Quand le Bitcoin s’invite en politique

Quand le Bitcoin s’invite en politique

Signe de l’importance de l’économie numérique d’un point de vue mondial, la géopolitique continue en 2022 de s’y inviter. Après les relations tendues sino-américaines, au tour de la Russie et du Kazakhstan d’y aller d’une certaine influence.

Des manifestations contre le pouvoir en place, contre l’augmentation insoutenable du cout de la vie et une coupure d’Internet plus tard, c’est 13% des capacités mondiales de minage du bitcoin qui disparaissent, entrainant une forte chute de son cours et une certaine inquiétude pour les détenteurs de cet actif. Jamais un événement géopolitique n’avait affecté auparavant aussi rapidement la confiance des investisseurs.

Malgré tout, c’est une histoire qui se répète, mais dans un paysage qui a changé. En septembre 2017, la décision des autorités chinoises d'interdire les levées de fonds réalisées en cryptomonnaies, avait fait reculer le cours du bitcoin de 4951$ à 4320$ en 3 jours (oui je sais, ça fait mal. Il y a 4 ans, le cours du bitcoin était 10 fois moins élevé). Deux ans plus tard, en septembre 2019, la Chine passait de 75.5% de la puissance totale utilisée par les ordinateurs pour le minage de Bitcoin, à 0%. Décision politique, soi-disant pour des raisons environnementales, mais aussi pour favoriser la devise crypto officielle chinoise, et faisant au passage chuter temporairement de 8% le cours du Bitcoin. Quand je parle de contrôle que la Chine opère sur ses technologies, c’est de ça aussi dont je parle. Quand les transactions financières peuvent se faire sans l’accord des autorités institutionnelles, ça ne plait pas. Bref, avec cette décision, la part du Kazakhstan qui était à l’époque de 1.4%, se retrouve aujourd’hui à 18.1%, propulsant le pays en 2ème position après les USA. Les USA qui elles aussi ont profité de la décision de la Chine, puisqu’en septembre 2019 elles pesaient 4.1% et deux ans plus tard, c’était 35.4%. La Russie, quant à elle, a connu une progression moins soutenue, pour passer de 5.9% à 11.2%.

On comprend donc que la coupure d’Internet temporaire au Kazakhstan n’a certainement pas autant d’importance que prétendu, mais, c’est tout de même un signe : on peut dorénavant contrôler certains aspects de l’économie juste en déploguant un pays des internets. Et rappelez-vous… la Russie a testé ça : se débrancher de l’Internet mondial pour tester son propre Internet local. J’en avais parlé dans un de mes billet. Alors si le Kazakhstan a vu 110 nouvelles entreprises en minage s’installer chez eux, juste entre les mois de juillet et décembre 2021 parce que ses coûts d’électricité sont bas, ce pays devient donc une cible économique 2.0, surtout quand on sait que les USA ont annoncé un resserrement de leur politique monétaire, minant (sans faire de jeu de mots) le goût du risque des investisseurs. Autre cible potentielle à venir, le Kosovo qui semble afficher une réelle volonté de s’inviter à ce « crypto-party » mais qui pour le moment ne représente que 0.01% des capacités de minage mondiales de bitcoin.

Et le Canada dans tout ça ? Et bien sachez que selon le Cambrige Bitcoin Electricity Consumption Index, nous représentons tout de même 9.55% du minage mondial de bitcoin, loin devant la France et la Grande-Bretagne, avec respectivement un maigre 0.2% et 0.25%.

Patrick St-Louis

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2 ans

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