Leadership & culture d’entreprise : révéler pour fédérer
« On ne sort de l'ambiguïté qu'à ses dépens » Cette citation attribuée au Cardinal de Retz pose la question de la posture du Leader face à l’ambigüité. Au pays de Mazarin, faire preuve de diplomatie et privilégier l’implicite semble permettre de se prémunir de tensions dans les relations et offrir des marges de manœuvre.
Pourtant, là où le « on s’arrange » crée des zones de confort apparentes, il nourrit aussi des malentendus et des tensions latentes. C’est pourquoi clarifier la culture d’entreprise et établir des règles explicites devient essentiel : en acceptant de sortir de l’ambiguïté, le leader choisit de bâtir un collectif plus solide et de renforcer la confiance au sein de l’équipe. Il choisit de « leader » son équipe vers des valeurs et des comportements communs et une exigence dans la régulation de ceux-ci. Ce processus exige une acceptation constructive de sa part, car il doit non seulement assumer ses choix, mais aussi permettre aux collaborateurs de se les approprier.
La culture d’entreprise, révéler ce qui est juste
La culture d’entreprise est bien plus que des valeurs inscrites dans un livret ou affichées sur un mur. Elle se construit à travers des comportements quotidiens, des choix partagés et une compréhension commune de ce qui est valorisé au sein de l’entreprise. Révéler et expliciter cette culture, c’est en quelque sorte poser des règles du jeu : définir ce qui est considéré comme juste, approprié, et ce qui contribue aux objectifs communs.
Lorsque le leader met en dialogue le collectif pour révéler la culture d’entreprise, il permet à chaque collaborateur de comprendre où il se situe par rapport aux autres et de mieux cerner ce qui est attendu de lui. Cette transparence réduit les malentendus, clarifie les relations de travail, et encourage les individus à s’aligner autour d’une vision commune.
Mener ce travail sur la culture d’entreprise implique aussi de renoncer aux zones d'ombre, où chacun pouvait interpréter librement les valeurs. Le leader abandonne l’ambiguïté, au profit de la clarté, et au prix de l’incarnation d’une posture exemplaire, qui met en cohérence les paroles et les actes.
Cette ouverture de la part du leader ne signifie pas renoncer à son autorité ou à son influence ; bien au contraire. C’est une démonstration de confiance en ses collaborateurs, en leur capacité à intégrer et incarner ces valeurs. Il leur donne ainsi une liberté encadrée, où chacun sait ce qui est « juste » ou approprié. Il fait ainsi le pari d’une régulation collective, avec un dialogue et une transparence qui permet de résoudre les conflits liés aux interprétations divergentes.
Recommandé par LinkedIn
Le leadership se révèle dans la mise en dialogue
Pour qu’une culture explicite prenne vie, elle doit être partagée et comprise. Cela passe inévitablement par un dialogue ouvert. Plutôt que d’imposer un cadre rigide, le leader crée un espace où chacun peut exprimer ses attentes, ses doutes et sa compréhension des valeurs de l’entreprise. Cette mise en dialogue permet d’adapter les valeurs aux réalités vécues par chaque membre du collectif et d’ajuster les règles pour qu’elles restent justes et cohérentes.
C’est dans ce dialogue autour de la culture d’entreprise que se révèle le leadership d’un dirigeant. Jusqu’où va-t-il dans le questionnement des « règles du jeu » ? A quel moment et sur quoi tranche – t- il ? Comment donne t-il il envie à chacun de s’investir dans ce qu’il souhaite voir incarné, dans ce qui lui semble juste au regard du contexte de l’entreprise ? Quelle régulation collective souhaite t-il insuffler ?
Il s’agit de permettre une co-construction où chacun se sent acteur du cadre posé, en exprimant ce qu’il vit au quotidien et sa perception de la traduction des valeurs en comportements. Cela favorise l’adhésion des collaborateurs et renforce leur engagement envers les valeurs explicitées. Ce processus demande du courage et de la patience, car il oblige à renoncer au contrôle total pour privilégier une approche plus inclusive et collaborative.
« Sortir de l’ambiguïté » devient alors un acte de confiance et d’authenticité.
Le leader se place au service de l’organisation et de ses membres, en leur offrant une culture « solide », qui transcende les malentendus et encourage la coopération. Loin d’être aux « dépens » pour le leader, cela devient la source même de son influence et de son succès.
Manager - Energie
1 moisNous autres Français aimons les concepts et la dissertation, ce qui d’ailleurs n’est pas sans intérêt. A titre personnel, j’apprécie une approche que partagent les anglo-saxons : la culture se définit par les pratiques et les codes quotidiens. Pour avoir substantiellement travaillé sur la culture en matière de sécurité du personnel en milieu industriel, à la question « comment définiriez-vous votre culture de sécurité » : - Des managers en France répondaient la main sur le cœur « je ne supporte pas l’idée que l’on se blesse au travail ; la vie importe plus que tout… » - les managers outre Manche répondaient quant à eux « à 7h30 dès mon arrivée sur site je fais un briefing avec ceux qui réalisent les opérations les plus à risque, ensuite à 8h00 je pars en visite de sécurité, etc… » Évidemment les deux approches sont compatibles et les managers français ont eux aussi leurs rituels. Mais la culture et le leadership reposent avant tout sur des actes.
Consultante en développement individuel et collectif
1 moisMerci de nous le rappeler Cédric Legros, la culture d'entreprise si elle est en effet AUTHENTIQUE et incarnée, est un gain de temps formidable à tous les étages de l'entreprise. Du sens, des repères stables, plus de plaisir et d'engagement et parfois même de la fierté à appartenir à un collectif qui porte et assume ses choix et ses directions. Un vrai levier de performance !
Expérience collaborateur | Parcours candidat et (ex-)collaborateur | Engagement collaborateur | Executive MBA EMLYON
1 moisMerci Cédric Legros pour cet article très instructif ! Poser un cadre, définir les attendus de tous en matière de valeurs d’entreprise, les comprendre pour les incarner au quotidien, et accepter de les co-construire et de se questionner, cela permet de poser de bonnes bases pour une culture d’entreprise saine. En discutant sur la notion de culture lors d’un événement il y a quelques semaines, nous étions arrivés à une définition : la culture c’est ce qui reste quand on n’a plus rien. Elle permet de traverser les zones d’incertitude, et pas uniquement quand tout va bien (financièrement).