Le Québec perd encore au change, mais tout n’est pas perdu.

De mon humble point de vue, Element AI a contribué à sensibiliser la population du Québec à l’importance de l’intelligence artificielle. Sans des gens comme Yoshua Bengio, je ne suis pas certain qu’il y aurait autant d’attention sur les grandes possibilités de cette révolution.

Je comprends la décision des actionnaires de vendre aujourd’hui une entreprise, qui avait de la difficulté à trouver un modèle d’affaire rentable. Depuis plusieurs mois, comme plusieurs j’ai l’impression qu’Element AI se cherchait. À défaut de trouver, ils ont pris la porte de sortie…

Je crois par contre important d’expliquer que le problème ici n’est pas l’application de l’intelligence artificielle, mais plutôt le modèle de croissance à tout prix, à coup de millions de dollars d’investissement en capital de risque. Ce n’est pas la technologie le problème, mais plutôt la bulle qui a été créée autour d’elle. Grandir à tout prix avec la seule intention d’en retirer de l’argent, on doit arrêter de faire ça.

Je joins ma voix à ceux et celles qui voient dans cette acquisition une vente à rabais, qui permet à une entreprise extérieure d’acquérir le savoir et la propriété intellectuelle bâtie ici, dans nos universités et nos entreprises et de l’utiliser pour créer de la richesse à l’extérieur de notre province, de notre pays.

Depuis quelques années, j’ai la profonde conviction que nous avons ici au Québec tout ce qu’il faut pour participer activement à la révolution que cette technologie va apporter.

L’industrialisation a permis à des pays comme la Chine de se positionner comme une puissance mondiale en ayant une quantité incroyable de main-d’œuvre capable de produire des commodités à faible coût. Un secteur dans lequel nous n’étions pas en mesure de concurrencer. Nous avons perdu des milliers d’emplois dans plusieurs secteurs dans les dernières décennies. Cependant, aujourd’hui ce n’est plus les employés bon marché qui sont recherchés, mais le savoir, des gens capables d’innover et de s’adapter au changement ultra rapide auquel nous faisons face. Ce n’est pas pour rien que Google, Facebook, Amazon, Microsoft débarquent au Québec pour y implanter des centres d’innovation.

 Le savoir et la créativité deviennent le nouveau pétrole et cela nous en avons beaucoup. À condition qu’on le conserve!

Il est temps d’appliquer notre savoir et d’utiliser concrètement la technologie disponible pour propulser la productivité des entreprises québécoises.

Si on prend les choses au sérieux dès maintenant tous ensemble, nous pouvons mettre en place notre prochain projet de société et positionner réellement le Québec dans l’échiquier mondial de la haute innovation. Il faut protéger et exploiter ce que nous avons bâti. 

J’ai confiance en l’écosystème qui se construit actuellement au Québec qui réalise qu’il est grand temps d’utiliser notre savoir pour augmenter la productivité de nos entreprises. Il ne faut pas lâcher!