Le faux prince charmant ou le tyran manipulateur
LE FAUX PRINCE CHARMANT, OU LE TYRAN MANIPULATEUR
(article publié par Céline Valentin Coaching - Facebook)
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1/ DES DÉBUTS IDYLLIQUES :
L’histoire commence souvent comme un conte de fées.
Il est élégant et très séduisant.
Solide et calme, il prône des valeurs morales fortes.
Elle est spontanée, sincère, sensible, et elle est impressionnée par cet “édifice humain”, si sûr de lui.
Elle est convaincue d’avoir rencontré l’homme de sa vie : celui qui va la protéger, et combler ses désirs les plus profonds.
Serviable et élégant, il lui dit qu’elle est celle qu’il attendait : à ses yeux, elle a toutes les qualités !
Elle est éblouie : le Prince Charmant existe !
Or, peu à peu, le conte de fées se voile d’un halo gris : alors qu’elle nage en plein Bonheur, il devient sombre, et semble de moins en moins satisfait.
S’il ne la désigne pas directement comme coupable, elle se sent implicitement mise en cause.
Puis, il commence à la déstabiliser : ce qu’il exprime la concernant est contradictoire.
Il ne semble plus être véritablement heureux avec elle.
Elle commence à se sentir en précarité affective.
Rapidement, le Prince manifeste de l’agacement lorsque sa Princesse exprime ses propres besoins, un désaccord, ou ne l’approuve pas inconditionnellement.
Il est d’une grande susceptibilité, et ne supporte aucune critique, aucune remarque, aucun refus de sa part.
S’il y a des témoins, il continue à montrer un visage affable, mais en réalité, il rumine pendant des jours.
Il impose sa ligne de conduite, et des rituels auxquels la Princesse doit se plier.
Les limites que s’imposent les autres, ne s’appliquent pas à lui : il érige sa propre loi.
Souvent, les règles du Prince changent d’un jour à l’autre : la Princesse essaie de démêler ses instructions et propos contradictoires… mais elle est de plus en plus confuse, et ne parvient plus à savoir ce qu’elle doit faire, ni penser.
Elle hésite, et se « trompe ».
Ce qui donne l’occasion au Souverain de lui faire des reproches.
C’est un maniaque des détails insignifiants.
Tout doit être “parfait” dans tous les domaines, et rien ne l’est jamais suffisamment.
Il est rarement positif et optimiste.
Elle n’ose plus prendre aucune initiative sans le consulter.
Elle se sent de plus en plus … idiote.
Elle est à la fois éblouie et sous pression : elle est persuadée ne pas avoir droit à l’erreur.
Elle pense avoir une chance inouïe d’avoir été “élue” par un homme si “parfait”.
Elle doit “mériter sa place”.
Elle craint constamment de le contrarier, et de lui déplaire, et se sent stressée en permanence.
Petit à petit, les besoins de la Princesse deviennent ceux de son Prince.
Elle ne revendique, ni ne réclame, plus rien pour elle-même.
Les décisions qui concernent le couple sont prises de manière unilatérale.
Le Prince est “au dessus”, et la vie de sa Favorite doit tourner autour de lui, de son emploi du temps, et de ses décisions.
Le Maître ne fait plaisir à sa Princesse, que lorsqu’il en prend l’initiative seul.
Comme une petite fille bien élevée, qui ne réclame pas, elle est implicitement priée d'attendre sagement, son bon vouloir.
Elle ne doit ni lui donner de conseils, ni tenter d’infléchir sa position : il prendrait volontairement le contre-pied, afin de lui montrer «qui» commande, voire, il la punirait pour son audace.
Le Prince doit tout contrôler.
Lorsqu’il consent à un effort pour elle, il attend qu’elle en soit reconnaissante.
Le Prince peut être très généreux, mais rien n’est vraiment gratuit : ce n’est que tant que sa Dulcinée l’approuve, l’admire, et lui OBÉIT, qu’il se sent amoureux, et qu’il la traite… comme une Princesse.
Il prétend détester les conflits, mais il provoque des réactions, qu’il lui reproche ensuite.
Il exerce volontairement des comportements qui la blessent, afin de la « dresser » à les accepter.
Il prétend aimer ce qu’elle est, mais il la reprend souvent sur ses choix, ses opinions, et il s’agace si elle est trop libre.
Il aime l’idée d’être avec une femme intelligente et affirmée, parce que cela flatte son ego … mais il ne le supporte pas.
Lorsqu’il prétend vouloir que sa Princesse s’épanouisse professionnellement, il manœuvre cependant, pour qu’elle ne prenne pas trop d’indépendance : la réussite de celle qu’il considère comme une « possession », doit rester sous son contrôle.
Comme un satellite, la vie de l’élue tourne autour de l’Astre qu’il est.
Dans sa vie sociale, ceux qui l’approuvent et lui renvoient une image valorisante, font partie de sa “cour”.
Le Prince (qui se révèle être plutôt un Petit Tyran) est généreux, sympathique et chaleureux avec ses “bons” sujets : ceux qui flattent son ego, et le voient, tel qu’il veut être vu.
Les autres sont tenus à l’écart.
Avec certains, il peut être blessant et hautain.
Sa posture arrogante, et son ton doctoral, intimident.
Si on le contredit, il devient cassant.
Sous un masque d’humilité feinte, il se pose en exemple, et en référent du Bien, du Mal et de la Vérité.
Il est l’homme de toutes les situations, drapé tel un héros dans sa cape d’infaillibilité.
Il n’a jamais tort.
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2/ LA CHUTE :
Lentement et insidieusement, celle qui était vivante et spontanée au départ, perd son libre arbitre, et sa joie de vivre.
Infantilisée, elle finit par craindre en permanence de «mal» faire.
Elle sait, désormais, qu’elle n’a pas d’autre choix que d’approuver inconditionnellement son «seigneur», si elle ne veut pas subir ses représailles.
En effet, lorsqu’elle formule un désaccord, ou pire, s’oppose à lui, il la punit.
Les punitions sont très insidieuses, mais cruelles : il rompt la communication, reste silencieux, boude, disparait, la culpabilise, ou la menace.
Le Prince Tyrannique ne manque jamais d’idées, lorsqu’il s’agit de “faire payer” à sa Princesse (devenue sa Chose), une mise en cause de son autorité.
Il sait d’instinct appuyer là où elle est vulnérable.
Il sait comment activer ses peurs.
S’il reste toujours très calme et maître de lui-même, elle, en revanche, est submergée par ses émotions, et perd le contrôle.
Il lui reproche alors de ne pas savoir garder son calme, et « d’avoir un problème ».
Il n’est jamais responsable de rien, et il excelle dans l’art de retourner les situations à son avantage.
Lorsqu’il se comporte mal … c’est toujours elle, ou les autres, qui ont tort.
Elle ne se fait plus du tout confiance, et ne parvient plus à réfléchir avec clairvoyance.
La Princesse, ressent confusément que son Prince n’est pas touché par sa souffrance, mais qu’au contraire, il semble se nourrir de toutes les émotions qu’elle exprime.
Il souffle le chaud et le froid : il lui manifeste son attachement, la couvre d’attentions et de compliments, un jour… mais l’ignore, la traite comme une quantité négligeable, et la critique, le lendemain.
Elle vit sur des montagnes russes.
Si des enfants naissent de cette funeste union, le Petit Dictateur joue au père exemplaire.
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Sa progéniture doit être le reflet de sa propre perfection, aussi, il tente de la modeler à son image.
Si ses enfants ne sont pas « conformes » à ses attentes, ils sont dénigrés, et dressés.
Et leur mère est culpabilisée de ne pas savoir les élever «correctement»…
Après quelques années de ce traitement terrible, la Princesse est si bien conditionnée, qu’elle n’existe plus par elle-même : la lutte contre un robot dénué d’affects, est trop éprouvante.
Elle a littéralement été écrasée par un rouleau compresseur, et elle n’essaie même plus de faire entendre sa voix.
Elle obéit désormais au doigt et à l’œil, pour avoir la paix : elle est un pantin, dont il tire les ficelles.
Elle est si bien domestiquée, que son marionnettiste est parvenu à la rendre reconnaissante lorsqu’il est “gentil” : elle est comme un caniche qui remue la queue, lorsqu’il reçoit une récompense.
Devenue l’ombre du Maître, et l’ombre d’elle-même, elle se sent vidée, et elle est éteinte.
Elle sourit encore en public, mais son regard la trahit.
Elle ne respire un peu … que lorsqu’il est absent.
La femme lumineuse qu'elle était, n'existe plus.
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3/ LA TRISTE RÉALITÉ :
Ce conte de fées, qui vire au cauchemar, illustre la lente descente aux enfers, d’une femme tombée entre les griffes d’un MANIPULATEUR PATHOLOGIQUE.
Les manipulateurs sont des personnalités narcissiques, dont le niveau de toxicité peur varier.
Cependant, tout manipulateur est EXTRÊMEMENT difficile à vivre pour son entourage proche, et le manipulateur dont la structure est perverse (le pervers narcissique, qui jouit de faire mal, se nourrit de la souffrance, et de la soumission de sa proie…) est le plus dangereux.
Il est, évidemment, souvent difficile pour une victime, d’admettre avoir été, avec un tel partenaire (H/F), parfois pendant des décennies …
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4/ CE QUI SE JOUE :
La proie d’un manipulateur pathologique ne tombe pas dans ce piège relationnel, « par hasard » :
—> elle a de nombreuses qualités, dont il ne dispose pas, et qu’il va tenter de s’approprier, afin de les détruire.
On parle de « vampire affectif ».
—> elle a aussi des failles, qui permettent au Prédateur (h/f), de planter ses griffes.
La culpabilité de la proie est stimulée pendant des années, et elle est en proie à un doute épuisant : elle se demande si ce qu’elle subit n’est pas « de sa faute ».
La victime est si bien conditionnée à « donner le change » et à faire « bonne figure » (et le manipulateur pathologique est si doué pour entretenir son image de personne « irréprochable »…), que l’entourage ne voit rien.
Lorsqu’elle prend conscience de la destructivité de son Prince Charmant (en réalité un crapaud tyrannique), elle est, en général, très affaiblie psychiquement, et dans un état de grande confusion.
Elle met longtemps à reconnaître qu’il s’agit de VIOLENCE PSYCHOLOGIQUE, et l’absence de brutalités physiques, l’enferme dans la non reconnaissance de son statut de victime.
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5/ LA RUPTURE :
Ce n’est que lorsqu’une proie se rebelle avec virulence, que les désaccords sont visibles de l’extérieur.
Le PN inverse/retourne* alors la situation, et enfile, vis à vis des autres, le masque de la victime d’un/une partenaire “fragile”, “folle”, ou « défaillante »( les options sont nombreuses…).
(*pervertere : retourner en latin )
Au moment de la rupture, lorsque c’est lui qui part, le manipulateur pathologique manœuvre pour garder une bonne image : il joue au «grand seigneur».
En revanche, si c’est lui qui est quitté, il/elle s’acharne à huis-clos sur celui/celle qui a osé mettre à mal sa toute-puissance.
Sa destructivité atteint alors son apogée, et n’a plus rien d’insidieux.
Capable d’exercer une séduction extrême, il retrouve toujours, rapidement, une nouvelle Proie, plus stimulante… ou plus docile.
Or, à court terme, et quelque soit la personnalité de le/la nouvelle «élue», l’insatisfaction chronique du manipulateur pathologique reprend le dessus.
Et le processus recommence.
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CONCLUSION :
Il est très difficile de comprendre sans avoir vécu l’expérience :
-l’état de sidération de la victime,
-sa dépendance, liée à un véritable empoisonnement psychique,
-sa fatigue incommensurable, liée à la vampirisation constante de son énergie,
-ses doutes et sa confusion,
-sa frustration de ne pas parvenir à exprimer, clairement, ses ressentis, à un entourage perplexe.
Cependant, n’oublions pas que la proie du manipulateur n'est pas choisie par hasard : elle dispose, le plus souvent, d’une très grande richesse intérieure, et est donc dotée, d’une grande capacité de résilience.
Son énergie vitale, qui a parfois été vampirisée pendant des décennies, peut donc être restaurée.
Aussi, avec un soutien, et un accompagnement appropriés, il est possible :
-d’échapper à ce piège relationnel,
-de s’extraire de cette prison psychique,
-de ressortir plus fort(e) d’une telle expérience.
En se reconnectant à des projets positifs, et en se fixant des objectifs agréables, et faciles à atteindre, l’envie et l’entrain peuvent être retrouvés.
Lorsqu’on prend vraiment la peine de faire le travail nécessaire pour comprendre ce qui s’est joué, et se reconstruire, il y a un « avant » et un « après » une expérience avec un manipulateur pathologique.
Le chemin pour retrouver sa liberté intérieure est, certes, long, et semé d’embûches parfois, mais il permet à la plupart de ces victimes blessées, d’apprendre énormément sur elle-mêmes, et à mieux s’aimer, et se respecter.
Lentement et progressivement, celles et ceux qui s’attellent avec volonté et courage à cette tâche ardue, retrouvent leur joie de vivre.
Le goût de la Sérénité, de la Paix, et de la Liberté, apparait alors, non seulement infiniment plus délicieux qu’auparavant, mais il n’est plus jamais envisageable d’en être privé.
Synopsis du Film "A la folie" :
Anna poignarde son conjoint Damien.
L’acte semble inexplicable … et pourtant.
Dans ce téléfilm, très bien réalisé, nous plongeons dans la descente aux enfers (assez rapide) d’une jeune femme, face à un pervers narcissique.
Dès la rencontre, les spectateurs avertis peuvent constater que « quelque chose cloche ».
Lorsqu’on connaît les mécanismes, la communication paradoxale apparaît évidente.
Damien est flamboyant, et il déploie tous ses talents d’acteur, afin d’incarner un personnage parfait.
Il ne cesse de revendiquer son amour, et ses bonnes intentions, à l’égard d’Anna; or, il la dénigre et la rabaisse, constamment et insidieusement, dans tous les domaines.
Il souffle le chaud et le froid.
Anna subit ces montagnes russes émotionnelles, sans comprendre ce qui se joue.
Sa santé mentale se dégrade.
Son attitude change.
Son entourage ne la reconnaît plus.
Elle n’est plus elle-même.
Constamment poussée à bout, elle bascule.
C’est l’histoire d’un prédateur, caché sous le costume d’un prince charmant, et d’une proie, sensible et pleine de vie.
Avocat associé - Attorney at Law - Rechtanswalt chez Cabinet REITER | Avocats | Droit des Affaires
1 ansC'est tout à fait cela ! Hélas !
Éducatrice spécialisée
2 ansTriste réalité…:(
Soutien à la parentalité pour les parents en instance de séparation-solos/ En reconversion professionnelle
2 ansLa première fois que j'ai lu un témoignage dans mon groupe Expats nanas séparées divorcées, je me suis dit " c'est un cas isolé, lui cochait aussi les cases PN"....sauf qu'il m'a fallu quelques temps d'acceptation pour réaliser que de nombreuses femmes étaient avec ce type d'homme...même schéma et certains hommes intouchables.... La violence psychologique est très difficile a prouver. Il n'y a bien souvent qu'à accepter que l'autre lache sa proie...pour en trouver une autre et comprendre les mécanismes et l'origine pour ne pas reproduire le même schéma avec un nouveau partenaire, afin de sortir du triangle de Karpman.
Fondatrice et Présidente | Améliorer les droits des familles victimes de féminicides
2 ansAbsolument essentiel et à voir !