Mon manuscrit a été refusé par tout le monde. Que dois-je faire ?

Mon manuscrit a été refusé par tout le monde. Que dois-je faire ?

Bon, avant de lire ce billet, il va falloir accepter l’idée que je vais probablement énoncer des choses qui ne vont pas vous plaire. Non pas pour vous fâcher, mais pour être franche du collier et surtout, vous être utile. C’est bien sûr très décevant de recevoir des mails type de refus, surtout quand on a travaillé des mois, voire des années, sur un texte. J’en conviens sincèrement. Plus d’un auteur en herbe a arrêté d’écrire après cette déception. Les plus téméraires se sont accrochés, ils ont retravaillé leur texte ou en ont écrit un nouveau. Parfois cela a payé, et parfois non. Alors que faut-il retenir de votre expérience, mais aussi de celle des uns et des autres ?


Voici, selon moi, les principales raisons pour lesquelles un manuscrit est refusé. Notez que ces raisons peuvent être complémentaires, donc plus vous cochez les cases, plus vous risquez d’être recalé !


1.     Vous avez soumis votre manuscrit à toutes les maisons d’édition, sans prendre le temps de réfléchir à qui véritablement l’envoyer.


Ça m’étonne toujours, et pourtant c’est une erreur très fréquente ! Trop heureux d’avoir fini leur texte, les jeunes auteurs l’envoient soit à une maison dont ils connaissent le nom (au hasard, Gallimard, Grasset, Albin Michel…), soit à un copain d’un copain d’un copain qui est éditeur (il édite quoi ? Tout le monde s’en fiche, mais comme il est éditeur…). Alors, autant le dire tout de suite, l’adage « plus vous envoyez votre manuscrit, plus il a de chance d’être publié » est complètement faux. Archifaux, même. C’est la qualité de votre manuscrit, couplée au ciblage de votre envoi, qui maximise votre chance d’être édité. Vous devez envoyer un manuscrit à telle ou telle maison parce qu’il ressemble, en un sens, à d’autres ouvrages de la maison, à la signature de tel auteur, à telle prise de position, etc. Chaque maison a sa ligne éditoriale (même si certaines sont confuses, j’en conviens) et il est très important de présenter votre ouvrage en résonance avec les travaux édités par la maison que vous visez. Prenez vraiment le temps de vous renseigner sur les personnes et les maisons qui peuvent être touchées par votre manuscrit.



2.     Votre manuscrit n’est pas très bien écrit (fautes diverses et variées, pas de réel travail sur le style).


J’en ai déjà beaucoup parlé dans les billets précédents, mais j’y reviens. Vous avez écrit votre texte au kilomètre et vous avez effectué une très courte correction avec votre correcteur Word. Résultat : un manuscrit sans doute bourré de fautes de syntaxe, d’orthographe, de coquilles, de ponctuation, et des répétitions dans tous les sens. Ça, évidemment, c’est intolérable. Vous pensez bien que si un éditeur doit choisir trois textes parmi une centaine, il va prendre les plus intéressants ET les mieux écrits. Et comme il y a foule pour être publié, l’éditeur ne se fatigue pas avec un texte mal écrit. Il est jeté aux oubliettes à la fin de la première page. Et si l’incipit est mauvais, il part aux oubliettes à la fin des trois premières phrases. Ne lésinez franchement pas sur la forme !



3.     Vous avez envoyé votre manuscrit pendant une période de confinement.


Malheureux ! Vous n’avez pas lu mon billet sur quand envoyer un manuscrit ? C’est une erreur qui va vous coûter cher ! N’envoyez rien quand les services sont saturés, vous perdez du temps et de l’énergie.



4.     Votre manuscrit n’est pas bon, ou pas « assez bon »


Je sais, c’est dur à lire mais c’est peut-être vrai. En tout cas, c’est une hypothèse qu’il faut envisager. Des manuscrits corrects, il y en a pleins, et comme disent les éditeurs, « ce sont les pires ». Avec un manuscrit réellement mauvais, pas de doute à avoir, il part à la poubelle. Avec un manuscrit génial, pas de doute à avoir, il part directement en comité de lecture. Mais que faire du manuscrit pas mal mais pas dingue ? Pas grand-chose… Alors l’éditeur ne répond pas et il ne se passera rien.



Bref, vous revoilà avec votre manuscrit entre les mains, accompagné d’une dizaine de courriers de refus. Vous êtes dépité. Et là, l’idée vous vient, vous allez prendre un agent, lui va réussir à vendre votre texte !

Je vous arrête tout de suite, ne faîtes surtout, surtout pas ça. Je vais me permettre de parler également au nom de mes consœurs et confrères et vous confier que les agents n’aiment pas du tout être pris pour des poubelles. D’ailleurs, ils n’en sont pas  Ils n’interviennent pas quand vous avez tout essayé et que rien ne fonctionne, pour la simple et bonne raison qu’ils n’ont ni supers pouvoirs ni de passe-droits. Si vous devez prendre un agent, c’est parce que vous recherchez un binôme, un lecteur fidèle qui vous fera progresser dans votre écriture, et tant qu’à faire, une personne qui s’y connaisse en contrat d’édition. Si vous le faîtes uniquement pour trouver un contrat avec un éditeur, c’est, selon moi, une mauvaise raison, un mauvais positionnement. De mon point de vue, prendre un agent, et se faire accepter par elle ou lui, c’est une décision qui intervient avant un quelconque envoi à un éditeur, certainement pas après.


Alors que faire, avec ce texte refusé ? Tout dépend de votre énergie et de votre motivation. Si vous êtes persuadé que ce texte a quelque chose, qu’il peut décoller ou emporter des lecteurs, alors offrez-vous une note de lecture. Ça va vous coûter un peu d’argent, mais vous aurez un regard professionnel et distancié sur votre texte. La note est bienveillante mais pas arrangeante. Elle vous dira sans complaisance ce qu’il en est de votre manuscrit : tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur votre écrit sans jamais oser l’écouter. À partir de là, vous prendrez une décision : retravailler le texte, ou l’abandonner.


Mais rappelez-vous toujours : Rome ne s’est pas faite en un jour, et devenir écrivain, ce n’est pas un petit boulot. C’est énormément, énormément de travail. Comme un musicien professionnel, comme un sportif de haut niveau, comme un prof agrégé. C’est une chose d’écrire un peu le soir chez soi, et cela en est une autre d’avoir un roman édité.


Si vous acceptez cette différence, et uniquement sous cette condition, vous serez prêt à décoller.


Pour lire les autres billets :


  1. Ai-je une chance d’être publié si j’envoie mon manuscrit au service des manuscrits ?
  2.  Mes chances d’être publié augmentent-elles si je prends un agent ?
  3.  Dois-je faire relire mon manuscrit avant de l’envoyer ?
  4.  Peut-on écrire un (bon) roman si on ne lit pas, ou peu ?
  5.  Est-ce moins prestigieux de publier en autoédition ?
  6.  Mais qu'est-ce qu'un bon manuscrit ?
  7.  Quand puis-je considérer que mon manuscrit est fini ?
  8.  Y a-t-il un bon moment pour envoyer son manuscrit ?


Fabienne G.

Gestionnaire de vinocoffrets.com / Assistante polyvalente / Gestion de projets digitaux / Designs graphiques

3 ans

Du bon sens!

Maryline Guldin

Fondatrice & directrice chez Le Greffier / Profiler marketing / rédactrice publicitaire / coach littéraire / auteure

3 ans

Des conseils qui semblent évidents, et pourtant il faut sans cesse les répéter. Merci pour cette piqûre de rappel. 😺

Louis-Xavier BABIN-LACHAUD

Artisan des mots - Analyse de manuscrits - Diagnostic littéraire - Relecture rigoureuse et bienveillante - Prête-plume

3 ans

En effet, Georgia Terzakou, même si ces judicieux conseils paraissent évidents quand on connaît un peu le milieu de l'édition, il n'est jamais inutile de les asséner, encore et encore. Je suis toujours effaré de la méconnaissance des "jeunes" auteurs en la matière, alors que la plupart de ces informations sont accessibles en quelques clics pour qui veut bien s'en donner la peine.

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