Le Hijab : la surface de réparation?
Après les conclusions « riches » et « brillantes » relatives au port du hijab sur les terrains de sport en France, quelques questions naïves peuvent être posées.
1) En des temps presque anciens, il ne semble pas que ce furent des chrétiens, des juifs , des musulmans ou autres adeptes de différentes religions, considérés en tant que tels, qui pratiquaient ou regardaient un sport.
Il s'agissait d' hommes, de femmes et d' enfants sans discrimination de religion ou autre qui s'adonnaient à une pratique sportive.
Instants de communion et de cohésion où l'on espérait que le meilleur gagne, (qu'il s'agisse d'un individu, d'un binôme ou d'une équipe), avec son esprit, son corps, son travail, bref avec ce qu'il fait et non en raison de ce qu'il est.
Cette époque est-elle révolue ou faut-il désormais regarder des signes ostentatoires plutôt que des sportifs méritoires ? En d'autres termes, les signes manifestes d'appartenance à une religion sont-ils des éléments sans conteste propices à la paix sociale et à l'intérêt de la nation?
2) En des temps modernes, on a coutume de rappeler que les femmes n'étaient pas chaleureusement accueillies sur les terrains sportifs.
Aux jeux olympiques à partir du début du XXe siècle , elles se sont progressivement imposées entre autres grâce au tennis, au croquet, aux sports équestres, au golf et au tir à l'arc....
A l'origine, élégamment vêtues avec les longs habits de l'époque, elles ont peu à peu endossé les tenues plus rationnelles à l'image de celles des hommes. Instrument d'égalité, la tenue vestimentaire est aussi un élément important pour l'hygiène et la sécurité des sportives.
Le port d'un voile contribue-t-il à assurer la sécurité de la femme?
S'il augmente le degré de sécurité , il faut généraliser le voile.
S'il porte atteinte à la sécurité, il faut revoir son autorisation.
Enfin, si le voile ne change rien à la sécurité de celle qui le porte, qu'en est-il de la responsabilité si le voile en vient à être arraché et devienne un instrument portant atteinte lui-même à la sécurité …
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3) En des temps tout aussi modernes et sans prétendre à l'exhaustivité, on a distingué, grâce au principe de laïcité, d'une part les agents des services publics soumis à l'exigence de neutralité, autrement dit les fédérations sportives et d'autre part, les usagers donc les clubs privés, non soumis aux exigences de la neutralité.
Ainsi au niveau national, les agents doivent respecter la neutralité car ils représentent la nation, ainsi en est-il des joueurs d'un match national, alors qu'au niveau local, les usagers peuvent porter des signes d'appartenance religieuse.
La présentation emporte-t-elle l'adhésion ? Le clubs privés reçoivent souvent des subventions publiques.
Ils bénéficient de contrats ou d'autorisations avec les collectivités publiques.
Les usagers pour leur part bénéficient des services publics en général …..
A cette question et dans un tout autre registre, au niveau national et plus particulièrement parisien, il est vrai qu'on remarque peu de hijabs dans les quartiers chics et pourtant cosmopolites de la capitale....
4) Enfin en des temps contemporains, le Conseil de l'Europe avait en 2021 lancé une campagne de promotion pour la diversité avec un message en anglais qui indiquait « Beauty is in diversity as freedom is in hijab » , phrase que des commentateurs avisés avaient pu traduire par « La beauté est dans la diversité comme la liberté est dans le voile » .
A cette époque , des responsables politiques et notamment la secrétaire d’État chargée de la Jeunesse, Madame Sarah El Haïry, avait souligné que le gouvernement français avait « fait part de sa désapprobation extrêmement vive ».
Si cette campagne européenne a été interrompue en son temps, le hijab ne représentant pas intrinsèquement un symbole de liberté à la veille de l'élection présidentielle, il semble que que ce dernier ait gagné quelques points en matière de communication.
L'avenir dira si la communication emporte l'adhésion. Cette dernière ne semble pas acquise pour les Iraniennes comme pour d'autres . Pour les femmes de Téhéran, le voile n'est jamais qu'un signe d'asservissement ou d'oppression. Et d'un point de vue plus général, il semble que le sport en France ait des problèmes importants à régler comme l'exploitation des enfants dans la fabrication des marchandises pour le sport, la "vente" de joueurs mineurs, les agressions, les tricheries, les dopages, les violences ...
En quelque sorte, des questions d'éthique individuelle et collective ...