Le sens de notre existence
Il y a quinze ans (déjà), je lisais avec grand intérêt le pavé de Jean Staune «Notre existence a-t-elle un sens ?» (537 p.), préfacé par le non moins célèbre physicien Trinh Xuan Thuan. Il me semble aujourd’hui toujours aussi fabuleux que de tels intellectuels, reconnus de par le monde, puissent acquérir autant de savoir culturel. Cependant, et malgré le respect que je leur porte, j’ai depuis compris que leur message reste synonyme d’un renoncement cognitif, voire d’une certaine impuissance projective. Je vais vous proposer ici un autre point de vue sur le sens de notre existence, à mon avis plus utile pour chacun de nous.
Je vais commencer par vous résumer la pensée centrale de ces deux philosophes des sciences. Une pensée malheureusement répandue, entremêlant en permanence deux croyances fondamentales (apparemment nécessaires pour appréhender notre existence). Ces croyances sont :
- Notre vie existe et évolue via un corps de matière (observable), et éventuellement grâce à un «esprit immatériel» (au sens traditionnel du «sprirituel»).
- La réalité de notre existence et de la conscience humaine «prouve» que la création de notre univers (de vie) possède une finalité intrinsèque. Elle ne peut être le fruit d’un hasard (en d’autres termes, il existe un dessein qui nous dépasse).
Face à ces éminentes croyances, je ne peux que rappeler les deux réalités décrites lors de mon précédent article (Du cerveau à l’esprit, et à l’âme). Deux réalités que chacun de nous peut vérifier, à tout moment.
- La première réside dans notre capacité pré-frontale (nous la possédons tous), à visualiser les conséquences potentielles de nos pensées et de nos actes. Cette capacité est celle de notre esprit, troisième niveau d’évolution de notre réseau neuropsychologique (au delà du comportemental et du mental). Une aptitude décrite dans l’article «L’arnaque culturelle de nos esprits». Certes notre esprit est souvent hermétique (aux projections nouvelles), du fait de nos nombreux interdits culturels (conditionnements ou tabous familiaux, idéologies religieuses ou politiques). Néanmoins, nous pouvons tous tester notre propre esprit, si nous le souhaitons vraiment. Pour ce faire il suffit de lâcher prise mentalement puis de spontanément se projeter, intimement, vers une suite... imaginable.
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- La deuxième réalité réside dans la nature même de nos mémoires personnelles. J’évoque ici nos mémoires comportementales (dont les bases réflexes sont intégrées avant l’âge de 6 ans), nos mémoires mentales (dont l’architecture réflexe se structure avant l’âge de 12 ans), et nos mémoires projectives, fugitives mais beaucoup plus adaptatives (à partir de l’adolescence). Ces mémoires, toutes potentiellement actives, constituent ensemble ce qu’on appelle «nôtre âme». Une âme individuelle, de nature temporelle donc (comme pour chacune de nos mémoires), qui in fine conctruit notre propre... histoire personnelle !
Ainsi lorsque nous associons, instant après instant, l’activité de notre esprit (libre si possible), avec les mémoires accessibles de notre âme, nous devenons capables de nous construire une histoire compatible avec notre authentique projet de vie. Ce processus est vrai individuellement. Mais il peut aussi se vérifier collectivement, à condition que notre société soit majoritairement libérée (des idéologies et croyances culturelles). A défaut nous sommes et serons amenés à poursuivre ensemble, sans en avoir conscience, ce que nos cultures (dé)passées nous ont inculqué. Les exemples de cette dérive de l’espèce humaine sont nombreux. Je vous propose d’en vérifier seulement un seul (déterminant pour notre avenir).
Depuis 1972 et le célèbre Rapport du Club de Rome, nous savons et vérifions depuis qu’un réchauffement climatique catastrophique se produit. Un processus global entraînant drames, famines et violences. Constatant aujourd’hui les premiers effets de ce réchauffement, avons-nous pour autant décidé de modifier notre mode de vie ? La plupart d’entre nous, si a minima nous nous sentons concernés par les générations futures, se demande probablement «que puis-je y faire aujourd’hui ?». La réponse est simple, très simple : libérons notre esprit des conditionnements et croyances, projetons-nous puis agissons dès maintenant pour construire ensemble un futur plus compatible avec la survie de nos enfants !
In fine, pour autant que cette question du «sens de notre existence» présente pour vous un intérêt, je nous propose de renverser la table de notre intellectualisme ambiant. Un intellectualisme tout droit issu d’une culture abreuvée des dires d’Abraham puis de Darwin. Autrement dit je nous propose de devenir psychologiquement plus libre, plus honnête et plus pragmatique. Et d’assumer enfin cette responsabilité banale :
Le sens de notre existence réside simplement dans celui que nous impulsons concrètement, à chaque instant (dont celui-ci) !