Les Français préfèrent le bien-être à la démocratie
Toutes les enquêtes comparatives montrent un fort attachement à la démocratie dans les pays européens : en France, 85% des enquêtés estiment qu’avoir un régime démocratique est une bonne chose (et 83% des Allemands, 89% des Italiens). En théorie, donc, la démocratie constitue le socle normatif intouchable des sociétés développées : mais jusqu’où va la défense de la démocratie ?
Pour le vérifier, le chercheur Luc Rouban a analysé, dans une enquête conduite par le CEVIPOF, l’arbitrage que les citoyens font entre la démocratie et le bien-être économique, en France, en Allemagne et en Italie. Le dispositif consistait à leur demander de se positionner sur une échelle allant de 0 à 10, le 0 indiquant une préférence absolue pour la démocratie et le 10 pour le bien-être économique.
Premier résultat : c’est en France que le choix prioritaire donné à la démocratie sur le bien-être est le plus rare (37% vs 39%). Moins d’un enquêté sur deux affirme préférer un régime démocratique à un régime moins ou peu démocratique qui augmente ses possibilités d’enrichissement ou de bien-être.
Le second résultat, c’est que “la mobilité sociale ou l’amélioration de la condition économique viennent davantage en soutien de la recherche du bien-être que de celle de la démocratie”. En France comme en Allemagne, plus les enquêtés sont aisés, plus ils préfèrent le bien-être à la démocratie. En France, la dynamique sociale est importante : 62 % de ceux qui estiment que leur situation s’améliore préfèrent le bien-être, et 26 % seulement préfèrent la démocratie. En revanche, ceux qui se sentent en perte de vitesse préfèrent la démocratie à 38 %, et le bien-être à 37 %.
Recommandé par LinkedIn
On aboutit à cette idée paradoxale selon laquelle la dynamique sociale engendre … une méfiance vis-à-vis de la démocratie. Ces analyses sont recoupées, d’une part, par celles autour de la “sécession des riches”, et d’autre part, par l’exemple emblématique de la Chine : longtemps, on a pensé que la croissance des richesses allait mécaniquement déboucher sur un éveil démocratique de la population - or, pour l’instant, ce dernier semble rester minoritaire. La publicité des Trente Glorieuses avait glorifié l’idée selon laquelle l’accès au confort serait un moteur du Progrès (social, humain, et démocratique) : et si tout était à revoir ?
Cette question trouve une résonance encore plus forte alors que les états généraux de l'information viennent de rendre leurs propositions et recommandations avec - entre autres - la création de la RSED: la Responsabilité Sociale, Environnementale et Démocratique des entreprises.
Une responsabilité qui semble principalement être du coté des marques
Pour retrouver l’intégralité des articles de la Cortex Newsletter, c'est là
Directeur de la stratégie et du business
2 moisintéressant merci pour l'étude Sebastien Emeriau