Pourquoi certaines promotions semblent-elles injustes aux yeux des autres ?
Les promotions en entreprise sont souvent des moments sensibles, générant parfois des incompréhensions ou des frustrations parmi les employés. Quand un collègue bénéficie d’une promotion, cela peut paraître injuste aux yeux de certains, et plusieurs raisons sous-jacentes expliquent ce sentiment.
La perception du mérite subjectif
Les salariés ont généralement une idée bien arrêtée de ce qui constitue une “bonne” performance ou de qui mérite une promotion. Si un collaborateur est perçu comme moins compétent ou moins investi que d’autres, sa promotion peut susciter un sentiment d’injustice. Ce phénomène est renforcé lorsque les critères de promotion ne sont pas clairement expliqués ou partagés.
Comme l’explique Daniel Kahneman, prix Nobel d’économie, l’être humain tend à juger les événements à travers ses biais cognitifs, tels que le biais de confirmation ou le biais d’auto-justification. Ces biais amènent les individus à interpréter les promotions selon leur propre perception de l’équité et du mérite, créant ainsi une dissonance lorsqu’un salarié promu ne correspond pas à cette idée préconçue.
Les réseaux internes et la politique de bureau
L’un des aspects qui alimentent souvent le sentiment d’injustice dans les promotions est la dimension relationnelle au sein de l’entreprise. Comme évoqué plus tôt, la construction de réseaux internes, ou “networking”, joue un rôle crucial dans les processus de décision. Lorsque des promotions semblent liées à des relations personnelles plutôt qu’à des compétences, cela alimente l’idée d’une “promotion à l’affect”. Les employés qui n’ont pas investi dans ces relations peuvent alors percevoir ces promotions comme injustes, car elles ne semblent pas reposer sur la compétence professionnelle.
Une étude de Harvard Business Review a montré que 75 % des employés estiment que les jeux politiques et les relations informelles influencent davantage les promotions que les performances professionnelles objectives. Cette impression renforce l’idée que certaines promotions ne sont pas justifiées, du point de vue des observateurs.
Le manque de transparence dans les critères de promotion
Un autre facteur clé du sentiment d’injustice est le manque de transparence. Lorsque les critères de promotion ne sont pas explicitement communiqués ou compris, les salariés ont l’impression que des décisions arbitraires sont prises. Cela alimente l’idée que certaines personnes sont favorisées, en particulier si les promotions concernent des salariés qui n’ont pas nécessairement montré des compétences visibles ou mesurables aux yeux de leurs collègues.
Des recherches menées par Deloitte ont révélé que les entreprises avec des critères de promotion clairs et bien communiqués obtiennent des niveaux de satisfaction et de motivation bien plus élevés parmi leurs employés. Cela prouve que la transparence peut réduire les tensions et les incompréhensions en matière d’évolution professionnelle.
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La confusion entre compétences techniques et “soft skills”
Comme mentionné précédemment, la valorisation croissante des compétences interpersonnelles ou “soft skills” peut surprendre. Certains salariés qui maîtrisent parfaitement leur domaine technique peuvent estimer qu’ils méritent davantage une promotion que leurs collègues qui ont des compétences sociales ou relationnelles plus développées. Or, dans des rôles managériaux ou stratégiques, ces “soft skills” sont souvent tout aussi, voire plus, importantes que les compétences techniques.
Amy Edmondson, professeure à la Harvard Business School, explique que la compétence technique est un prérequis, mais que la capacité à collaborer efficacement, à diriger des équipes et à gérer des crises est devenue un critère de promotion décisif dans les entreprises modernes. Pour un observateur extérieur, qui ne voit pas toujours ces qualités relationnelles en action, une promotion peut sembler injustifiée, simplement parce que ces compétences “invisibles” sont difficiles à mesurer ou à observer au quotidien.
Le sentiment de favoritisme et la perception des biais
Enfin, certaines promotions peuvent être interprétées comme du favoritisme, en particulier dans des environnements où la diversité des promotions n’est pas évidente. Des études montrent que les employés peuvent percevoir des biais liés au genre, à l’ancienneté, ou encore à la proximité géographique avec la direction. Par exemple, une analyse du McKinsey Global Institute a souligné que les femmes et les minorités sont souvent sous-représentées dans les processus de promotion, ce qui crée un sentiment de frustration et d’injustice parmi les salariés concernés.
De la même manière, si des salariés jugent qu’un collègue a été promu parce qu’il entretient une relation privilégiée avec la direction ou partage des affinités personnelles, ils auront tendance à interpréter cette promotion comme injuste. Le favoritisme, ou son apparence, est l’un des éléments les plus délétères pour la motivation des équipes.
Mot de la fin
La perception de l’injustice dans les promotions découle de plusieurs facteurs combinés : des critères de promotion opaques, la valorisation croissante des compétences interpersonnelles, les réseaux internes, et la perception du favoritisme. Pour atténuer ce sentiment d’injustice, les entreprises doivent améliorer la transparence dans leurs processus de promotion et s’assurer que les critères soient objectifs et compris par tous. Cela permet non seulement de renforcer la confiance des salariés, mais aussi de garantir que l’évolution professionnelle soit perçue comme juste et méritée par l’ensemble des collaborateurs.
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