La pédagogie ou l'art de tisser des liens (4/7)
2. Partager le dispositif pédagogique
Posons ici que la pédagogie est constituée de tout ce qui permet de créer les conditions pour qu’un apprentissage puisse avoir lieu. Sans entrer dans chacun des éléments nous y incluons les moyens (modèle pédagogique, démarche pédagogique, méthodes et techniques pédagogiques, les outils et les ressources, les modalités et les processus pédagogiques) mais aussi les fondements théoriques, la professionnalité de l’intervenant et son code professionnel mis en œuvre par le pédagogue (qui choisit ou non de mobiliser les moyens, la manière et le moment de les mobiliser) en vue de faire atteindre les objectifs contractualisés.
Si la pédagogie s’appuie sur des théories de l’apprentissage et des principes moteurs, la pensée pédagogique s’incarne dans la mise en œuvre. S’il est nécessaire de penser les fondamentaux pédagogiques, c’est dans une démarche et des processus pédagogiques que la pédagogie se déploie et s’exprime : elle s’incarne dans l’acte pédagogique.
Le cadre pédagogique porte les marques de la mise en œuvre des partis pris pédagogiques du formateur, il repose et s’articule sur trois pôles (Houssaye, 1988) : l’adulte apprenant, les savoirs utiles pour acquérir des compétences, le formateur pour mobiliser les savoirs pédagogiques. Dans le fonctionnement que nous proposons, l’apprenant est le centre de toute l’attention du pédagogue. Un commentaire : le formateur tient directement et ensemble deux relations, l’une pédagogique est directement visible pour l’apprenant, l’autre didactique est peu lisible ; la troisième (savoir-apprenant) dépend pour l’essentiel de l’apprenant, pour que l’apprenant soit actif dans ses apprentissages, le pédagogue œuvre pour qu’elle se déclenche.
En effet, nous partageons avec Joseph Jacotot (1835) que personne n’apprend à la place d’une autre, que la personne porte son processus de transformation dans un processus d’apprentissage qui lui appartient, nous pensons que le formateur, dans une posture de partage avec les apprenants, doit poser le cadre pédagogique et les conditions de réalisation pour que le processus de transformation, dans les contraintes des cahiers des charges des commanditaires et financeurs de la formation (référentiel, certification, modalités) puisse advenir.
Ainsi, le formateur expert dans son métier, apporte son expérience (pour sécuriser les mises en situation professionnelles), conduit son action, œuvre pour articuler l’ensemble des liens et accompagner les apprentissages des personnes. Pour le processus de transformation puisse s’accomplir, et soit progressivement conscientisé, le formateur explicite le cadre pédagogique en éclairant le champ des contraintes et en les partageant avec l’adulte en formation (l’apprenant) dans une relation paritaire, nous dit Denoyel en 2012[1].
La pédagogie agit alors comme un dispositif dans une intermédiation entre une situation et un sujet, nous reprenons à notre compte la proposition du CNRTL[2], selon lequel un dispositif est constitué des « Moyens mis en œuvre en vue d’assurer une intervention».
Nous affirmons que pour accompagner les étapes de « trans-formation » des adultes en formation, seule une pédagogie au service du développement de la personne, du sujet, du citoyen, dans un « entre », une médiation entre le sujet et le social, une pédagogie du côté du sujet orientée vers une place sociale, permet de répondre à ce défi.
Nous proposons de nous appuyer sur des pratiques pédagogiques, que nous avons rencontrées chez des formateurs à l’AFPA au cours de notre expérience professionnelle et vécues au cours d’une récente formation professionnelle, pour proposer une démarche pédagogique efficiente et visant à assurer le développement durable des compétences et orienté vers l’avenir.
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[1] De l'accompagnement en formation à l’émancipation de l’individu apprenant, Colloque CREAD, 23 mai 2012,
[2] Centre national des Ressources Textuelles et Lexicales (CNRS)