Lettre ouverte aux Cassandres du voyage d’affaires
Qui veut la mort du voyage d’affaires ? Il ne se passe plus un jour, au mieux une semaine, sans qu’une éminence grise, directement ou indirectement concernée, n’évoque ce sujet avec aussi peu de lucidité que de réalisme. Que le sens de l’économie en modifie les contours, soit ! De là à annoncer la fin du voyage d’affaires, c’est tout simplement renier ce qui fait l’essence même du commerce.
Les écologistes urbains, pour qui la campagne et le ciel ne sont souvent que des sujets abstraits, oublient que le mot « affaires » est essentiel à notre économie quotidienne. Il y a ainsi beaucoup de dogmatisme pour évoquer la notion de voyage, et très peu pour se rappeler qu’il y a aussi le mot « affaires », indispensable à notre économie, à nos entreprises et ses salariés.
Le but du déplacement n’est pas de satisfaire quelques voyageurs soucieux de sortir de leur entreprise. Non, la finalité est claire : faire vivre une société, directement ou indirectement. Car un voyage d’affaires, lorsqu’il est bien préparé, est - à court ou à long terme - une source indéniable de revenus.
Quand Brune Poirson, Directrice du Développement Durable d’Accor, déclare qu’il « ne faut pas encourager la réaccélération du voyage d’affaires », je ne peux m’empêcher de penser qu’elle encourage le suicide économique de l’entreprise qu’elle représente aujourd’hui et qu’elle est bien à côté de la réalité du marché. Je pense qu’Hilton ou Marriott en rigolent encore. Un tel cadeau dans une économie mondialisée, voilà qui ne se refuse pas.
Je n’évoquerai pas ici la polémique autour des jets privés, un épiphénomène qui là encore est loin d’être représentatif de l’activité de tout un domaine. Si j’étais de mauvaise foi, je dirais qu’il est facile de critiquer un grand patron partir faire des affaires au bout du monde. Bien évidemment, les dérives existent et la facilité prime parfois sur la simplicité. Mais au-delà, un jet privé appartient très souvent à une entreprise et ce n’est pas seulement le big boss qu’il utilise. Mais ne cherchons pas à convaincre les convaincus du contraire. Le résultat ne se fait pas attendre, à l’heure de la mondialisation, les immatriculations de ces appareils changent et se font discrètement à l’étranger. Alors certes, on peut croire que l’on a gagné mais en y regardant de plus près, ce sont nos voisins qui en profitent.
Cet exemple illustre parfaitement l’arrogance française. La certitude que nous allons avec nos petites mains sauver la planète à nous seul. Là où il faut imposer une discussion avec l’ensemble des pays du monde, nous préférons faire pression sur notre quotidien pour démontrer à l’humanité qu’elle nous doit son avenir. Je sais que cela peut faire bondir celles et ceux persuadés qu’à tout petit niveau on peut agir. Il est vrai que David a vaincu Goliath. Mais soyons honnêtes aujourd’hui, les Goliath sont revenus sans que nous nous en soyons aperçus.
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Alors quel avenir pour le voyage d’affaires ? De statistiques fantaisistes en analyses ridicules, chacun triture sa boule de cristal pour se projeter à un ou deux ans voire plus. Et que lisons-nous ? Que le voyage d’affaires va changer, muter. Belle analyse dans cet univers qui, depuis 10 ans, s’est transformé radicalement et n’a pas attendu les « Madame soleil » pour repenser son modèle économique, ses objectifs et la méthodologie indispensable pour le confort et le bien-être des voyageurs.
Si je crois sincèrement que les modifications, ou les mutations, climatiques sont aujourd’hui plus que jamais le fait de l’homme, je pense qu’il nous faut du bon sens dans l’analyse des causes et des solutions à trouver. Opposer la technologie à l’avion, c’est un peu choisir entre la peste et le choléra. Les uns diront que les 2,5 % des pollutions mondiales générées par l’avion sont finalement moins graves que les 4 % des nouvelles technologies. Si j’en crois les spécialistes, il vaut mieux faire un Paris Nice en avion qu’envoyer un millier de mails. Vous l’aurez compris, cette démonstration par l’absurde n’est qu’une simple réponse à une logique d’analyse des datas et de leur interprétation.
Si j’ai pu lire, dans la presse professionnelle ou ailleurs, que les jeunes voyageurs exigent de leur entreprise une responsabilité exemplaire en matière de protection de l’environnement, je me demande alors à quoi servent nos écoles de commerce dont la finalité est et demeure l’échange économique international. Doit-on opposer l’écologie à l’économie. Faut-il donc désormais se contenter de la vidéoconférence ou d’un échange téléphonique pour considérer qu’un business est concrétisé, signé, solide et surtout rentable pour son entreprise ?
À voir l'engouement récent pour le business travel, dans la presse professionnelle comme dans les entreprises, il me semble qu’aujourd’hui l’avenir du voyage d’affaires passe par le bon sens, la discussion en interne, l’analyse réelle des besoins et des attentes économiques sans oublier la mise en place de projets d’entreprise capables de préserver l’environnement, mais également d’assurer le développement économique de la société.
Nous avons la chance dans le monde du voyage d’affaires d’avoir compris, souvent avant les autres, que l’outil technologique était une assistance essentielle à la gestion, l’organisation, le suivi et le calcul de rentabilité d’un déplacement professionnel. Certes, les entreprises du voyage d’affaires se consolident et se développent tout en assumant leurs responsabilités environnementales et sociétales. C’est la discussion entre les acheteurs, les voyageurs et les fournisseurs qui seront essentielles à l’avenir du voyage d’affaires. On a souvent trop tendance à oublier les voyageurs alors qu’ils seront demain directement des prescripteurs et des acheteurs sans doute, encore plus que nous, pétris de cette vision écologique.
Échanger sans s’ouvrir, dialoguer sans écouter seront certainement les défauts à gommer pour faire du voyage d’affaires une activité essentielle. Avec sans aucun ses limites écologiques, mais aussi la certitude que les déplacements professionnels donneront aux entreprises les moyens financiers de se développer, de rémunérer leurs salariés… et d’être exemplaires en matière de RSE.
Responsable adjointe Délégation Hauts de France AFTM ( Association Française du Travel Management)
2 ansClair, limpide et pertinent comme d'habitude 😏
Interim CEO / Managing Director ꟾ Revenue growth ꟾ Operating business services ꟾ Turnaround ꟾ Full P&L ꟾ Strategy ꟾ Digital Innovation services ꟾ International ꟾ M&A ꟾ IFMT certification ꟾ ESG.
2 ansToujours vert mon cher Marcel Lévy 🤙