Pour qui concevons-nous les environnements de travail de demain ?
Cette semaine, nous avons assisté au rendez-vous INDEX-DESIGN, une série de journées de conférences, dont la première avait comme sujet le bureau de demain. Une journée vraiment très intéressante, mais dont certaines présentations, ainsi que la table ronde qui a conclu la journée nous ont laissés perplexes et fait réfléchir.
Ce qui nous est resté comme impression à la fin de cette journée, c’est que l’âge de la retraite sera bientôt établi à trente-sept ans et que l’ensemble des emplois de bureau seront dans le domaine de la création. Nous avons beaucoup entendu parler des Z et des milléniaux, jeunes, créatifs et en santé. Mais pas un mot à propos des x ou des boomers qui sont encore, et ce pour quelques années, bien présents sur le marché du travail. Nous n’avons pas parlé, non plus, de ceux qui occupent des postes cléricaux, des personnes à mobilités réduites, de ceux à la santé fragile, des plus petits, des plus grands, des plus gros et de tous ceux dont les particularités font de notre monde ce qu’il est. Cette tendance d’axé les choix en aménagement intérieur sur une génération précise, est également très paradoxale avec la réalité du manque dramatique de main-d’œuvre dont une des conséquences est le report de l’âge de la retraite.
Un des facteurs, qui apparemment distingue les milléniaux et les Z des autres générations, est leur relation intime et fusionnelle avec les technologies et les réseaux sociaux. Ils auraient une double vie, une réelle et une autre virtuelle qu’ils vivent en parallèle... Eh bien, nous sommes désolés de vous apprendre qu’ils n’ont pas le monopole de la technologique ni des réseaux sociaux. Au-delà des préjugés faciles, et de lieux communs, nous vivons tous dans le même monde en constante mutation et nous nous y adaptons tous, non pas selon notre âge, mais selon nos intérêts, notre niveau d’éducation, notre culture et de multiples autres facteurs qui nous distinguent de notre voisin. Nous sommes tous des êtres sociaux, faits de chair et de sang, résilients et conscients de notre environnement, et en ce sens, nous avons fondamentalement les mêmes besoins.
La qualité des environnements de travail doit donc être équitable pour tous, sans distinction et surtout sans discrimination. Nous avons tous besoin, peu importe la génération à laquelle nous appartenons, d’ambiances physiques de qualité, de lumière naturelle, d’un contact avec la nature et d’une bonne qualité d’air. Nous avons tous besoin de pouvoir contrôler notre environnement immédiat pour l’adapter selon nos besoins spécifiques, d’avoir accès à des lieux de socialisation, de communication ou de concentration. Nous méritons tous des environnements de travail confortables et qui nous permettent d’être heureux, quelle que soit notre condition, et ce n’est pas une question de génération.
Avant même les besoins des entreprises, le design intérieur des bureaux de demain doit d’abord s’adresser à l’humain sous toutes ses formes, de toutes les générations et répondre à ses besoins fondamentaux et universels. Mais, même si ça peut y contribuer, pour les architectes et pour la majorité des métiers, ce n’est ni notre chaise, ni la couleur du mur, ni le ‘’bean bag’’ dans la zone ‘’lounge’’ ou la pièce de dodo qui nous apporte la plus grande satisfaction au bureau. Ce qui fait que nous y sommes heureux, c’est d’abord et avant tout la passion que nous avons pour notre métier, la qualité des défis à relever, et surtout, les discussions, et les sourires que nous échangeons avec les gens que chaque jour nous côtoyons.