La double face de la charge mentale
La charge mentale se caractérise par le fait de penser et de chercher à tout gérer, tout organiser tout le temps et pour tout le monde. Au niveau du cerveau, cela se traduit par un ensemble permanent de sollicitations pour traiter les informations entrantes qui le mettent en ébullition.
Faire face à sa charge mentale via l'approche organisationnelle
Pour faire face à sa charge mentale, le premier réflexe est de rationaliser son organisation pour essayer de faire rentrer du 41 dans du 38 ou en tout cas d’optimiser la gestion de son temps en trouvant des outils permettant de le faire. Cette approche organisationnelle est incontestablement pertinente dans la mesure où elle permet d’apporter de la structure, de la lisibilité et de la visibilité dans notre façon de faire ou ranger les choses. Ainsi, l’effort demandé au cerveau devient moindre et ce dernier regagne un peu d’oxygène pour fonctionner.
Néanmoins, cette unique approche se révèle dans beaucoup de cas, insuffisante pour être vraiment résolutoire car les racines de la charge mentale sont ailleurs.
Dans l’image bien connue ci-dessus, dite image de Boring, deux visages sont présents : celui de la jeune et celui de la vieille femme. Au premier regard, chacun ne voit qu’un seul visage et statistiquement, c’est en général celui de la jeune qui est perçu. Voir le second demande une accommodation visuelle. Ainsi, derrière notre première perception en cache une seconde qui apparaît si on veut bien lui accorder le temps de le faire. Les 2 cohabitent au sein du même dessin et se complètent.
Il en est de même pour la charge mentale. Le visage organisationnel éminemment patent se conjugue avec celui de nos peurs et croyances qui pilotent notre comportement et notre agir. Ce sont elles qui nous amènent à tolérer un niveau de charge mentale parfois élevé au détriment de notre santé car c’est la façon que nous avons trouvé de répondre à nos croyances et de maintenir nos peurs à une intensité acceptable.
Moduler l'intensité de nos peurs
Violette est directrice dans une importante administration. Sa fonction l’amène à devoir répondre à des enjeux importants sur les politiques publiques traitées et à prendre des décisions stratégiques au quotidien tout en manageant une équipe. Elle est perfectionniste et a, de ce fait, à cœur de traiter à fond ses dossiers et de ne pas faire d’erreurs pour transmettre à sa hiérarchie des réponses de qualité. Elle se met une pression importante pour arriver à tout faire en temps et en heure et ne compte pas ses heures au détriment de sa vie personnelle. Le week-end, elle est très fatiguée et a besoin de récupérer.
Lorsque nous avons regardé ensemble sa situation, son organisation était globalement bien ajustée et ce n’est pas là que des marges importantes pouvaient être trouvées. Par contre, en discutant avec elle, elle a identifié un manque de confiance, un sentiment de ne pas être légitime et à la hauteur malgré ses nombreuses années d’expérience et ses résultats. De ce fait, elle se surinvestit dans son travail et cherche en tout contrôler en mettant notamment en place beaucoup de procédures pour baliser le chemin. En creusant davantage avec elle, elle a pu verbaliser que le mobile de son comportement était la peur d’être critiquée par l’autre et en particulier par sa hiérarchie. Cette peur principale ayant pu être nommée, nous avons trouvé ensemble des solutions concrètes pour moduler son intensité tout en gardant son rôle d’alerte et de vigilance afin de préserver la qualité du travail accompli. En expérimentant de façon progressive ces solutions, Violette a pu faire baisser sa charge mentale.
Nos peurs et nos croyances sont donc des générateurs de charge mentale. Elles visent principalement à nous apporter de la sécurité et des points d’appui pour être reconnus. Néanmoins, si nous n’y prenons pas garde, elles deviennent souvent des pilotes sous-marins qui prennent le contrôle de notre vie et nous amènent à exacerber nos comportements pour répondre. Le système positif d’alerte qu’elles portent intrinsèquement s’emballe et perd son cap. Il convient donc de le réguler pour maintenir sa fonction d’alerte au juste niveau. Développer une capacité à coopérer avec ses peurs et croyances est essentiel pour alléger sa charge mentale.
Pour aller plus loin
Pour approfondir le sujet je vous invite à ma prochaine conférence en ligne « coopérer avec ses peurs pour alléger sa charge mentale » - lundi 19 avril 2021 à 11h30
Anne BLANCHARD
CEO | Veterinarian and Executive MBA | Creative thinking and communication | Events | Training and transmission | Podcasts | Unlocking value by improving people’s routines
3 ansvotre article fait vraiment écho. La sur-organisation cache un gros besoin de contrôle face à des insécurités non-avouées ou sous-jacentes...