L'OPTIMISME OPÉRATIONNEL : DANS 6 MOIS, ÇA FAIT LONGTEMPS QU'ON NE SERA PLUS LÀ ! (2)
Jean-Luc HUDRY - Conférencier en optimisme opérationnel

L'OPTIMISME OPÉRATIONNEL : DANS 6 MOIS, ÇA FAIT LONGTEMPS QU'ON NE SERA PLUS LÀ ! (2)

Accès au chapitre 1 : L’OPTIMISME OPÉRATIONNEL VIENT DE CETTE HISTOIRE INOUÏE ET 100% VRAIE (1)

Ainsi Michel quitte son employeur pour le devenir lui-même, à 27 ans. À ce moment, il n’imagine pas que cette décision va bouleverser sa vie de fond en comble. Et l'entrainer dans une incroyable spirale d'évènements...

2) Sévère douche froide

Décembre 1985 

Les équipes ont été prévenues : Michel, le fils du patron, va les rejoindre provisoirement pour "donner un coup de main". Il gèrera l’entreprise, tandis que Paul et Jeanne, ses parents, pourront, enfin, se reposer un peu.

Mais on n’a pas deux fois l’occasion de faire une première bonne impression. Michel en a conscience, c’est pourquoi réussir son entrée « de boss » est capital dans un contexte aussi tendu.

➡️ Lundi matin, 6 heures :

Costumé comme un marié, il arrive au siège de l’entreprise.

Avant tout le monde.

Et après une nouvelle nuit blanche, tant ses doutes et ses questionnements l’ont empêché de fermer l’œil.

Serai-je à la hauteur ; pourrai-je tenir 6 mois à un rythme de fou furieux ? Les équipes vont-elles m’aider ou me savonner la planche ? Saurai-je prendre des décisions, motiver chacun pour entrainer tout le monde ?

➡️ Et puis...

27 ans, c’est trop jeune pour diriger une entreprise et porter le poids d’un tel enjeu. En plus, c’est sûr, ils vont penser que je joue à Zorro qui débarque et règle tout... Et tenir les cordons de la bourse, c’est un métier, une sacrée responsabilité, je vais forcément me planter, etc.

C’est peu dire que Michel doute ! Et qu’un stress phénoménal l’accompagne H 24.

D’ailleurs, « de base » comme disent les jeunes, Michel est un super client du stress, toujours à s’inquiéter pour une raison ou une autre. Au point d’avoir fait un ulcère à l’estomac à l’âge de 20 ans.

Malgré ses succès : études, armée, employeur, projet personnel aux USA et au Japon, petites amies, etc, il s’inquiète continuellement.

Il tient cela de sa mère, perpétuellement tracassée, angoissée, inquiète.

Depuis toujours, elle passe d’une peur à l’autre - de la plus simple, celle de ne pas arriver à l’heure, à la plus sophistiquée : la peur d’avoir peur.

Ainsi, elle empile et rumine continuellement toutes sortes de soucis et les accompagne de pleurs fréquents : avec ses larmes, elle remplirait une piscine !

Et lorsqu’elle ne s’inquiète pas, par capillarité, c’est son entourage qui s’inquiète.

Hypersensible, expansive, impulsive, Jeanne parle pour évacuer son stress.

Elle le fait avec talent, c’est une commerçante hors pair, une belle femme qui passe merveilleusement bien auprès de ses clients et collaborateurs.

Reste qu’elle a transmis son anxiété et la peur du lendemain à son fils, Michel.

D’où la nuit blanche qu’il vient de vivre.

➡️ Lundi, 6 h 30 :

Pierre, un cadre historique de l’entreprise, arrive dans les locaux.

Michel et Pierre se connaissent et s’apprécient depuis toujours. Mais, ce jour-là, Pierre accueille Michel avec un air... pincé.

-  Bonjour Michel, bon... que venez-vous faire, au juste ?

-  Eh bien... donner un petit coup de main…  pour 6 mois.

-  6 mois ?

Mais dans 6 mois, ça fait longtemps qu’on ne sera plus là !

 -  Co --- comment ?

Pourquoi dites-vous cela, Pierre ?

-  Ce n’est pas à moi de vous le dire, Michel. J’ai du travail, bonne journée !

➡️ Sur ce, il tourne les talons et laisse Michel planté comme un feu rouge au carrefour.

Quel accueil !

Cette « bienvenue » fait à Michel l’effet d’un glaçon dans le dos.

➡️ Alors intervient une autre actrice de sa vie, sa petite voix intérieure qui, depuis toujours, pollue son existence (et celle d’une majorité de gens).

il l’appelle MISS CATA, dérivé acidulé désignant Miss Catastrophe.

Waouh, bonjour l’accueil ! C’est clair, Pierre veut te casser, te couper les pattes en te disant des trucs graves sans te les dire tout en te les disant,.. ah la la... dans quelle galère plonges-tu Michel ? Ça démarre mal, ça démarre très mal…

Difficile de dire le contraire.

Mais n’est-ce pas au pied du mur qu’on voit le mieux le mur ?

3) Votre mission si vous l’acceptez

Les premiers jours passent, Michel s’installe et… rien.

À sa grande surprise, rien n’a été prévu pour lui présenter l’entreprise, son fonctionnement, ses points forts et ses faiblesses. Rien sur les projets en cours, rien non plus sur les comptes, sur les fournisseurs et les clients, aucun état des lieux, aucun brief comme on dit quand on veut faire sérieux (ou branché). On est a des années lumière d'un "onboarding" réussi !

Bref, c’est l’ambiance PME gérée à l’ancienne.

Michel se dit que cela change de la multinationale où il faut souvent faire une note lorsqu’un trombone a changé de place !

Qu’à cela ne tienne, si l’info ne va pas à lui, il ira à l’info.

➡️ Mais il y a plus grave.

Michel va de surprise en surprise et, très rapidement, découvre une effrayante réalité. L’entreprise est comme le Titanic, sauf ... qu’elle coule plus vite que lui. Pierre avait raison, dans 6 mois... pffft... la belle entreprise aura sombré depuis longtemps !

Un peu plus abasourdi au fil de ses découvertes, un jour, il tombe sur une pile de lettres recommandées, non décachetées, enfouies au fond du coffre.

-  Mais Papa, il y a des délais dans une lettre recommandée, pourquoi les empiles-tu sans rien faire ni répondre ?

 - Pas le temps... et j’en ai marre.

Une autre fois, il découvre les étouffantes conditions de paiement fournisseurs, « au cul du camion », des pratiques d'un autre âge.

- Enfin Papa, pourquoi ne renégocies-tu pas les délais de paiement avec nos fournisseurs ?

 - J’ai toujours fait comme ça... et j’en ai marre.

➡️ Comme à Fort Boyard, sans relâche, Michel cherche « les clés » de lecture de l’entreprise. Et, chaque fois qu’il ouvre une porte, il découvre l’ampleur du naufrage et de nouveaux obstacles.

➡️ Cette fois, il, arrive dans la salle du trésor.

Du Trésor Public s’entend.

Félindra est absente mais son fouet et les tigres sont bien présents sous forme d’une collection de mises en demeure, de saisies-arrêts, de pénalités, bref, toute la gamme des délicatesses dont est capable le Trésor public… le mot trésor étant, en la circonstance, assez discutable.

- Papa, je ne comprends pas… pourquoi ne demandes-tu pas un plan d’apurement pour tout ça au lieu de te faire étrangler ?

 - Je n'en sais rien… et j’en ai marre.

Sempiternelle réponse d’un père lassé, épuisé, au bout du rouleau.

Peu à peu tout s’éclaire. Et Michel comprend maintenant ce que voulait dire Pierre, le jour de son arrivée :

Dans 6 mois, ça fait longtemps qu’on ne sera plus là !

Il comprend aussi que les mouches ont changé d’âne.

Et qu’il n’est plus question d’un simple coup de main de 6 mois, car la vraie question est… que faire pour empêcher la réalisation de ce funeste destin ?


➡️ Jeudi, 15 heures : Au bureau de l’entreprise :

Réunion de crise entre Jeanne, Paul, et leur fils Michel.

Qu’il est dur pour un fils, qui a tout reçu de ses parents, de leur dire qu’ils ont perdu pied, que leurs méthodes sont obsolètes et que leur immense travail va s’écrouler dans quelques jours. Entrainant leur ruine.

➡️ Michel prend la parole

-  Les parents, depuis 1968 vous avez fait un boulot formidable mais… euh… comment dire… vous rendez-vous compte de l’état catastro… euh… vous voyez bien que ça ne va pas fort ici.

 -  Tu sais, maman et moi avons été opérés, donc on a été moins présents pendant un an, en plus, les travaux ont coûté bien plus cher que prévu, on est fatigués, mais ce n’est pas grave. 

-  Si Papa, c’est grave. Dans 6 mois, maximum, on n’est plus là, tout le monde le sait, sauf vous. Ça ne m’amuse vraiment pas mais je DOIS vous le dire. Et vous DEVEZ l’entendre.

➡️ Stupeur chez Jeanne et Paul, la première se mettant - quelle surprise - à… pleurer :

-  Mais que dis-tu, ce n’est pas possible, voyons ... (pleurs) qu'est-ce qu'on va devenir ?

 -  Attends, ne t’emballe pas, écoute... lui dit Paul, agacé.

 -  Les parents, le choix est simple : ne rien faire et c'est terminé ou se remuer radicalement. Pas la semaine prochaine, ni demain, mais là, maintenant, tout de suite.

Et s’il n’est pas déjà trop tard… et ça... je n’en sais rien aujourd’hui.

➡️ Têtes d’enterrement dans le bureau.

Dans cette situation, il n’y a pas 36 solutions.

Soit, on minimise, on minaude, on se dit qu’il aurait fallu faire ceci, qu’on aurait dû faire cela, bref, on devise comme des anciens combattants autour d’un thé (ou d’un Pastis) en regardant derrière et sans décider grand-chose.

Soit on se dit les choses, aussi pénibles soient-elles, et l’on écrase l’accélérateur pour (tenter) de changer de trajectoire sans quoi le mur sera si près que l’on sera déjà dedans.

Après un discours où le thème « ce que l’on va faire » l’emporte sur « ce qu’on aurait dû faire », Michel et ses parents sortent quatre heures plus tard de leur conclave : il faut agir.

Agir vite, fort et tous azimuts. Mais sans précipitation pour conserver la lucidité et l'efficacité individuelle et collective nécessaire.

De fait, Michel comprend que s'achève définitivement, cette fois, la prometteuse carrière entamée chez Procter. Et que l'insécurité est désormais son nouveau patron.

Le voici donc investi d’une mission à enjeu maximal. Echapper à la cessation des paiements et passer le cap des 6 prochains mois.

➡️ Sans perdre une minute, il déclenche le plan Orsec. Les journées sont longues et les nuits sont courtes.

Car, par où commencer ?

Il décide de penser "autrement" toute l'entreprise, du sol au plafond, sur le plan humain comme sur le plan matériel. S'il reste une chance sur 1000, une seule, elle passe par cette approche puisque les autres ont échoué.

Une réorganisation des effectifs, des talents, des compétences, des périmètres, etc, est mise en place.

Raphaël change d'équipe, Françoise change d'attribution, Mansour vient renforcer la Team de Perlinpinpin, et ainsi de suite.

Tout le monde préfère la nouvelle organisation qui s'améliore chaque jour.

Séraphin le chante même sur les toits… c’est un ange Séraphin. Quoiqu'en matière d’ange, Gabriel a son mot à dire ! Un ange passe... 😁

Plus rapidement opérationnelle qu’un groupe de sauveteurs en mer, les collaborateurs de cette équipe new look se mobilisent et montent sur le pont.

Avis de gros temps, mais l’équipage veut bouffer du lion, après les tigres de Félindra, on reste dans le contexte.

Chacun est donc à sa place, Jeanne et Paul aussi.

Quant à Michel, il se donne un peu plus à fond que s’il se donnait à fond, c'est-à-dire 7 jours sur 7, 12 heures par jour, souvent davantage, il n’imagine même pas faire autrement.

La fatigue ? Quelle fatigue ?

Le stress ? Quel stress ?

La peur de la ruine ? Quelle peur ?

Bien sûr, ils sont omniprésents, mais une seule chose compte : s'en extraire pour avancer, sinon, c'est la fin.

Pas le moment de se regarder le nombril, il y a urgence à redresser la barre avant que le navire ne sombre définitivement. Et que 18 années de l’immense labeur de ses parents soient réduites à néant.

➡️ Alors, jubilant comme jamais, la sinistre Miss Cata (son insidieuse petite voix) revient à la charge et harcèle Michel en permanence :

Hi hi… quelle galère, tu ne trouves pas, Michel ?

Tu n’y arriveras pas, c’est trop dur, tu es trop jeune, trop inexpérimenté, l’entreprise est trop endettée, trop abimée. Crois-moi, c’est trop lourd et trop tard, tu n’y arriveras pas, je te dis. Impossible de t'en sortir.

À ce stade, une chose est claire : en s’attaquant au sauvetage de la brasserie, Michel n’est pas sorti de l’auberge !

Découvrez la suite ci-dessous : Michel fait une redoutable rencontre, une inconnue aux deux visages :

L’optimisme opérationnel : quand l’adversité s’invite 

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Patrick CUENOT

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1 ans

Il est bien ce Michel : il arrive dans une entreprise qu'il ne connaît pas, il réalise un audit pour en évaluer la situation et fait aux fondateurs un rapport sans fard ni faux semblant. Typiquement ce que devrait faire toute personne qui accepte un poste. Et s'il fait cette démarche avant d'accepter le poste, encore mieux...

Jean-Pascal MOLLET

𝗠𝗮𝗴𝗶𝗰𝗶𝗲𝗻 : Apparition de clients et Disparition d'Objections 🎩 -Formateur & Conférencier DISC ➡️ 12000 vendeurs formés ✍🏼 Auteur de "Achetez moi" et "Influencez Linkedin" 🚀 Fondateur d’INBASSADEURS

1 ans

Le vécu il n’y a que ça de vrai !

rodolphe gilbert-collet

retraité hyper actif chez retraité

1 ans

Jean-Luc HUDRY situation tellement habituelle l'âge n'y est pour rien ,lors d'une très mauvaise passe dans une entreprise le choix habituel c'est celui de la cité assiégée. pas de communication interne ni externe par ailleurs refus de de réfléchir en terme de perspective je me souviens de la réponse donnée quand je faisais part de l'état de l'entreprise et ses perspectives existantes ;Rodolphe tu n'est pas là pour penser mais pour exécuter! devinez la suite !!!

Benoit PERREAU ✅🎤👏

Conférencier Inclusion (RQTH - 30% DEDUITS sur prestas pour votre OETH) - Référent Handicap Partagé / Formateur= +d'engagements & - de contributions

1 ans

Quel talent ! Tu nous mets en haleine Jean-Luc 🤩👌

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