4/7 - L'étayage scientifique d'une intuition pédagogique, le cas de l'AFPA. L’impact du numérique sur notre modèle et nos pratiques pédagogiques
Le numérique, compétence-clé indispensable à maîtriser au XXIe siècle, permet à chacun d’interconnecter son environnement professionnel et personnel. Toute formation doit permettre aux personnes en formation de faire l’expérience de se former à distance. La modalité de formation distancielle est à vivre dans une expérience concrète pour permettre à ce que l’acte d’apprendre puisse se poursuivre au-delà de la formation formelle, mettre en place la compétence à accéder aux savoirs, à donner vie au concept d’apprenance (Carré, 2005), dans un environnement numérique et développer en autonomie ses apprentissages dans un mouvement d’auto-, éco- et co-formation (Pineau, 1989).
L’intégration de ressources numériques (simulateur, serious games) et surtout la mise en œuvre de modalités distancielles en utilisant les apports du numériques ont été expérimentées sur différents dispositifs de formation et démontrent la souplesse de notre démarche pédagogique.
En effet, du point de vue de la pratique pédagogique du formateur, après un temps d’appropriation, nous constatons que le numérique permet de renforcer davantage le lien et de la présence à l’autre et de développer la relation pédagogique. Philippe Revy explique « en réglant des paramètres de départ, par bienveillance, l’environnement numérique permet de recommencer plusieurs fois et autant que nécessaire » donc de s’adapter aux besoins et aux rythmes de chacun. Davantage centré sur la personne, le formateur, faciliteur et médiateur, porte son attention au développement des personnes, il pose et tient le cadre pédagogique, articule les modalités (présentiel, distantiel), les temps d’apprentissage encadrés/tutorés (collectifs et individuels) et intègre les temps d’auto-formation.
Nous pouvons affirmer que le numérique est au service de la pédagogie et en facilite la mise en œuvre sans créer de renversement pédagogique. L’AFPA a entamé une révolution pédagogique dès 1989. Cette nouvelle démarche pédagogique est formalisée, dans un premier temps par un Colloque qui a donné lieu à une double publication (Jobert, 1989) (Courtois & Pineau 1991). Expérimentée, la démarche est déployée à l’interne, dans la collection « Carrée » (1992-1994).
Le chantier de 2014 a permis de faire l’état des lieux des modalités, méthodes et techniques pédagogiques en vue d’actualiser les fondamentaux des principes pédagogiques à l’ère du numérique. Un constat, si dès 2000, le collectif « Chasseneuil »[1], auquel l’AFPA a participé, a posé les essentiels de l’accompagnement pédagogique et organisationnel, la pratique de la formation à distance, est loin d’être aujourd’hui généralisée « la modalité du présentiel est la plus fréquente».
Or, le nouvel environnement juridique[2] va impulser une demande accrue de formations multimodales. Dans un marché concurrentiel dynamique, Les grands commanditaires publics et les entreprises formulent dans leurs cahiers des charges l’exigence d’actions de formations courtes, alternatives comportant une part de formation distancielle. Le numérique est au cœur des demandes et de l’offre du marché de la formation. La demande émane également des individus et constitue un enjeu stratégique pour l’AFPA.
Au-delà des conditions matérielles nécessaires à mettre en place et de la nécessaire maîtrise des outils par les formateurs, cette demande impacte fortement le métier de formateur. La formation à distance renforce le rôle et la posture d’accompagnement dans les organisations pédagogiques multimodales et transforme inéluctablement la place du formateur dans le dispositif, redéfinissant le contour d’une nouvelle identité professionnelle.
A suivre
[1] Conférence http://www.centre-inffo.fr/IMG/pdf/chasseneuil.pdf
[2] Publication du décret d’application relatif à la FOAD 22/08/2014, complétant la circulaire DGEFP 2001