Les priorités du régulateur européen pour 2020 : Banques Paneuropéenne et rentabilité
Comme le montrait les allocutions d’Andréa Enria et du secrétaire général adjoint de l’ACPR, Frédéric Visnovsky (que j’ai publié au cours de la semaine), les priorités des régulateurs européens et locaux pour 2020 sont claires :
- Finir l’exercice de revue des modèles internes (TRIM)
- Contrôler les dispositifs de gestion des portefeuilles NPL
Néanmoins, de ces mêmes allocutions ressortent une inquiétude principale de la part des régulateurs européens et locaux, qu’est la faiblesse de la performance économique des principales banques européennes.
Pour preuve de cette dégradation, le bilan de la situation des principaux groupes bancaires français, publié par l’ACPR dans sa revue de Juin 2019, montrait une baisse du revenu net avant impôt de 2%.
A cette inquiétude, les régulateurs apportent des propositions de réponses :
- La concentration pan-europénne : Depuis 10 ans, les membres de l’UE ont travaillé afin de construire une Union Bancaire qui s’est matérialisée par la mise en place du MSU, du MRU et des travaux en cours avec la construction du fond de garantie des dépôts. Les banques européennes n’ont pas suivi la même trajectoire. Elles se sont limitées à des acquisitions à la marge sans entamer un mouvement d’intégration régional. C’est justement dans cette direction que le régulateur aimerait engager les grands établissements européens.
- La rénovation des infrastructures IT: Les régulateurs mettent clairement l’accent sur l’absolue nécessité des établissements bancaires de s’attaquer à la refonte de leurs Core Banking Systems. Ces « gros » systèmes sont au cœur de l’activité bancaire car ils gèrent l’ensemble des opérations des banques. Or, ces systèmes ont été mis en place dans les années 70 ou 80 sur des technologies qui sont aujourd’hui largement obsolètes. Cette obsolescence technologique pose le problème central de la rénovation IT des banques. Ces vieux systèmes n’ont plus la capacité à répondre aux exigences réglementaires et concurrentielles actuelles, même au prix d’un encapsulage couteux à construire et ruineux à entretenir.
- La frugalité opérationnelle : Les établissements bancaires sont invités à revoir leurs organisations et leurs pratiques afin d’optimiser les processus de production et à trouver de nouveaux moyens de faire plus avec moins. L’exercice ne tombe pas sous le sens, surtout quand on peut voir que les grands programmes de compression des coûts lancés ces dernières années n’ont pas permis de réaliser les économies attendues dans les banques commerciales françaises (on pensera aux programmes lancés au sein de la SG, du LCL ou de la BNP Paribas, pour ne citer qu’eux).
L’inquiétude est donc légitime, surtout si l’on se penche sur la capacité à faire et l’envie de se lancer dans ce mouvement des grandes banques de la zone.
Dans un prochain article, j’essaierai de dégrossir les enjeux et les freins de cette nécessaire transformation de l’activité des banques mais également du paysage bancaire européen.