La finance Participative (FP) & Les Investissements Socialement Résponsables (ISR) : Quelle relation ?
La finance participative aujourd’hui est devenue une vraie finance qui continue à se développer et à se propager jour après jour. Avec des taux de croissance satisfaisant, en deux chiffres publiés chaque année. Cette finance constituera une nouvelle source de financement pour les investisseurs et une alternative à la finance conventionnelle. Elle est considérée comme un acteur du développement durable par excellence. Elle est amenée à jouer un rôle social important. Elle ne fait pas de prêt avec intérêt, si elle prête ce sera sans intérêt (Qard hasan) qui peut être utilisé pour financer des projets dans le domaine social, économique, éducatif ou religieux. Comme par hasard, les Investissements Socialement Responsables (ISR) s’inscrivent aussi dans le même cadre et partagent les mêmes objectifs. Cela nous amène à poser une question majeure : Quelles sont les points de convergences et de divergences entre la Finance Participative et l’ISR ? Et à quel point on peut dire que l’un fait partie de l’autre ?
D’une part, la finance participative est fondée sur des principes de base d’interdiction, on distingue : les prêts à intérêts, la vente des dettes, la vente des biens qu’on ne possède pas, la titrisation des contrats de crédit, aussi elle n’autorise aucune mobilisation de fonds que si elle est assise sur des actifs réels. Pour respecter ces principes, les partenaires s’engagent de rester dans le cadre de la conformité à ces normes à travers des contrats dits : Mousharaka, Moudaraba, Mourabaha, Ijara, istisna’a…etc.
D’autre part, les investissements socialement responsables (ISR) intègrent en plus des critères financiers présentés par la finance participative, des préoccupations sociales, éthiques ou environnementales dans le choix de ses placements. Le but des ISR est de concilier la performance financière et la performance extra-financière portant sur le respect de certaines exigences appelées ESG : Environnemental, Sociale et de Gouvernance.
En fait, les ISR intègrent, dans la décision de l’investissement, d’autres critères autres que la rentabilité et le risque. Selon ces critères, l’investissement doit prendre en considération les critères de l’analyse extra-financière, à savoir : Environnemental, Sociale et de Gouvernance (ESG). Donc, on peut dire, que l’ISR est donc une application des principes de développement durable à l’investissement. C’est une approche qui consiste à prendre en considération les trois dimensions dits ESG en sus des critères financiers usuels.
La finance participative et l’ISR ont des points de convergences comme ils ont des points de divergences. Cette distinction se manifeste au niveau de plusieurs niveaux, à savoir : La religion, la finalité, exclusion normative, exclusion sectorielle, exclusion positive et la purification des revenus (Les différentes formes des ISR).
La Finance participative s’appuie sur la Charia qui, à son tour, s’appuie sur le Coran, Sunna, Ijtihad et Al Qiyass, Alors que les ISR trouvent leurs origines dans des approches motivées par les religieux chrétiens. Cela n’est qu’un point de divergence au niveau de la religion, alors qu’il y a d’autres points au niveau des autres niveaux qui constituent les différentes formes des ISR.
En guise de conclusion, le système financier participative est fondé sur des principes éthiques et religieux qui ont pour objectif le soutien d’une certaine prospérité économique et sociale, créer une activité économique réelle, prévenir l’injustice dans les échanges commerciaux et de promouvoir une certaine équité sociale entre les Hommes. Cette finalité ou objectifs rejoignent ceux de l’ISR à savoir le développement durable dans ses piliers économiques, Sociaux mais aussi environnementales. Cette simple analyse, des principes de la Finance participative et l’ISR, nous conduit à mettre en évidence les différentes ressemblances entre la finance participative et l’ISR et qui peuvent être étudiées sur deux niveaux d’analyse : Financier et Extra-financier. En somme, on peut dire que la finance participative fait partie des finances éthiques et de l’ISR.
M. Soufiane BOUHADI
Lauréat du Master BANQUE, ASSURANCE ET FINANCE PARTICIPATIVE.