Le jeu de Go contre le jeu d'échec !

Le jeu de Go contre le jeu d'échec !

L'Américain aime la boxe : on cogne et on proclame en fanfaronnade, comme Donald, des mesures choc : on taxe à 60 % tous les produits chinois !

Le Chinois, en revanche, préfère le Taiji, un art martial tout en douceur, parfois teinté de subtilité stratégique pour se défendre.

Pour anticiper le retour de Donald au pouvoir, la Chine a organisé le 13 novembre 2024, à Riyad, en Arabie saoudite, la vente d’obligations libellées en dollars américains pour un montant de 2 milliards de dollars. C’était la première émission de ce type en trois ans.

Cet événement a été interprété comme un avertissement à l’adresse du président élu, Donald, qui a menacé d’alourdir les droits de douane.

Les obligations ont été émises en deux tranches :

1,25 milliard de dollars arrivant à échéance en 2027 avec un taux d’intérêt annuel de 4,284 %.

750 millions de dollars arrivant à échéance en 2029 avec un taux d’intérêt de 4,34 %.

Ces taux d’intérêt étaient à peine supérieurs de 1 à 3 points de base (0,01 % à 0,03 %) à ceux des bons du Trésor américain, considérés comme la dette publique la plus sûre et la plus fiable. À titre de comparaison, la Suisse, paie généralement entre 10 et 20 points de base au-dessus des taux du Trésor américain.

La demande des investisseurs pour ces obligations chinoises a été extraordinaire : l’émission a été sursouscrite près de 20 fois, largement supérieur aux 2x à 3x observés habituellement pour les adjudications du Trésor américain.

Pourquoi une telle opération chinoise ?

Riyad cherche à s’émanciper du parapluie américain en réduisant ses investissements dans les obligations américaines. Bien que les États-Unis soient heureux de recycler les flux saoudiens, ils refusent de partager leurs technologies de pointe.

La Chine, en revanche, propose une alternative stratégique. Elle offre à Riyad la possibilité de devenir un centre financier mondial en émettant des obligations en dollars. En contrepartie, en achetant ces obligations, Riyad bénéficierait d’un accès aux technologies chinoises les plus avancées : EV, panneaux solaires, éoliennes, nucléaire, trains à grande vitesse, intelligence artificielle et robotique.

Que fera la Chine des dollars collectés à Riyad ?

La Chine pourrait prêter ce fond à des pays comme la Bolivie,

l’Argentine ou le Congo, les aidant à rembourser leurs dettes du FMI. En retour, la Chine accédera aux ressources naturelles de ces pays. De plus, ils pourraient rembourser leurs dettes envers la Chine en yuan, renforçant ainsi l’internationalisation de la monnaie chinoise. Ce exercice pourrait être déployés sur les projets de la route de la soie.

Ces opérations risquent de drainer des dollars vers les coffres de Pékin, ce qui pourrait entraîner une hausse des taux des obligations américaines, une pression que la Maison-Blanche souhaite éviter à tout prix.

Donald devra maintenant réfléchir à deux fois avant de brandir la menace d’une taxe de 60 % sur les produits chinois.

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