Le point sur les marchés -  Le Brexit : à quoi s’attendre?

Le point sur les marchés - Le Brexit : à quoi s’attendre?

Le Brexit : à quoi s’attendre?
Le séisme politique qui a secoué la Grande-Bretagne se répercute sur les marchés du monde entier; or, la seule certitude, c’est que nous voici à l’aube d’une période très incertaine. Il n’y a pas lieu de faire des comparaisons avec l’épisode de Lehman Brothers, mais on peut à juste titre se demander à quoi il faut s’attendre.

Les marchés tremblent…
L’activité de ce vendredi sur les marchés du monde entier a été cauchemardesque. La livre a plongé comme jamais depuis 30 ans. Les titres boursiers, surtout ceux de l’Europe périphérique, ont été brutalement liquidés; la même catastrophe s’est abattue, moins brutalement, sur les grandes places boursières nord-américaines. Sur les marchés des titres à revenu fixe, les rendements des obligations canadiennes et américaines ont fléchi, ceux des gilts du Royaume-Uni ont atteint un creux sans précédent, et ceux des bunds allemands sont retombés en territoire négatif. Or, malgré ce carnage apparent, les marchés boursiers canadiens et américains, ainsi que le huard, ont clôturé la semaine en variant à peine par rapport à leurs cours de clôture de la semaine précédente. L’indice FTSE de la Bourse de Londres a même terminé la semaine en hausse de 2 % (toutefois, à cause du plongeon de la livre sterling, les investisseurs étrangers sur les marchés boursiers européens et britannique ont accusé plus durement le coup).

Ceci dit, les investisseurs peinent à trouver une analogie appropriée pour retrouver leurs repères afin de savoir à quoi s’attendre sur les marchés dans les jours et les semaines à venir. Les comparaisons avec le lundi noir de 1987 et les attentats du 11 septembre 2001 n’ont fait qu’accentuer l’angoisse puisque les acteurs du marché ont tâché de déchiffrer une véritable salve d’opinions, de commentaires et de faits d’actualité au cours de la fin de semaine. Il faut comprendre que toutes ces crises du passé sont loin de pouvoir servir d’analogies réalistes avec les événements actuels. En particulier, le Brexit est d’abord et avant tout un choc politique, et non économique. La gravité des ramifications économiques potentielles ne fait aucun doute; or, ces retombées économiques ne se manifesteront pas et ne pourront pas non plus être évaluées avant un certain temps.

« Comme on pouvait s’y attendre, les marchés ont repris, lundi, là où ils avaient laissé vendredi : chute de la livre sterling, nouvelles baisses des cours du pétrole et d’autres produits de base, et léthargie chronique des actions, surtout celles des banques européennes, qui ont connu leur pire liquidation en deux jours dans les annales. Les valeurs refuges comme l’or et le dollar américain ont continué de se renforcer et les rendements des obligations des États membres du G7 n’ont jamais été aussi faibles. Cependant, tous ces mouvements n’ont rien à voir avec l’intensité de la liquidation de vendredi, que certains redoutaient de voir se répéter aujourd’hui. L’indice IBEX de l’Espagne, en particulier, a étonnamment bien tiré son épingle du jeu, après les résultats relativement rassurants de l’élection nationale de dimanche. Ce qui est encore plus étonnant, c’est que les titres boursiers asiatiques ont rebondi, grâce à la remontée des cours au Japon et en Chine, ce qui a permis à la région de triompher des craintes du Brexit », a déclaré M. Jeff Singer, chef des placements.

S’attendre à plus de volatilité.
L’incertitude est la mère de la volatilité; on peut donc s’attendre à ce que les marchés soient instables pendant un certain temps, puisqu’on mettra d’abord au point les détails du processus de désunion, avant d’enchaîner avec les modalités de la nouvelle relation entre la Grande-Bretagne et l’Union européenne. Or, les marchés ont déjà commencé à s’adapter. La livre sterling et les actions ont fléchi, et l’or et les autres valeurs refuges ont bondi.

Il est peu probable que les marchés financiers mondiaux bougent plus spectaculairement tant que la conjoncture ne sera pas plus claire; toutefois, la plupart des observateurs s’attendent à une ruée soutenue vers les marchés et les valeurs refuges. L’or et le dollar américain en profiteront le plus. Et même si les rendements des obligations des États membres du G7 baissent, ceux de l’Europe périphérique (Espagne, Italie et Portugal) augmentent, ce qui s’explique par la plus grande incertitude qui pèse sur la croissance dans les régions déjà anémiques et par la léthargie des finances de ces États.

 Dans le même temps, les banques centrales mondiales ont fait savoir clairement qu’elles interviendront au besoin pour amortir toute chute brutale des cours et le G7 a indiqué qu’il est prêt à prendre des mesures concertées dans l’éventualité d’un dérèglement des marchés des changes.

Ralentir et respirer profondément.
La sortie de l’Union européenne ne se produira pas du jour au lendemain. Le calendrier du processus est la première grande source d’incertitude. Le référendum oblige, suppose-t-on, le gouvernement de la Grande-Bretagne à amorcer un processus qui durera deux ans lorsque l’avis officiel aura été signifié. Or, la date de signification de cet avis n’est toujours pas fixée. Déjà, les élus européens exigent que le divorce soit prononcé le plus rapidement possible, pour permettre à l’Union européenne de poursuivre son chemin sans la Grande-Bretagne (et d’adresser le plus rapidement possible un sévère avertissement aux autres pays membres qui songeraient à se désunir). Or, le traité permet au Royaume-Uni de fixer le calendrier, et il est peu probable que le gouvernement britannique veuille lancer le compte à rebours avant d’avoir choisi l’émissaire qu’il délèguera pour négocier. Autrement dit, le début des négociations devra probablement attendre la sélection d’un nouveau premier ministre à l’automne. Les ténors de la campagne du Brexit, dont Boris Johnson, ont laissé entendre, après les résultats de vendredi, que l’avis pourrait même être décalé encore plus. Il n’y a donc aucune obligation vraiment officielle d’aller de l’avant; la seule obligation est politique. Déjà, les pétitions et campagnes affluent pour « refaire » le référendum : il existe donc même une possibilité (quoique vraiment très faible) que la sortie de l’Union n’ait pas lieu.

Les risques économiques mondiaux sont limités.
La plupart des observateurs du marché s’attendent à ce que le Royaume-Uni connaisse rapidement une éphémère récession en réaction au choc; ailleurs toutefois, et en Amérique du Nord surtout, la croissance ne sera sans doute que légèrement touchée. Économistes et stratèges s’entendent pour dire que la baisse sera de l’ordre de 0,5 % pour le produit intérieur brut (PIB) mondial. Puisque le Royaume-Uni ne représente que 2 % du PIB mondial et que sa part des échanges commerciaux avec le Canada et les États-Unis est relativement modeste, le choc sera probablement moindre.

Le plus grand risque, c’est que la montée de l’incertitude entame la confiance et entraîne un nouveau repli de l’investissement, déjà léthargique. Hormis l’incertitude directe à propos de la croissance de la Grande-Bretagne et de l’Europe et de l’avenir de leurs relations commerciales, on craint aussi que l’humeur populiste soit sous-estimée ailleurs, notamment aux États-Unis, ce qui ne peut qu’accroître l’incertitude qui règne sur l’avenir des orientations stratégiques et ainsi prolonger l’anémie de la croissance en décourageant l’investissement.

La Réserve fédérale est parfaitement consciente, tout en y étant bien préparée, des risques pour la reprise économique fragile aux États-Unis si la croissance européenne se ralentit ou que l’incertitude pèse sur les marchés (et a sans doute déjà renoncé à une hausse, déjà improbable, des taux en juillet).

Garder le cap
Il n’y a pas encore de signes de panique sur les marchés nord-américains. Même s’il a baissé vendredi (‑1,7 %), l’indice S&P/TSX est toujours en hausse de 6,8 % depuis le début de l’année, et accuse un écart de moins de 7 % sur son sommet en 12 mois. Aux États-Unis, l’indice S&P 500, malgré sa baisse de vendredi (-3,6 %), reste quasiment neutre depuis le début de l’année et accuse un écart de moins de 4 % sur son sommet en 12 mois.

Il faut signaler que l’expansion et la progression des marchés depuis la crise financière de 2008 sont parsemées d’embûches qui s’apparentaient à des défis colossaux pour l’époque, mais qui ne sont pas parvenus à saper les tendances fondamentales qui sous-tendent la progression (cf. la figure 1).

Depuis 1926, l’indice S&P 500 connaît un repli de 10 % en moyenne une fois par année. Il accuse un repli de 5 % en moyenne trois fois par an. Depuis le début de l’année 2016, il n’en a accusé qu’un seul. De plus, malgré la fréquence des baisses en cours d’année, le marché se rétablit presque toujours rapidement. Les rendements annuels de l’indice S&P 500 ont fini en territoire positif dans 27 des 36 dernières années. Vendre pour réagir à un repli brusque ou spectaculaire ne fait que cristalliser ce qui constituait jusqu’à maintenant des pertes sur papier qui ne sont que provisoires. Le moment est venu pour les investisseurs de se rappeler ce célèbre dicton britannique : Rester calme et garder le cap.

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