Les Intranquilles
Le nouveau film de Joachim Lafosse ne sortira en France qu'au mois d'octobre (grâce aux Films du Losange), mais les impatients (qui ressentent eux aussi une forme d'intranquillité) avaient la possibilité de le voir à Cannes (pour les plus veinards d'entre nous) ou hier à Paris, dans le cadre de la reprise organisée par Pathé dans la salle dite « Premier », le grand complexe du boulevard des Capucines, à cinquante mètres de là, subissant actuellement des travaux d'ampleur. La salle n°1 de la rue Louis Le Grand était comble, se remplissant d'ailleurs au début du film de ces allergiques aux longues minutes publicitaires, qui furent surpris de se retrouver dans une « projection » et pas dans une « séance » classique... Nuance d'importance si l'on admet qu'un film se voit du début à la fin... Peut-être pourrais-je commencer par évoquer la découverte, le matin-même, du film primé la veille par la récompense suprême à Cannes, sur lequel j'apposerai le voile pudique du devoir de réserve, tant il m'a contrarié... Ne serait-ce donc que par contraste, Les Intranquilles s'est offert à moi comme un onguent cinématographique, profondément réparateur, ce film regorgeant d'humanité et de puissance. À la suite de L'Économie du Couple, JL poursuit son étude de l'amour et de la vie en s'intéressant à une maladie psychiatrique dévastatrice (et incurable), qui joue un rôle tout aussi structurant que destructeur au sein cette petite famille. Damien Bonnard est très impressionnant dans la peau de ce personnage à la fois attachant, inquiétant et épuisant. À ses côtés, valeureuse, fatiguée, amoureuse, sa compagne s'accroche, vigilante et inquiète. Leïla Bekhti est au sommet de son art... Cadres sublimes, décors bucoliques enchanteurs, mise en scène brillante... Et quelle émotion ! Un film superlatif qui mérite reconnaissance et succès à ne pas rater à sa sortie en salle.