« Je t'écoute », « tu m'écoutes », « je t'entends me dire »…
Billet d'humeur du 22 mars 2017
« Je t'écoute », « tu m'écoutes », « je t'entends me dire »…
Ces mots simples sont parfois si difficiles à utiliser.
Pourquoi est-il si difficile d'écouter l'autre et de se concentrer sur ce qu'il essaie de nous apprendre ?
Hier, un échange rapide avec un interlocuteur montrait qu'il essayait de me convaincre de son sujet avec ses arguments ou plutôt les arguments qu'il pensait les meilleurs pour lui. Parler et parler encore lui semblait évident et occuper cet espace-temps et, d'une certaine façon, mon espace de relation était sa façon à lui de communiquer. Interrompre, dès lors qu'il avait laissé échapper la parole, était son meilleur argument pour le faible temps de parole qu'il laissait filer de temps en temps.
Interrompre ? C'est facile à faire. Pas besoin d'être un débatteur. Il suffit de s'accrocher à un mot entendu, de reprendre la parole, c'est fini. Et c'est aussi le meilleur moyen pour ne pas écouter les arguments de l'autre, bien sûr.
Parler sans écouter les autres est un moyen de se rassurer intérieurement, vous l'aurez compris. En fait, c'est un manque de confiance en soi, une blessure mal soignée qui ressurgit sans cesse et continuera de polluer celui qui en est victime, mais aussi tout son entourage !
Écouter les autres, reformuler en disant par exemple une formule comme « je t'entends me dire » montre une paix intérieure, une sérénité, d'une part, et, d'autre part, le pouvoir de s'intéresser à l'autre, à ce qu'il a perçu, à ce qu'il a ressenti, et ouvre à un dialogue riche où l'intelligence émotionnelle sera présente.
Qui aujourd'hui s'encombre de telles formules ?
Peu de personnes.
Nous considérons plus la parole en la mesurant à la seconde près, dans les débats par exemple, qu'à l'écoute.
En conclusion, « je t'écoute », « tu m'écoutes », « je t'entends me dire » sont des phrases et des postures magiques qui peuvent réellement changer le monde.
Philippe, c'est si vrai mais le constat général est plus accablant. Beaucoup s'accordent à débattre sur un mot plutôt que sur l'idée sous-jacente et les journalistes les premiers. Parler vite et beaucoup est effectivement une façon de remplir le vide parfois sidéral de certaines conversations et tout ça pour ne pas prendre le temps de toucher du doigt l'essentiel, je pense et je ressens et parfois dire je ne sais pas.