Une certaine conception de l’amour de la nature

Une certaine conception de l’amour de la nature

Pensée vers nos compatriotes du sud-est au bord de l’Argens et d’ailleurs. L’Argens, couleur blanche comme l’argent des eaux miroitantes que l’on connait bien à St Maximin la Ste Baume, Barjols, Le Thoronet, Le Muy… aujourd’hui l’Argens a le ventre chargé de trop d’eau du ciel,  qui ne sait plus où se répandre, qui cherche de l’espace, de la terre où s’infiltrer entre l’asphalte, le béton dans son lit majeur. On lève les yeux vers le soleil…

Traits de lumière emplumés dans le ciel ? Oui les oiseaux. Eux ne se noient pas mais sont pas toujours aidés puisqu’ils sont à disposition de l’Homme.

La Cour européenne n’aime pas trop nos pratiques de chasse à la glu. Restons dans le sud-est.  

Le père de Marcel Pagnol, instituteur, emmenait son fiston dans les collines surchauffées du Garlaban, non loin de Marseille, chasser la bartavelle. Ils y croisaient de frustes individus enduisant les branchages plein de senteurs de la garrigue de cette glu destinée à piéger de frémissantes grives, merles et fauvettes jusqu'à la mort pour en faire de succulentes recettes de brochettes ou pâtés ! Pur amour de la nature qui se mariait si bien au son du galoubet, du tambourin et aux coutumes locales. On était fier, chasseur de père en fils, le gibier abondait, Candide était heureux. La bartavelle était la reine des perdrix mais c'était au début du 20e siècle dans un contexte culturel, scientifique, de rapport à la nature très différents.

Fin 2019, on peut toujours chasser à la glu grives et merles. Dommage, sur les branches, il n’y a pas de panneaux interdisant aux autres oiseaux de se poser dessus et de se transformer en post-it à plumes. Nos fiers protecteurs de la nature, colle à la main, n’ont pas peur d'affronter à main nue, des monstres de 15 grammes, gorgés de baies sauvages !

Qu’en fait-on aujourd’hui ?  Des appelants qui permettent de tuer d’autres oiseaux.

Elle est pas belle la conception de l’amour de la nature début 21e siècle dans le pays le plus chassable au monde avec son pot de colle acheté en grande surface ou ailleurs ? 

Quant à la perdrix des neiges bien peu en ont entendu parler tant elle erre fantomatique dans les alpages ! Vous n'en voyez plus ? Pas d'inquiétude...certains la trouvent encore mais c'est pour la tuer. Hé oui, lagopède alpin et tétras lyre, superbes gallinacés de montagne sont encore victimes du plombage sportif. Ces oiseaux ont besoin du froid donc montent en altitude, dans leurs derniers retranchements imposés par le réchauffement climatique, slalomant entre les domaines skiables et autres activités. Les plans de chasse épargnent peu ces espèces en voie de disparition. Le gibier a sa chance, on vous dit ! car il faut vraiment avoir l'amour de la nature chevillé au corps pour aller le chercher là-haut où l'oxygène comme l'oiseau se font rares

Les quatre gallinacés, parmi les plus beaux oiseaux de montagne les plus menacés dont le lagopède vont bientôt disparaitre avant même d'avoir été reconnus par vos enfants. Les seuls bipèdes qui ont l'occasion d'en observer sont ceux qui les tuent encore. Dans un biotope si fragile, est-ce trop demander de stopper la chasse au moins pour voir si les effectifs se rétablissent ? Cela parait impossible. Tant qu'il y en aura, on les aura !

Pattes, plumes mais mentalités aussi sont prises dans la glu.

Denis Cheissoux


Blandine le Lys bourbonnais

fondatrice du Lys bourbonnais immobilier expert immobilier agréée écrivain public la Plume apprivoisée

5 ans

Beau morceau de littérature sur un sujet volatile.

Dominique Trine

Enjoying a happy retirement :)

5 ans

Le souci avec la connerie humaine, c'est qu'elle est sans limites.

Tristan G.

DevOps Engineer chez ...

5 ans

Bin, quand il n’y aura plus de ces oiseaux sauvages, on accusera des estrangers d’avoir une quelconque responsabilité dans tout ça et puis on exigera une subvention pour cloner le dernier cadavre empaillé, l’élever en batterie et le répandre sur les lieux de chasse au jour dit. Mise à part le clonage, je n’invente rien, c’est déjà le cas pour bien des poissons d’eau douce et pour les perdrix qui ne savent même pas manger toutes seules et qu’on “libère” la veille de la chasse. Pauvres bêtes, elles errent au bord de la route, à la recherche d’humains disposés à les nourrir. Une journée de disette pour elles et pang, le lendemain, sacrifiées à la sauvegarde des “traditions” de la chasse. Parfois, c’est un civil qui passait par là qu’on prend pour une perdrix, quelques morts et blessés qu’on passe pratiquement sous silence chaque année. On recommande donc aux civils de porter des vestes fluorescentes et d’éviter les bois pendant la période de la chasse, de garder les volets fermés, les enfants, les chats et les chiens à l’intérieur aussi. Vive la liberté !

Vincent Galinier

Enterprise and Innovation IM Architect

5 ans

Des plumes et du goudron !!!! ce serait jouer au plus ....

Jean Laini Bipp-Bipp

Président chez BIPP-BIPP SA | Planification de projets

5 ans

Les bestiaux ne sont pas sur les branches ,mais bien a sol ,on devrait les attraper et les englués de goudron avec plumes. 

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