Nouvelles hivernales
Début décembre dernier, j’avais publié comme nouvelles de moi que le « pèlerinage heuristique » que j’avais accompli depuis 2017-18 m’avait conduit en un « lieu » que je ne connaissais pas, dont j’ignorais l’existence, et qui me réjouissais beaucoup. Imaginant que j’étais le seul à y être parvenu.
Olivier Frérot m’avait alors félicité et demandé où je comptais aller ensuite, comme si n’étais qu’à une étape.
Je lui avais répondu que j’avais besoin d’y réfléchir, que je ne le savais pas encore.
Et donc, depuis deux mois, j’ai cherché à comprendre où j’étais arrivé, donc m’en faire une ‘idée’ (‘forme mentale des choses’ en grec) car ensuite je pourrais la ‘représenter’ et donc réussir à vous en ‘informer’.
Mais je crois que l’idée (grecque) porte également une notion d’usage de la chose idéalisée, et en particulier les manières dont on peut s’en servir, en particulier celles efficaces et celles « mesquines ».
Et dès lors, l’usage possible d’un lieu est d’y bâtir un logement, une maison, et que pour y vivre il faut y assurer sa ‘subsistance’, pouvoir y perdurer, et que j’y vois trois moyens possibles : soit l’agriculture pour produire sa nourriture, soit l’industrie pour faire commerce de sa production aux lieux alentours (exportation), qui peut être matérielle ou intellectuelle, ou soit encore le tourisme, donner envie aux gens de venir visiter votre lieu pour y dépenser leurs « devises étrangères » et peut-être même décider de s’y installer si le lieu leur plaît, y devenir comme moi métèques, le coloniser.
Car c’est là où je crois que si le mot ‘homme’ dérive du latin ‘humus’ qui désigne la terre, l’humus n’apparaît pas « miraculeusement » mais résultant de la décomposition des végétaux morts, leur pourrissement, d’après un phénomène que j’ai observé, d’un terrain granitique devenant terreux en 50 ans, à raison de 3 cm d’épaisseur environ.
Et que quand Graeber & Wengrow nous disent que l’homme aurait cessé son nomadisme à l’époque Mésolithique, je me dis qu’en effet, il devient alors réellement ‘homme’ car il s’enracine et enterre ses morts, il produit l’humus qui lui va bien pour grandir, s’épanouir, parvenir à être adulte, à son plein potentiel, et s’y perpétuer sereinement.
Mais c’est alors, si vous êtes un « abonné studieux » à mes publications, que vous savez déjà que je ne parle pas ici d’un « lieu géographique » ou même d’un éventuel « métaverse », mais d’une sorte de « lieu intellectuel » qu’on nomme couramment ‘paradigme’.
Deiknumi (δείκνυμι) en grec est le fait de montrer, dire, dans le sens du ‘teaching’ en anglais (je ne vois pas d’équivalent français hormis le « cours magistral » qui est une forme de discours). Et donc le paradigme (παράδειγμα), ou para-deiknumi, est le fait d’un « motif » (pattern en anglais), qu’on y remarque une répétition, une similarité entre les choses, qui vous permet alors un truc formidable qui est de ‘comprendre’ ce qu’on vous « teach ».
Mais cela va plus loin, comme le montra Copernic qui changea ainsi de « lieu intellectuel », de paradigme, passant du géocentrisme de l’astrologie à l’héliocentrisme de l’astronomie moderne, donc dissociant ces deux « sciences » l’une de l’autre, qui a été de permettre les voyages spatiaux. Grâce à ce nouveau paradigme, on pouvait alors estimer les distances des astres par triangulation, depuis deux positions successives de la Terre du fait de son orbite, et qu’on considérait le Zodiaque comme un repère fixe (jusqu’à réaliser que la Voie Lactée a aussi une rotation orbitale). Le géocentrisme ne le permet pas.
Bien. Nous avons alors « l’idée du lieu intellectuel et de sa nature » et l’envie de nous y installer, d’y bâtir une grande maison où nous pourrons nous y réunir entre amis et curieux, ouverte à qui veut s’y intéresser, pourvu qu’il respecte le lieu. Et celle de nous « enraciner dans un paradigme », où nous nous sentons épanouis, grâce auquel nous semblons comprendre des choses qui paraissent inexplicables aux autres (eg. inconscient en psychologie).
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Or l’assemblée se dit en grec écclésia (ἐκκλησία) d’où le mot ‘église’ qui est en effet « une grande maison où on se réunit », et je dis (deiknumi) ici que la religion n’est pas comme l’a dit Cicéron un « lien avec les dieux » mais un ‘enracinement dans un paradigme intellectuel où s’épanouit la spiritualité’.
Et que donc, m’inspirant de « l’art » qu’emploie l’Alliance Française pour donner envie de venir découvrir la France plutôt que commander d’y aller (cf. Saint-Exupéry à propos de la construction d’un bateau), j’ai fait produire une ‘illustration’ de cette idée de lieu intellectuel par le seul « peintre » que j’ai considéré capable d’y parvenir, le logiciel Dall-E de OpenAI.
Informer c’est mettre en forme, dessiner, et lorsque c’est du domaine de « l’esprit », on emploie en général des phrases que peu de gens saisissent. Donc j’ai élaboré la phrase, la syntaxe, que Dall-E réussissait à comprendre pour me retourner comme un « miroir » l’image de mon idée.
Me disant alors que si cette IA la comprenait, je pouvais espérer que tous les humains y arrivent aussi, ou alors il faudrait grandement s’inquiéter de l’état psychique de l’humanité.
La phrase est : « Montagne enneigée avec vallées contrastées - adret verdoyante avec peu de population et ubac surpeuplée et industrielle. Construire une grande maison idyllique pour réunir des amis et finir ma vie. Utiliser la technique des illustrations de l'art héroïque du Moyen-Âge. »
Voici ce que cela a donné :
Ou sinon :
Ou encore :
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Penser la métamorphose sociétale pour bien agir
1 ansFélicitations Guillaume, ton cheminement intellectuel et ses réalisations graphiques m'emmènent dans le "Sourire" et c'est bon ! Une proposition pour élargir la "maison commune". Peux-tu demander à l'IA d'y ajouter la présence des animaux et des végétaux avec la perspective d'institutions politiques de délibération inter-espèces ?
présidente co-fondatrice d'ARIANELLES
1 ansMerci pour cette publication très intéressante et instructive. Quant à l'illustration créée par l'IA ça ressemble fortement à un paysage suisse ou autrichien dont il faut rappeler que ce sont des pays qui ont su concilier technicité de pointe et qualité de vie communautaire et familiale. Voilà qui pousse à méditer sur l'urgence de revitaliser le territoire dit rural français et de repenser les liens avec les métropoles devenues difficiles à vivre.