Le syndrome de l'épuisement professionnel dans le secteur hospitalier
Dans notre monde contemporain, tout le monde a eu au moins une fois ces mots à la bouche : « épuisement professionnel », « burn-out »,…. Utilisés à tort ou à raison, souvent sans en connaitre la réelle signification, il me semble important d’apporter quelques éclaircissements permettant ainsi de faire le lien avec la thématique des risques psychosociaux et tenter alors de maîtriser ce qui parfois, ressemble à une épidémie à haute contagiosité.
La définition du concept d'épuisement professionnel pourrait paraître simple tant les mots suggèrent d'eux-mêmes le syndrome. La popularité et la diffusion du terme montrent à quel point il est vécu et ressenti par les professionnels du soin que ce soit de l’agent de service hospitalier en passant par les cadres, les médecins,
L’INRS propose de le définir ainsi :
« Le syndrome d'épuisement professionnel, ou burn-out, est un ensemble de réactions consécutives à des situations de stress professionnel chronique dans lesquelles la dimension de l’engagement est prédominante. Il se caractérise par 3 dimensions :
- l’épuisement émotionnel : sentiment d’être vidé de ses ressources émotionnelles,
- la dépersonnalisation ou le cynisme : insensibilité au monde environnant, déshumanisation de la relation à l’autre (les usagers ou patients deviennent des objets), vision négative des autres et du travail,
- le sentiment de non-accomplissement personnel au travail : sentiment de ne pas parvenir à répondre correctement aux attentes de l'entourage, dépréciation de ses résultats »
Le « profil type » constituant un terreau à risque est un professionnel avec de fortes responsabilités ou soumis à la pression d'objectifs, mais aussi celui qui fait face à des sollicitations émotionnelles intenses ou intellectuelles.
Il m’apparait éclairant de porter à votre attention que si des caractéristiques communes existent quant à leurs symptômes, le burn-out se différencie de la dépression au sens où il s’exprime en premier lieu dans la sphère professionnelle. Ce qui n’est pas le cas pour une dépression qui s’étend à tous les aspects de la vie et nécessite un traitement plus global. Le diagnostic de dépression décrit un «état» de l’individu alors que le burn-out permet de décrire un «processus » de dégradation du rapport subjectif au travail.
Les causes du burn-out sont liées à des facteurs de stress et d’autres plus spécifiques liés à l’organisation et aux conditions du travail comme
- La faible marge de manœuvre sur son travail,
- Le manque de soutien et de reconnaissance,
- La surcharge de travail, pression temporelle,
- Le manque d’équité,
- Les conflits de valeur, injonctions paradoxales,
- L’inadéquation des objectifs avec les moyens et les responsabilités.
Pour certains auteurs comme MASLACH et LEITER, la cause du burn-out réside
essentiellement dans l’environnement du travail et non pas dans l’individu. Selon ces spécialistes réputés, le burn-out n’est pas un problème lié aux personnes (défauts de leur caractère, comportement, ou productivité) mais un problème lié à l’environnement social dans lequel ils travaillent. Pourtant, nombreux sont les chercheurs, plus nuancés, qui se sont interrogés sur l’existence des caractéristiques individuelles, et notamment de traits de personnalité qui exposent davantage au burn-out que d’autres. Il existe donc des facteurs individuels de vulnérabilité qui peuvent contribuer ou favoriser la survenue d’un burn-out (le névrosisme du « Big five », le type A, le LOC externe…) D’autres facteurs sont protecteurs : hardiness, le sens de la cohérence, LOC interne, l’auto-efficacité… Ces caractéristiques individuelles sont évolutives en fonction de l’environnement et de la situation.
Les signes de l’épuisement professionnel sont les suivants :
- Signes physiques : troubles gastriques, troubles du sommeil, troubles de l’appétit, troubles dermatologiques
- Signes psychiques : irritabilité, apathie, insatisfaction, ennui, anxiété, labilité émotionnelle, troubles de l’attention et de la mémoire
- Signes comportementaux et relationnels : surcharge émotionnelle entrainant une sensibilité accrue aux frustrations, présentéisme, perte de la qualité relationnelle, perte de l’estime de soi en lien avec des objectifs inatteignables.
Ces signes se majorent avec le temps, se chronicisent.
L’épuisement professionnel est parfois considéré comme le mal de notre siècle où la performance et l’investissement personnel sont sans cesse sollicités. Se consumer de l’intérieur est un risque pour chacun. Restons vigilant et à l’écoute de nous-même et de notre environnement, agissons avec nos mots pour ne pas avoir à vaincre les maux.
Chrystel Artus modératrice RPS pour le blog MMH
préparatrice en pharmacie chez PHARMACIE DE LA MAIRIE
8 ansUn article qui tombe à pic !
Infirmier & Délégué Régional AALP Sud-Ouest
8 ansErratum: au lieu j'écris lire je crois.
Infirmier & Délégué Régional AALP Sud-Ouest
8 ansBonjour Chrystel, très bon article et très bonne description. L'environnement (puisque tu en fais référence) est le coeur de ce problème. Il faut penser le soin et l'offre de soin et de la prestation en fonction de la réalité socio-démographique et surtout tenir compte de l'accompagnement personnalisé. C'est la raison pour laquelle j'écris au projet d'établissement et de son projet de soin. Dans les structures (quelles soient du sanitaires ou du médico-socials et dans lesquelles on trouve un taux exponentiel d'arrêt de travail et d'absentéisme ; arrête toi sur la lecture de leur projet......c'est très éloquent. Bonne continuation.
Directeur de projets SI et Manager
8 ansTrès bon article...Merci
directrice des soins - Directrice de l'IFPS ( CHU de Besançon)
8 ansArticle très intéressant et qui donne une autre lecture de ce syndrome.