Infiltré chez les DRH

Depuis 15 ans, je travaille en entreprise. Depuis tout ce temps, les DRH représentent une menace lointaine. Avec mon dossier d'innovation managériale, j'ai décidé d'oser pousser la porte de leur bureau pour voir qui se cachait derrière.

Plus de 24 000 heures dans l'arène professionnelle et si je fais le compte, j'ai passé moins de 24h avec les DRH. Pendant toutes ces années, les ressources humaines représentent pour moi un ennemi lointain. Je les imagine en train de comploter pour obtenir plus des collaborateurs à leur insu. Les seules occasions où je les rencontre, c'est lors d'un recrutement, d'une demande d’augmentation ou bien quand j'ai un problème insoluble avec une personne de mon équipe. J'appréhende chaque rendez-vous avec eux. Ils incarnent la convocation dans le bureau du dirlo. J’ai tout simplement PEUR d'eux.

Depuis plusieurs mois, je me suis lancé dans un nouveau projet : faire le pont entre mes pratiques artistiques et le management. Cela veut dire quoi concrètement ? Utiliser l’improvisation théâtrale pour souder une équipe, transmettre les techniques des comédiens pour améliorer la prise de parole en public, ou encore apprendre à « pitcher » aux managers. En bref, développer les talents humains grâce aux pratiques créatives. Ma conviction : l'entreprise à besoin de se nourrir d'autres pratiques pour conserver ses collaborateurs et innover.

Dans un élan d'enthousiasme, je vais toquer à la porte de la Direction des Ressources Humaines. Tremblant, je rédige un mail, plein d'appréhension en me récitant des mantras pour me donner du courage. Miracle ! On me répond. Je les rencontre, et tout le monde m’écoute. Ils me proposent d’essayer mes méthodes sur leur propre comité de direction. Me voilà en train de discuter cordialement avec eux.

Arrive le moment où l'on doit passer à la pratique. Ils sont une dizaine et je commence par des exercices de mise en énergie empruntés au théâtre d'improvisation. Pour briser la glace c'est parfait ! Très vite, je me rends compte qu'ils jouent le jeu et qu'ils prennent plaisir à transposer le théâtre d'improvisation au quotidien du manager. Ils racontent des histoires, incarnent des personnages et apprécient les exercices. Clou du spectacle : ils sont drôles et la dynamique de groupe fonctionne. Après une matinée avec eux, je reste déjeuner. Au menu des discussions : les stéréotypes, l'innovation managériale et les bureaux "flex". Je me rends compte qu'ils prennent leurs missions à cœur, qu'ils acceptent des avis différents des leurs, qu'ils écoutent.

Heureux qui comme Ulysse à l'audace d'aller explorer des terres inconnues. Bon, j’avoue j’arrive toujours pas à me dire que Richard du contrôle de gestion, il est fun et qu'il aime son métier.

Changer de regard sur ses collègues, c'est possible avec l'atelier fédérer son équipe à travers le storytelling.