qui se joue avec ces évolutions-révolutions autour des agents IA avec la place de l'homme à redéfinir.
Mais la course ne fait que commencer. OpenAI prévoit de publier son prochain grand modèle d'IA d'ici décembre. Son nom de code est Orion et il devrait arriver aux alentours du deuxième anniversaire de ChatGPT. Cette fois, il ne sera pas directement intégré à ChatGPT mais d'abord accessible à des entreprises pour développer leurs propres produits. Microsoft pourrait l'héberger sur Azure dès novembre.
Selon un dirigeant d’OpenAI, Orion serait potentiellement jusqu’à 100 fois plus puissant que GPT-4. Et la licorne aurait utilisé son modèle o1, déjà plus puissant que ChatGPT, pour fournir des données synthétiques qui ont aidé à l’entraîner.
La sortie de ce nouveau modèle interviendra à un moment crucial pour OpenAI, qui vient de clôturer un tour de table historique de 6,6 milliards de dollars. Dans ce cadre, Orion pourrait lui permettre de prendre un coup d’avance sur la concurrence.
Et le chiffre de la semaine, c’est la question à 14 milliards $ qui divise OpenAI et Microsoft. Les deux entreprises ont fait appel à des banques d'investissement pour les aider à négocier la part de capital que Microsoft obtiendra lorsque OpenAI deviendra une société à but lucratif.
On leur souhaite bien du plaisir à ces banquiers d’affaires (et quelques nuits blanches en perspective..)
Reste toujours que selon un ancien chercheur d'OpenAI, l'entreprise a enfreint la loi sur les droits d'auteurs. Suchir Balaji a participé à la collecte et à l'organisation des énormes quantités de données Internet utilisées pour former le chatbot ChatGPT de la startup.
Après y avoir travaillé pendant 4 ans, il a quitté l'entreprise parce qu'il ne voulait plus contribuer à des technologies qui, selon lui, apporteraient à la société plus de mal que de bien. Il pointe que l'IA générative met en péril la viabilité des services Internet et génère des informations erronées.
De quoi plaider pour une régulation légale afin de protéger les droits d’auteurs et limiter les risques.
Violer les droits d’auteurs, c’est exactement ce que News Corp reproche à Perplexity . Le détenteur de Dow Jones, du New York Post et du Wall Street Journal poursuit la start-up d'IA pour violation « massive » des droits d'auteur.
Le groupe de média l'accuse d’utiliser illégalement des contenus pour attirer des utilisateurs sans renvoyer vers les sites d’origine. Une concurrence doublée d’une exploitation du contenu, position aussi éfendue par le New York Times.
Une bataille juridique de plus, qui fait mauvais effet alors que Perplexity veut lever 500 M$ pour une valorisation 8 milliards. Ce serait le double de sa valorisation depuis l'été, où elle était à 3 Mrds.
La réponse de Perplexity ne s’est pas fait attendre mais n’a pas convaincu sur le fonds. Elle a qualifié le procès de « fondamentalement à courte vue, inutile et contre-productif». Un changement radical alors que jusqu’à présent la licorne fondée par Aravind Srinivas en 2022 cherchait plutôt à arrondir les angles.
Mais rien en revanche pour répondre aux accusations de copie du contenu à grande échelle soutenues par les groupes de médias !
A contrario, on apprenait vendredi la signature surprise d’un accord entre Meta et Reuters pour intégrer en temps réel son contenu d'actualité dans son chatbot IA, disponible aux États-Unis.
Ce partenariat rémunéré marque un virage pour Meta, qui avait réduit la voilure sur les actualités dans ses flux à cause de la régulation depuis 2020.
Les utilisateurs de la fonction de chatbot IA de Meta aux États-Unis auront désormais accès aux informations en temps réel de Reuters lorsqu'ils poseront des questions sur l'actualité.
Logique pour Meta de s'associer à une agence de presse mondiale pour son premier partenaire d'information en matière d'IA, compte tenu de la réputation non partisane de Reuters.
Recommandé par LinkedIn
Joli coup ! Mais n’oublions pas que les Big Tech sont sous pression pour s'assurer que leurs chatbots ne diffusent pas par inadvertance des informations erronées, en particulier à l'approche des élections.
Enfin, sur ce sujet des droits d’auteurs, au centre de toutes les récriminations et les tensions autour de l’IA, le monde de la culture est aussi monté au créneau cette semaine.
« L'utilisation sans licence d'œuvres créatives pour l'apprentissage de l'IA générative constitue une menace majeure et injuste pour les moyens de subsistance des personnes à l'origine de ces œuvres, et ne doit pas être autorisée ».
Des milliers d'auteurs, d'acteurs et de musiciens, dont Thom Yorke, Kevin Bacon et James Patterson, ont signé une déclaration d'une seule phrase dénonçant la pratique des entreprises technologiques qui utilisent sans autorisation les œuvres d'artistes pour entraîner des systèmes d'IA.
Mais il y a bien une start-up qui échappera à cette accusation avec son application alimentée par l'IA pour les lecteurs en ligne. Elle cite ses sources et est une grande aide pour se repérer dans l’océan de news.
Elle s’appelle Smashing App , et c’est le coup de flash de la semaine ! (vous noterez les similitudes avec le FlashTweet dans la DA !)
Sa fonction IA permet d'explorer divers points de vue sur les sujets traités et d’adapter les suggestions de contenu en fonction des préférences et du vote de la communauté.
Et les utilisateurs peuvent personnaliser leurs flux pour suivre leurs thèmes préférés.
Je fais partie des bêta-testeurs depuis cet été et je vous la recommande à 1000%. Vous pouvez me rejoindre sur Smashing pour qu’on améliore encore ce bijoux de tech au service de l’information. Hâte de vous y retrouver là-bas !
Enfin dernier débat de société et non des moindres ! Une IA peut-elle être tenue pour responsable du suicide d'un adolescent ?
Character.AI fait l'objet d'un procès après le suicide de Sewell Setzer III, 14 ans, qui avait développé un attachement émotionnel au robot d’application de jeu de rôle qui permet aux utilisateurs de créer leurs propres personnages IA ou de discuter avec des personnages créés par d'autres.
La mère d'un jeune garçon de 14 ans en Floride affirme qu'il était obsédé par un chatbot sur Character.AI avant sa mort, passant des heures avec le robot et s’isolant de ses amis et de l’école.
Remède contre la solitude ou nouvelle menace, les applications de compagnonnage basées sur l’IA sont en plein essor et sont largement non réglementées. Pour un abonnement modique de 10$ par mois, les utilisateurs de ces applications peuvent créer leurs propres compagnons IA.
Le problème c’est que pour certains utilisateurs, les compagnons IA peuvent en fait aggraver l’isolement, en remplaçant les relations humaines par des relations artificielles. Et quand ils traversent une crise de santé mentale, leurs compagnons IA peuvent ne pas être en mesure de leur apporter l’aide dont ils ont besoin.
Si ces applications ne sont pas intrinsèquement dangereuses, elles peuvent l’être pour les utilisateurs déprimés et pour les personnes qui traversent une période de changement. Ce drame soulève la nécessité d’avoir un cadre réglementaire et de protéger les populations vulnérables. Un procès à suivre qui devrait faire jurisprudence !
Enfin on termine Mes Flashs de la Semaine sur un note plus joyeuse avec un coup de flash sur la femme de la semaine Sharbani Sengupta. Et c’est une women in tech à soutenir.
Cette ingénieure née en Inde qui adore la France va lancer une marque de mode qui marie inclusion et tech. Avec Inavé, elle veut que les personnes en fauteuil roulant ou amputées puissent être à la mode et s’épanouir dans des vêtements faciles à enfiler grâce à la technologie. Mais aussi que tout le monde se retrouve autour de ce concept de garde-robe capsule, façon minimaliste.
Un peu de Quiet Tech dans un monde très fashion !
🧡 Voilà c'est fini ! J'espère que 𝕄𝕖𝕤 𝔽𝕝𝕒𝕤𝕙𝕤 𝕕𝕖 𝕝𝕒 𝕤𝕖𝕞𝕒𝕚𝕟𝕖 vous ont plu. Et je vous dis à la semaine prochaine 👋🏻
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Bon week-end à toutes et tous,
Emmanuelle
#IA #AI #GENERATIVEAI #IAGENERATIVE #INTELLIGENCEARTIFICIELLE #DISRUPTION #INNOVATION #WOMENINTECH #STARTUP #SPEAKER
Directrice générale chez ISOSKELE
2 moisChère Emmanuelle Leneuf , après avoir visionné l’excellent document du CeSIA qui viralise en ce moment (« l’horreur existentielle de l’usine à trombones »), je pense que notre futur of work se situera quelquepart entre Sarah Connor et devenir un réservoir d’atomes pour une super intelligence 🙃😎. A méditer….
Stratégie IA | Business Development | Assurance | Conférencier | Innovation | Producteur de podcast
2 moisLes agents IA vont représenter le deuxième étage de la fusée à condition que les fondations soient déjà bien installées dans les entreprise. À voir si la nouvelle fonctionnalité chez Anthropic va emporter l’adhésion des utilisateurs. À suivre
Transformation des organisations I Stratégie et planification I Innovation I Optimisation
2 moisMerci Emmanuelle, toujours aussi instructif et passionnant. Il va être grand temps d’adresser les débats de fond sur les impacts des agents IA (des IA tout court même) qui vont logiquement remplacer une partie des salariés, mais dont on peut vraisemblablement penser que cela ne coûtera pas moins cher aux entreprises… Mais au lieu d’alimenter notre modèle social (sur lequel il y a probablement bcp à dire et à revoir 😉), elle alimentera les licornes américaines… Tout un modèle de société à réinventer à mon sens, et c’est plutôt vertigineux.
Formatrice, Conseil et Enseignante en IA et marketing digital-AI enthusiast - CMO - Créatrice du podcast DigitalFeeling
2 moisToujours très intéressant Emmanuelle Leneuf ! Je suis passée à coté de pas d’actualités cette semaine. Celle avec Character. Ai et le suicide de cet adolescent me bouleverse particulièrement. Le danger des IA et de la santé mentale sont vraiment à prendre en considération pour être une priorité
Directeur Digital Learning I Innovation I Transformation Digitale I Formateur I IA
2 moisPersonnellement c'est vraiment le Futureofwork qui m'interpelle et m'inquiète un peu ... je pense que je vais me reconvertir en garde forestier ou patron de Zoo...