Nos mots, nos chiffres et leur pouvoir (2)
« Lorsque j’ai appris que des collègues étaient allés voir mon N+1 pour leur faire part de mes prétendues faiblesses, alors que j’avais cru pouvoir me confier à l’un d’entre eux… un mot m’est immédiatement venu à l’esprit : « dévastée ».
« Je suis dévastée par cette trahison »
Cela m’a plongée dans une torpeur pendant plusieurs jours où j’ai été dans l’incapacité de travailler… »
La violence d’un événement, d’une nouvelle, nous projette dans un état émotionnel que nous allons spontanément nommer sous la forme « Je suis… ». La brutalité et l’intensité de l’émotion nous submergent au point qu’il se produit une confusion avec notre propre identité.
Nous nous retrouvons jeté, corps et âme, dans l’intimité d’un mot, d’une phrase à laquelle nous nous accrochons comme à une planche salutaire après un naufrage. Ce mot, cette phrase nous apparaît indissociable de notre expérience et semble donner sa pleine mesure à ce que cette émotion a fait de nous.
« Je suis dévastée ». Pour ma cliente, la confusion avec son identité, avec ce qu’elle serait devenue, a pour conséquence de la neutraliser, de la mettre dans une impasse et de la figer dans la représentation d’ « une personne dévastée », c’est-à-dire sans repères et dans l’incapacité d’agir.
L’appropriation de ces mots, la nouvelle représentation que ma cliente a alors d’elle-même et qu’elle diffuse auprès de ses proches, la positionne comme une victime paralysée dans l’action.
C’est le danger que le (la) coach professionnel(le) va débusquer.
Reprendre sa marche
Quand la confusion est créée entre l’émotion et l’identité, il est urgent de les séparer. D’abord en clarifiant le fait que cette « dévastation » est un ressenti et non pas un état d’être. Ensuite, en procédant à une exploration précise et concrète de ce ressenti en tant qu’entité extérieure.
Je vais accompagner ma cliente dans l’observation minutieuse de ce que cette « dévastation » produit sur elle, de la manière dont ce ressenti évolue dans le temps. De nouvelles réalités vont peu à peu remplacer l’expérience émotionnelle. Autant de marches qui conduiront ma cliente à trouver des issues, en reprenant sa liberté d'action.
Quitter les mots qui rendent victimes, forger sa résilience