La formation de l'Architecte est elle en phase avec la réalité?
J'ai tardé à écrire sur ce sujet... Celui des difficultés, à pouvoir assumer les responsabilités, dont doit faire face un architecte au XXIe siècle! A une époque où tout le monde ne joue plus le rôle d'être responsable de ses actes.
Certainement que j'avais besoin de confirmer mes intuitions avant de lâcher ces phrases lourdes de sens que nous entendons trop souvent dans d'autres secteurs : l'éducation nationale, la santé, l'orientation et l'emploi, la sécurité intérieure, etc.
Vous savez ces slogans véhiculés par les enseignants, les infirmiers, les conseillers d'orientation, les policiers, les pompiers, tous ces gens qui sont devenus indispensables au bon fonctionnement de notre société mais qui ne sont plus écoutés par les décideurs politiques.
Ils crient souvent dans la rue lors de manifestations les mêmes slogans :
"Pas assez de budget", "Besoin de plus de considérations", "Untel à la poubelle" en parlant d'un homme politique dont les dernières mesures portées alourdissent encore la tâche face à la réalité des besoins et du quotidien.
J'ai exercé mon métier durant une décennie complète et je me suis rendu compte que je serai plus utile soit du côté de la maitrise d'ouvrage pour permettre à mes confrères et consoeurs d'avoir un cadre dont je n'ai pas pu profiter, soit en lobbyiste, en défenseur, en promoteur de mon métier.
"Quand on est dans la marmite, on trouve qu'il fait chaud! Et c'est qu'une fois qu'on est dans l'assiette, qu'on comprend qu'en réalité on nous faisait mijoter."
Rien n'est vraiment intentionnel dans cette situation devenue impossible du statut de l'architecte. C'est juste des inégalités territoriales et une succession de crises non visibles qui ont terriblement détériorer l'exercice de la profession jusqu'à le rendre trop difficile, voir impossible.
Mais les architectes sont en train de "mijoter", de "cuire" et ils vont être mangés tout cuit. La profession, si on ne réagit pas rapidement tend à disparaître dans son exercice le plus noble : celui de servir le bien commun.
Alors que cette profession répond justement bien au besoin des enjeux de durabilité et de transitions écologiques que nous vivons aujourd'hui.
Vous avez dû voir ou remarquer l'illustration choisie pour cet article, celui du dispositif du dos d'âne. Le dos d'âne, c'est le degré zéro de la politique de la ville, c'est la bêtise contre la bêtise!
"En architecture, la politique du dos d'âne ne marche pas."
Elle ne marche pas d'ailleurs même pour les chauffards, c'est un pis-aller. L'architecture n'est justement pas une succession de pis-aller, c'est une structure profonde qui doit répondre aux enjeux sociologiques, territoriales, esthétiques de notre temps.
Alors, je vous propose de commencer par le début : la formation de l'architecte en France.
J'ai débuté mes études d'architecture en 2 000, je n'avais aucun idée préconçue sur l'Architecture, juste la volonté d'améliorer le quotidien des gens, de faire plus simple, d'évacuer les irritants et les nuisances (le bruit, la pollution, les bouchons, les critiques qu'on entend parfois sur les concepteurs).
D'ailleurs, avec du recul je me rends compte que dans le rôle de l'architecte, j'englobais l'urbaniste et le politique. Dans les faits, l'architecte est devenu un petit maillon qui n'a au fond que peu de marge de décision et de manœuvre...
On ne sort pas indemne de 6 années d'études. On y apprend tout sauf à faire simple. C'est un peu comme sortir de la Matrice, on découvre un monde qu'on ne soupçonnait pas. Un monde que vous ne pouvez pas comprendre sans y être initié.
L'Architecture est considéré comme le premier Art, il est présent depuis la préhistoire. Avec plus de recul, j'aurai peut être dû choisir le Cinéma, ce septième art si jeune car récemment inventé... Mais que voulez-vous, je suis né dans une ville qui prône le design comme renouveau et non loin d'un site majeur de la modernité : Le site Le Corbusier de Firminy-Vert.
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Bref, je vais aller à l'essentiel en tentant de résumer l'ensemble des points qui ne permettent plus aux Architectes de maintenir l'Architecture comme un Art.
Très schématiquement, c'est devenu complexe de faire de la poésie en composant avec des fenêtres, des portes, des murs, des couches et des contraintes, des milliers de contraintes : des contraintes de budget, de main d'oeuvre, de rapports humains, d'embauches, de rénovation, d'équipes pluridisciplinaires, de lois, de règles, de nouvelles responsabilités supplémentaires un peu chaque chaque jour...
L'histoire commence mal dés notre formation. Voici en bullet point un ensemble d'aberrations à reformer :
C'est un sujet que j'ai abordé très souvent avec des confrères/consoeurs. Par exemple, la méthode du projet exprimé par la représentation 2D, 3D et en illustrations est un concept que l'on acquiert lors de nos 5 années d'études mais qui pourrait être transmise en accéléré en quelques mois.
A ce sujet, des double cursus sont désormais proposés, ce qui n'était pas le cas à mon époque et qui traduisait déjà d'un manque...
C'est en expliquant notre cursus et ses modalités que je m'aperçois de la folie des gens qui ont pondu ce système.
Tout le monde ne veut pas devenir Architecte ou Chef d'agence, alors on teste et on se trouve lorsque l'on rentre dans la vie active. Alors que bien souvent, certains étudiants savaient déjà qu'ils n'avaient pas forcement les épaules pour devenir architecte. Certains se contentent très bien d'être un excellent dessinateur ou architecte projeteur ou perspectiviste.
Pourquoi nos écoles d'architecture ne répondent pas dés la formation à leurs demandes?
"Il manque actuellement une vision globale et un cheminement réfléchi entre la sensibilisation dans les écoles primaires et les collèges, l'orientation dans les lycées, la formation dans les écoles d'architecture, l'exercice du métier et la place de l'architecte dans la société."
Je n'ai abordé dans cet article que la formation. J'aborderai les freins à l'exercice de notre profession dans un second article.
Mon objectif est d'échanger, de débattre afin de présenter une mouture satisfaisante de mesures urgentes à présenter à notre ministre de la culture.