Interventions d’accompagnement individuel Travail avec les groupes et modèle de Palo - Alto
Ouverture
Ma manière de pratiquer #l’accompagnement #individuel est le résultat de plusieurs influences que j’ai reçues. Cet article précise, ce qui me vient plus directement du modèle de #Palo-Alto. Le fait que pendant 30 ans j’ai animé des groupes, accompagné les individus de ces groupes dans le dialogue qu’ils avaient avec eux même, sur la question de leur professionnalisme, est aussi une source d’influence. C’est pourquoi, j’en traite dans une première partie.
Le modèle de #Palo-Alto est un cadre d’intervention. Chaque accompagné est légitime à demander à l’accompagnateur quelle est sa théorie de l’action. Si celle-ci est floue ou imprécise, on se retrouve dans une discussion qui (au mieux) est celle du café du commerce, peu toxique et peu pertinente ; ou bien (au pire) c’est un interventionnisme non cadré, lui aussi peu pertinent, mais potentiellement toxique.
Une double formation à l’accompagnement individuel
C’est en 1990 que j’ai fait mes premiers pas dans l’exercice du métier de formateur. Trente années d’activité professionnelle dans cette fonction. Des années qui ont donné une marque à ma pratique de l’accompagnement individuel, que j’exerce aujourd’hui parallèlement à l’activité d’intervenant auprès des groupes.
J’ai suivi deux formations pour disposer de cadres d’intervention pour intervenir côte-à-côte ou face-à-face. Celle de l’Institut Gregory Bateson, en premier lieu, qui certifie à l’exercice selon le modèle de Palo-Alto. Celle d’Olivier Devillard, d’autre part, d’inspiration plus psychanalytique qui interroge la question de la performance (présentée dans un autre document). Je suis membre de l’association Paradoxes (Palo-Alto) et du réseau Kelvoa (Faciliter la mobilisation du pouvoir d’agir de chacun).
Ma conviction quant à la hiérarchie des attentes des accompagnées.
L’accompagnateur n’est pas là pour apporter une influence, comme le ferait un guide qui marche devant et sait vers quelle destination il va. Il est là pour accompagner un changement (dans une perception, ou dans la manière d’interagir) en étant un partenaire des réflexions et des négociations, que la personne accompagnée n’envisage pas d’avoir seule, et pour laquelle elle sollicite un accompagnement.
La formation d’adulte, telle qu’imaginée par les promoteurs de la loi qui a initié cet exercice en France, a d’emblée été posée comme une activité de groupe. Des individus réunis sous la supervision d’un formateur interrogent l’efficacité, l’efficience et la pertinence de leurs pratiques professionnelles. Le formateur est tour à tour facilitateur, producteur et régulateur. Et s’il régule bien, sa régulation se fait de plus en plus discrète, même s’il garde toujours la main sur ce rôle.
C’est une dernière main, un final cut tant il est vrai qu’il n’est pas interdit au groupe de s’auto-réguler. Cette pratique de l’animation m’a apporté un grand sens de la négociation collective. Un grand sens de la négociation tout court. C’est une ressource utile pour accompagner des personnes, lorsqu’elles sont dans une relation à deux, dans une autre expérience que celle du travail dans un groupe.
Efficacité, efficience, pertinence, une « tâche de fond » , une préoccupation permanente pour les accompagnateurs.
On lit souvent qu’un groupe est plus que la somme des parties. C’est devenu un lieu commun, un signe qu’on se transmet entre initiés pour marquer une connivence. Mais il est utile avec tout ce qui est convenu de repréciser de quoi il s’agit.
Comme le dit Pierre Henri Gouyon dans une conférence, l’hydrogène a des propriétés. L’oxygène a des propriétés. Une molécule d’eau c’est de l’hydrogène et de l’oxygène. Et elle a des propriétés très différentes des deux séparément. Et surtout, elle a des propriétés qui ne sont pas prévisibles par les propriétés de l’hydrogène et de l’oxygène. De l’eau ce n’est rien d’autre que H et O c’est vrai. De l’eau c’est bien plus que H et O, c’est vrai aussi. Dans la rencontre entre H et 0, il y a donc manifestation d’une qualité émergente.
Le travail au sein des groupes produit la même chose. Pour peu que le groupe soit animé de manière suffisamment non directive. Il y a des insights, des moments de révélation où deux propositions de formes, deux représentations, en font naître une troisième qui pour les deux interlocuteurs libère de l’énergie pour l’action. On peut appeler cela un effet de compréhension.
Le formateur tient successivement différents rôles.
- Le formateur peut être un instructeur. Il rend les stagiaires savants en leur transmettant la maitrise d’outils opérationnels.
- Dans une formation opérationnelle il est un éducateur. L’acception classique du mot formateur. Il donne la loi, mais aussi l’esprit de la loi, il accélère la maturation professionnelle.
- Il peut enfin être un intervenant qui travaille le rapport au savoir, le rapport au soi professionnel.
Le guide marche devant et montre ce qu’il faut faire, le bon geste. L’accompagnateur marche derrière et est attentif au cadre.
L’expérience de formateur, que j’ai eu la chance de réaliser préalablement à celle de l’accompagnement individuel, m’a apporté une fluidité dans les trois postures ci-dessus évoquées. Elle m’a appris à être aussi peu que possible un instructeur. Et c’est d’elle que me vient l’assurance dans la confiance qu’on peut apporter à la personne accompagnée.
Intervenir en cohérence avec les principes du modèle « Palo-Alto ».
Voici ci-après 4 points qui constituent une partie de la théorie de l’action mentionnée en introduction
- Promouvoir une logique d’action. S’il s’agit d’un problème dans un système relationnel (une équipe professionnelle, une famille) le consultant recherchera la personne qui est la plus motivée pour un changement, celle qui est prête à agir pour résoudre le problème. Lorsqu’une personne vient pour elle-même, il validera en permanence le fait que la personne est motivée pour résoudre le problème dont elle parle. La démarche commence donc par l’identification d’un problème. L’accompagnant au changement accompagne un changement, quand bien même celui-ci est immobile, c’est-à-dire consiste en un changement dans la perception qu’on a d’une situation.
Les praticiens du modèle de Palo-Alto considèrent et respectent qu’il y a un passé, que celui-ci peut être une expérience douloureuse : licenciement, expérience d’une période de harcèlement, ruptures, etc. La question est : que fait-on maintenant ? C’est pourquoi, on s’intéressera autant à l’avenir et aux actions, qu’au passé, étant entendu qu’un changement ne viendra pas tout seul. La philosophie générale du modèle est que la personne humaine garde quoi qu’il arrive une liberté d’action, une liberté sur ce qui peut advenir.
- Questionner abondamment. L’accompagnant ne pose pas de diagnostic, ne porte pas de jugement, ne prescrit pas de solution (s). Le modèle est non normatif.
En revanche il questionne pour obtenir des informations permettant à la personne de définir elle-même le problème qu’elle affronte et les solutions afférentes.
Cette approche tranche avec les nombreuses approches « expertes » qui s’appuient, par exemple, sur un diagnostic de personnalité. Celles-ci aboutissent souvent à un : « si je comprends bien, j’irais mieux, si j’avais un peu moins de ceci et un peu plus de cela. ». Et cela amène parfois la personne à trouver dans le diagnostic, dans les jugements ou les solutions de son interlocuteur, des arguments pour ne pas changer. Raison pour laquelle, l’application du modèle se fait en dehors de tout diagnostic.
- S’accorder sur le fait qu’il vaut mieux arrêter ce qui a déjà été tenté et qui ne marche pas. Une expression permet de s’approprier l’idée : « on ne résout pas un problème avec les modes de pensée qui l’ont engendré ».
Souvent nous sommes comme le quidam qui cherche ses clés sous le réverbère.
- « Est-ce ici que vous les avez perdus ? »
- « Non, mais ici il y a de la lumière ».
Dans une situation inconfortable nombreux sont ceux qui préfèrent qu’il y ait de l’action, plutôt que le seul inconfort de la sensation douloureuse et le sentiment d’inhibition Et cela, même si on a sous les yeux l’inefficacité totale du comportement déployé. En situation de stress et de danger, c’est heureux. Et rendons hommage à Laborit et son « éloge de la fuite ». Mais lorsqu’on dispose de temps pour réfléchir à une stratégie utile, évitons « ce qui a déjà été tenté et qui ne marche pas ».
- C’est cela un problème, selon le modèle de Palo-Alto, la répétition d’une solution infructueuse. Il appartient donc au consultant de veiller à ce que son interlocuteur cesse les tentatives inappropriées. Leur maintien limiterait les chances de voir émerger une solution pertinente.
- Travailler entre les rencontres. Aujourd’hui on le sait, l’apprentissage ne se fait pas exclusivement dans le temps de l’action. Il se réalise aussi la nuit. Le cerveau travaille alors à reclasser les informations auxquelles on a été exposé. De la même manière, le travail d’accompagnement ne se limite pas aux seules rencontres. C’est un sujet largement connu et popularisé par exemple par des accompagnants comme ceux du programme Weight Watcher. Ecrire ce que l’on mange, les envies qui nous prennent, les circonstances qui nous amène à consommer, aide les personnes à initier le changement qu’elles désirent réaliser.
C’est l’image du psychanalyste et de son patient qui amène à imaginer l’inverse, qui laisserait entendre que le travail se fait exclusivement en séance. Dans les pratiques selon le modèle de Palo-Alto, il est fréquent que soit demandé de réaliser des tâches d’observation, des exercices d’expérimentation.
Une version détaillée de la présentation du modèle de Palo-Alto est disponible sur le site de l’association Paradoxes : https://www.paradoxes.asso.fr/theorie/la-therapie-breve-systemique/. Nous souhaitons rappeler ici de manière résumée quelques principes.
Cynthia Fleury a publié plusieurs vidéos sur l’école de Palo-Alto dont :
Coach, Formateur et Thérapeute
4 ansMerci Denis pour cet article extrêmement clair et pertinent !