Le Français dit le Monde
Macron a fait hier sa déclaration d’amour à la langue française. Voici la mienne.
J’ai appris le français par hasard et par défaut.
Né à Moscou, dans une famille de militaires, en pleine époque de Khrouchtchev, je rêvais d’être président des Etats-Unis et donc parler anglais, plus exactement américain. C’est ma mère, professeur d’anglais au lycée, qui m’avait appris les rudiments de cette langue et rien que pour cela je lui serai reconnaissant jusqu’à la fin de mes jours.
Quant à mon père, colonel-ingénieur spécialisé dans les blindés, il était persuadé que notre « modeste statut social » ne me permettrait jamais de pratiquer les langues étrangères et de voyager à l’étranger, l’insigne privilège réservé à la nomenklatura soviétique.
Or moi, malgré sa farouche opposition, j’avais réussi mon concours pour devenir étudiant du MGIMO, la seule grande école en URSS ouvrant la fenêtre sur le monde.
Mais quelle ne fut pas ma déception quand j’avais appris que le quota d’anglais était réservé a l’école aux bien nés dans le système soviétique, une catégorie à laquelle je n’appartenais pas.
Ainsi avais-je rencontré, à 18 ans, la langue française, dont j’ignorais tout. Cette langue m’avait, au début, choqué par sa bizarrerie des voyelles nasales et sa syntaxe tordue, voire insidieuse.
La suite ? Vous la connaissez, en gros. L’alchimie des circonstances et mon inébranlable volonté de m’élever au mérite (race to the top) m’ont emmené, en août 1980, a Paris. Une ville qui est devenue la mienne. Un miracle que j’ai fait mien.
J’ai confié au français ma vie. Toute ma vie. Mes passions, mes amours, mes égarements, mes convictions, mes doutes. Mon travail qui n’en est véritablement pas un, car c’est le constant renouvèlement de mon bonheur.
Le français, c’est mon remède. Malade, je guéris quand je trouve les mots français pour exprimer l’essentiel.
Le français, c’est mon oxygène. Claustrophobe, j’étouffe sans parler français et dès les premiers sons français je respire à nouveau.
Et si le français - auquel rien ne me prédestinait à la naissance - est devenu ma vie, j’ai décidé de mourrir aussi en français...
Founder and CEO Fondateur et directeur générale
6 ansUne formulation qui capte toute mon attention et qui résume "les clefs" de l'existence... "L’alchimie des circonstances et mon inébranlable volonté de m’élever au mérite...". Le "miracle" de la perfection...
Facilitateur managérial & commercial, Management à distance, Consultant , Manager de transition, storytelling Start 'Up,PME et TPE Coach/médiateur: Tiers de confiance externe
6 ansComme il nous faudra bien un jour pouvoir parler entre humains sans que l'IA "haine-amie" puisse comprendre, la langue Française peut représenter un avantage départ sa subtilité. Une langue de résistance pour la liberté ? D'ailleurs, en entreprise et par ces temps de captation de toute son information opérationnelle et stratégique par des plateformes étrangères, il serait temps d'inventer l'écriture manuscrite et le bloc rhodia! Merci Alexandre Melnik pour votre belle déclaration et sachez que de façon assez répandue, les Français ont une affection et un respect sincère pour le peuple Russe et son histoire: Davaï!