Pas de charrue sans bœufs
Cette année, le photovoltaïque a franchi la barre des 10 % de la consommation d’électricité. Et la tendance à la hausse reste marquée. Face à ces bonnes nouvelles, il est temps de se pencher sur l’infrastructure de base nécessaire – le réseau.
Non seulement les grandes, mais aussi les petites installations de production décentralisées de plus en plus nombreuses doivent être raccordées au réseau. Pour que l’électricité produite puisse être évacuée et redistribuée, les réseaux doivent être renforcés. Sinon, ce serait comme si l’on mettait la charrue sans les bœufs. La conquête de nos toits et façades du photovoltaïque a donc un impact massif sur le réseau électrique, particulièrement sur le niveau le plus bas du réseau de distribution, les rues de quartier du réseau électrique.
Or la réalisation concrète des projets de réseau se heurte à de nombreux obstacles chronophages. Comme toute autre construction, les projets de réseau en dehors de la zone à bâtir font face à un problème presque insoluble: concilier les prescriptions rigides de l’aménagement du territoire, les objectifs de protection, les besoins des agriculteurs sans oublier les contraintes liées à l’exploitation et à l’efficacité du réseau.
Dans la zone à bâtir, la situation n’est pas meilleure pour autant. La Suisse étant en grande partie construite, il est difficile de trouver des solutions pour l’infrastructure dans les zones existantes et densément peuplées. Rares sont les propriétaires fonciers qui accueillent à bras ouverts un transformateur sur leur parcelle... Dans les procédures elles-mêmes, il existe aussi des inefficacités, ce qui retarde les investissements nécessaires.
Recommandé par LinkedIn
L’AES a identifié plusieurs leviers pour accélérer l’approbation des projets de réseau. L’un d’entre eux se trouve dans le droit de l’aménagement du territoire: si l’implantation d’une installation de production hors zone à bâtir est considérée comme imposée par la destination, il devrait aller de soi que ce principe s’applique également à son raccordement au réseau. Cela permettrait enfin de trouver des solutions judicieuses. Un autre levier consiste à appliquer à plus de projets la procédure d’approbation des plans a posteriori, un instrument qui existe d’ores et déjà. Cela faciliterait la réalisation de projets simples et non contestés et, de surcroît, allégerait la charge des autorités. Étant donné que les installations doivent toujours être approuvées par l’ESTI dans le cadre de l’inspection et que les prescriptions pertinentes restent applicables, il n’en résulte aucun risque ou préjudice.
Parmi bien d’autres, ces propositions de l’AES sont désormais sur la table et doivent être mises en œuvre rapidement dans le projet d’accélération de la Confédération pour les réseaux. Afin que la transformation du système énergétique réussisse, les procédures doivent impérativement être accélérées pour tous les niveaux de réseau. Le développement de la production et celui du réseau doivent désormais progresser main dans la main, pour que le charrue ne se retrouve pas sans les bœufs – il en va tout bonnement de la sécurité de planification et d’investissement dans l’approvisionnement énergétique.
Dominique Martin, Responsable Affaires publiques AES