A l'orée du bois noir...
A l’orée du bois noir…
Ce soir, je marche en direction de Le Fau, petit village pittoresque au cœur de la vallée de l’aspre. Je suis entouré des monts du Cantal. On dirait qu’ils ont été posés là par les habitants en guise de murailles pour s’isoler du bruit du monde. Seules les cloches des troupeaux bovins détiennent un passeport phonique leur permettant d’émettre leur cliquetis si joyeux.
Ici, je me connecte à la douceur de la terre. J’hume les odeurs en vrac, sans distinction, comme un bouquet campagnard. L’une d’entre elles retient tout de même mon attention : le parfum des bouses. Elles se signalent à moi comme des balises qui me confirmeraient le choix de l’itinéraire. Elles font aussi resurgir les images de mon enfance, celles d’un dimanche matin chez un oncle normand qui m’a initié très jeune à la traite des vaches. Alors, je fais une courte halte et, en silence, en communion avec les éléments, je lui signifie en pensée toute ma gratitude, celle de m’avoir appris la valeur inestimable d’un verre de lait, extrait au pis des bêtes grâce au labeur du fermier infatigable et au don d’animaux dociles mais non consentants qui, pour cette raison notamment, imposent le respect.
Ici, les arbres majestueux suffisent à animer mon goût pour la contemplation. Ils me transpercent les pupilles de leur énergie vitale. J’ai aussi envie de toucher tout ce que je vois. Les mains savent se transformer en racines quand elles se rappellent que l’humain est un locataire nourri gracieusement. Un locataire dont la reconnaissance devrait être à la hauteur de ce qu’il reçoit.
Ici, tout est si vert. Les fougères pullulent et attestent de la bonne santé des forêts. La palette de vert est si nuancée qu’elle crée à elle seule les contrastes qui inondent le paysage. Reconnaissant, je bénis alors l’univers de ne pas être daltonien.
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Ici, les falaises abruptes et les pics saillants ont renoncé à s’imposer. Ils émergent par endroit, sans prétention, dédiant leur existence à l’embellissement des monts verdoyants à l’allure de mamelles.
Ici, les maisons refusent elles aussi la prétention et se fondent dans le décors comme un signe de remerciement en mémoire des pierres volcaniques qui les composent. Elles sont le symbole que des entrailles de la terre jaillissent la splendeur et que la nature sait mieux que quiconque combiner beauté et modestie.
Quand j’arrive à Le Fau, j’ai donc le pied léger et les yeux pétillants. Mes pensées s’évadent avec l’eau de la rivière qui ruisselle. En pleine possession de ma bonne humeur, je salue des marcheurs savourant une bière fraîche et locale sur la terrasse d’une auberge. Puis, en sortant du village, j’atteins le but de ma promenade. Une pancarte sur le mur d’une bâtisse indique « le pain du bois noir ». Je rentre et je m’approvisionne sans manquer le regard franc de l’artisan boulanger. Dès ma sortie, je mets un pain sous le bras et j’entame l’autre. Sans surprise, il est savoureux, comme tout ce que j’ai pu observer depuis le début de cette marche. Sur le chemin du retour, en traversant la vallée, gorgé de sa quiétude revigorante, j’ai envie de remercier à tue-tête nos hôtes auvergnats pour avoir si bien préservé leur terre pour le plus grand plaisir de nos sens. De telles promenades m’envoûtent et restent graver à jamais dans ma mémoire.
A demain chers amis et chères amies du Cantal, rendez-vous entre 10h00 et midi pour vous présenter mon roman « Inversion » au Le Kiosque - St Privat et Pleaux, avec Cyril Delattre de L'Arroseur de l'ombre.
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1 ansMerci Ludovic pour ce beau témoignage d’une ballade dans le #Cantal ainsi que pour ta venue à #Pleaux pour la séance dédicace de ton roman « Inversion ». Au plaisir de prochains échanges.