Oui à la vulnérabilité.
J’ai écrit il y a quelques temps sur nos « failures » (« Stop à la kakorraphiophobie ! ») mais j’aimerais échanger aujourd’hui sur nos fêlures, celles que nous pensons nous fragiliser, nous rendre vulnérables.
Revenons sur ce mot : du latin vulnus, vulneris (la blessure) et vulnerare (blesser), le vulnérable est, selon le dictionnaire Larousse, celui « qui peut être blessé, frappé », « qui peut être facilement atteint, qui se défend mal ». Le terme a pour synonymes « fragile » et « sensible ».
Hélène THOMAS nous montre que la vulnérabilité convoque deux notions :
· la fêlure d’une part (la zone sensible, fragile, par où arrivera l’atteinte)
· et la blessure d’autre part (qui matérialisera l’atteinte) (H THOMAS)
La vulnérabilité désigne ainsi « une potentialité à être blessé » (MH SOULET)
Pour Brenée BROWN, « La vulnérabilité, c’est avoir le courage de se présenter et d’être vu quand on sait qu’il n’y a aucune garantie ». Elle nous rappelle dans son livre la définition originelle du courage, qui vient du latin ‘cor’, qui signifie ‘cœur’ et sa définition originelle était: raconter qui nous sommes de tout notre cœur. Ainsi, ces gens avaient, très simplement, le courage d’être imparfaits". Elle affirme qu'avoir le courage d’exposer en temps opportun une partie de cette vulnérabilité est une preuve de leadership.
En développant au XVIe siècle la technique appelée 𝐊𝐢𝐧𝐭𝐬𝐮𝐠𝐢 ("jointure en or"), les Japonais avaient déjà bien compris la puissance de la vulnérabilité.
Cette technique consiste à rendre visibles les réparations de céramiques brisées avec un mélange de laque saupoudrée de poudre d’or, rendant l’objet encore plus esthétique. En dévoilant ostensiblement ses fêlures, l’objet n’en acquiert que plus de valeur…
Le Kintsugi – de kin (or) et tsugi (jointure) donc « jointure en or » – non seulement répare mais souligne les réparations du dit objet avec de la poudre d’or.
L’idée est de prendre en compte son passé, les accidents qu’il a pu connaitre.
La casse est donc signe de renouveau, non pas en la dissimulant mais au contraire, en la mettant en valeur. L'objet symbolise ainsi le début d'un nouveau cycle.
Dans son livre « Kinstugi, l’art de la Résilience », C.SANTINI nous propose de suivre ce même processus de kintsugi quand nous rencontrons des épreuves dans notre vie.
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Et si nous envisagions nos fêlures comme nos forces, sur lesquelles nous appuyer dans ce que nous traversons ? L’or dont nous pouvons saupoudrer les blessures : c’est la capacité d’empathie. Considérer, révéler, magnifier nos blessures, c’est s’ouvrir à l’autre, en lui permettant d’afficher en retour ses propres vulnérabilités. Le point de départ de l’attention à l’autre implique cette reconnaissance de notre propre vulnérabilité que nous cachons souvent dans le « paraitre » d’un rôle social délimitant les postures acceptables.
Si nous prêtions attention à ce qui se joue en nous dans ces moments, au lieu de nous échapper ?
Le philosophe Bertrand Vergely propose d’aller au-delà: « Le sens de la vulnérabilité est de nous débarrasser d’une force illusoire pour s’appuyer sur notre potentiel divin » Il illustre cette conviction profonde avec la fable de La Fontaine du lièvre et de la tortue. Le lièvre, le surdoué aurait dû gagner la course mais c’est la tortue qui gagne. En fait, le lièvre croit tellement à sa supériorité qu’il s’en aveugle et part trop tard tandis que la tortue connait et accepte ses limites et en fait bon usage.
Et si nous tentions ce qui est ici proposé ? : savoir rentrer en soi pour utiliser les forces qui s’y trouvent.
Nous conviendrons aisément que nous apprécions, respectons et voulons suivre les gens qui sont authentiques. Nous aimons et recherchons à entrer en contact avec des gens qui partagent leurs vraies émotions – leurs craintes, leurs anticipations, leurs limites, etc. « C’est ce qui les rend humains. »
Mais ironiquement, trop souvent ces mêmes émotions sont cachées quand nous agissons en tant que Leader. Nous éprouvons la nécessité de paraître fort, courageux et en contrôle, puis nous nous demandons pourquoi notre leadership a un impact limité…🙄
Oui, c’est un long chemin qu’il faut choisir de prendre. Pour être authentique, il faut accepter sa vulnérabilité, il faut se connaître, avec ses forces et ses fractures.
Il faut avoir passé du temps (ce temps « nécessaire à » cher à Kairos), à identifier ce que nous sommes, quels sont nos combats, nos valeurs, nos priorités, nos limites, nos plus grandes peurs, nos forces, nos faiblesses, ce « nous » hors croyances limitantes et autres déviances mentales automatiques.
Il est un miroir intéressant pour faire ce premier petit pas vers ce « nous » bien caché. Une idée de ce qu’il est pour moi…. 🐴?
Ingénieure Passionnée des Technologies Propres et des Energies Renouvelables. Experte en projets CCS.
1 anstrès esthétique aussi 😀
Gerant FC BTP pau en Maçonnerie générale et CHARPENTE
1 ansPlus il y a de fêlures et plus on brille 😍