Le MIF : pour quel siècle réindustrialisations nous ?
L’intelligence collective, ça s’organise !
Le MIF, salon du Made In France, a été ce week-end un lieu plein de vie… Mais sans doute aussi de déception pour les entrepreneurs enthousiastes face à des consommateurs devenus économes.
L’absence de stratégie industrielle et commerciale de nos institutions et de nos politiques est devenue criante. Les pratiques d’hier basées sur la concurrence individualiste doivent céder la place à l’intelligence collective organisée.
Le constat
Partout, de beaux et bons produits, hélas trop chers pour les chalands qui se sont pressés au MIF.
Pour vendre à un meilleur prix, il faut réaliser des économies d’échelle. Pour cela, il faut avoir des relais de distribution fiables et efficaces. Les produits proposés étaient achetables sur place ou sur Internet, mais pas dans les réseaux commerciaux habituels.
Interrogés, les entrepreneurs répondaient fièrement qu’ils entendaient garder la maîtrise de leurs marques et de leurs marges. Faire une belle marge sur un produit confidentiel ne permet pas de faire croître son entreprise.
Nombre d’entre eux vendent sur Internet via Amazon, ce qui fait croître la surface des hangars de logistique et nullement la vie des rues commerçantes de nos villes et de nos villages.
Mais il y a plus grave : Amazon a la maîtrise de ses clients et sait comment les influencer. Il a même la maîtrise de ses producteurs et sait faire jouer la concurrence. Libre à lui de repérer un produit qui correspond à une demande et de privilégier le fabricant qui écrase ses prix pour faire du volume.
La qualité et la créativité qui était exposée faisaient plaisir à voir… Mais n’était pas sans rappeler la leçon de Louis XIV :
Dans un premier temps, il avait décrété que tous les produits français devaient se faire remarquer par leur excellence. Des brigades d’inspecteurs mettaient sous pression les artisans. Terrorisés, ceux-ci se sont raréfiés car ils se sont mis à monter les prix et à vendre moins.
Alors, Louis XIV en personne a demandé à ce qu’à eux tous, les artisans produisent pour l’ensemble de la clientèle : de l’excellence pour les riches au fonctionnel pour les moins riches. L’artisanat est redevenu prospère.
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La réindustrialisation façon 21ème siècle : un projet global
Lors de son évènement à Versailles « Choose France », le président Macron avait choqué les entrepreneurs français, notamment en encourageant Amazon à construire des hangars.
En économie, le meilleur capital est celui que l’on produit soi-même. Ce capital est de trois natures :
Le MIF souligne une autre méconnaissance des logiques économiques de l’époque qui vient : plus que jamais l’économie se conçoit comme une chaîne de valeur qu’il faut faire grandir de manière coordonnée. En effet, produire dans son coin des chaussures d’exception, des cuisines magnifiques ou encore des loisirs créatifs charmants ne crée pas de dynamique globale.
La Chine organise son industrie automobile en mutualisant ce qui n’est pas différenciant (le moteur, les équipements obligatoires…). Les constructeurs se différencient sur le design, le service ou encore les éléments de performance.
La Silicon Valley a été construite dans un cadre stratégique, étape par étape avec des échéances précises qui impliquaient la recherche, la finance, les universités, le commerce extérieur… etc.
L’entrepreneur doit être aidé par des réseaux de distribution, si non il est un artisan façon 18ème siècle qui œuvre depuis sa boutique ! Il doit être soutenu par ses banquiers et les centres de formation avoisinant. Il doit être en interaction avec les réseaux de startups et de débutance afin de suivre les évolutions de son secteur et favoriser sa croissance externe.
Bref, un tissu économique, ça se conçoit avec une stratégie et des capacités à faire converger les énergies.
Cela ne s’apprend pas apparemment dans nos grandes écoles. En revanche, ceux qui se sont essayés à l’entrepreneuriat le savent.