Qu'est-ce que la ville?
Un amalgame cohérent
Qu’est-ce que la ville? Cette question persiste depuis fort longtemps et nombreux sont ceux qui ont laissé couler l’encre pour tenter d’en discerner ces multiples facettes. La ville comme on l’entend la plupart du temps est signe d’une concentration de gens vivant en société, organisée et dynamique, possédant certaines compétences à s’adapter selon un mode de vie structuré. La ville possède un marché économique, une structure politique, un corpus social et un portrait spécifique. On saura différencier Paris de Tokyo, Montréal de Los Angeles. Mais reste que la ville comme concept possède des limites imprécises et tenter de la définir est l’objet d’un travail long et d’arrache pied. « Comprendre la ville aujourd’hui suppose, peut-être plus que jamais, l’adoption d’une perspective pluridisciplinaire. En effet, la complexité des réalités urbaines […] exige que l’on envisage la ville sous de multiples aspects, parfois disparates en apparence mais, à l’analyse, toujours complémentaires. » (Delorme, 2005a)
Ici, on tentera de tracer le portrait de la ville sous plusieurs angles, plusieurs disciplines, afin d’en établir une base qui puisse être « appropriée », et non absolument exacte au phénomène. « L’urbanisme, la géographie, la sociologie, la science politique, l’économie, aucune de ces disciplines scientifiques ne possède à elle seule les instruments pour étudier la totalité du phénomène urbain. Mais toutes ces sciences sociales, et d’autres encore, contribuent à analyser la ville, à mettre en lumière ses multiples dimensions. » (Delorme, 2005b) On verra donc la ville comme un établissement humain dans l’espace, un phénomène de diversité sociale et ethnique, un système économique, une œuvre d’art et enfin, comme un objet d’étude.
La ville comme un établissement humain dans l’espace
D’abord, un premier point de vue s’impose pour la ville, comme étant une entité en elle-même, sur un territoire donné. La ville considérée comme un organisme autonome interfère avec son milieu de plusieurs façons. Une ville sera divisée en secteurs, lesquels sont identifiables et distincts, ayant une spécialisation quelconque. Certains seront à dominante résidentielle, certains seront davantage industriels. On retrouvera également un secteur industriel, cœur de production des biens qui sont non-agricoles, qui répondent aux besoins de la société, en occurrence les habitants de la ville. Il est important de dire que chacun des secteurs de la ville est en constante interaction avec ses secteurs limitrophes, voire même avec le reste de la ville. Certains auront en commun des mouvements de population, certains auront des infrastructures de transports similaires ou totalement différents, autour desquels s’articulent certains axes de développements immobiliers. La ville possède son propre système de valeur foncière, identifiant les endroits urbains les plus désirés par les citoyens, les entreprises ou même les touristes. Une ville possède également son propre système d’organisation politique, séparant de façon administrative et stratégique son territoire afin de mieux le gérer. Habituellement, ces divisions administratives respecteront les axes et pôles de développement commerciaux, industriels et résidentiels. Cet ensemble est complété par la population même, corpus social et communautaire, véhiculant des valeurs et des traditions.
La Mobilité : le fait de changer de position dans un espace réel ou virtuel, qui peut être physique, social, axiologique, culturel, affectif, cognitif.
« On peut caractériser les villes comme la recherche par les sociétés humaines de performances accrues » (Ascher, 2003), justifiant ainsi la continuelle recherche d’innovations au niveau des infrastructures de transports, des communications, de la médecine, de la technologie, etc. Étant un milieu en constante évolution à tous ses niveaux, la ville stimule le développement urbain selon plusieurs optiques de planification. Les secteurs centraux seront de plus grande densité que les secteurs périphériques. Leur avantage étant la proximité du centre-ville, la valeur foncière se trouve directement influencée et il est donc nécessaire d’avoir une plus grande densité pour accentuer la valeur d’usage des secteurs (lots, terrains). Selon la théorie de la rente foncière, plus on s’éloigne du centre, plus la valeur foncière aura tendance à s’affaiblir. De ce fait, différentes densités d’occupation du sol sont observées, notamment dans les secteurs périphériques, communément appelés les banlieues. Des innovations au niveau des transports permettent notamment aux populations ouvrières d’éviter la grande densité des secteurs centraux et de s'en éloigner. « Une étroite liaison s’établit entre la ville et la campagne environnante; les relations sont surtout commerciales (approvisionnement) au début; mais elles passent bientôt sur le plan du peuplement. […] L’ouvrier peut choisir un domicile à son gré, même hors des limites urbaines, réalisant la vie à la campagne et le travail en ville. » (Clozier, 1945) Après l’exode rural, on assiste progressivement à l’exode urbain, qui consiste en la fuite de la ville-centre vers les secteurs banlieusards.
Les innovations au niveau des transports font donc de la ville un lieu extrêmement dynamique, et donc fortement dépendant de la mobilité. Étant un enjeu de plus en plus important, la mobilité signifie « le fait de changer de position dans un espace réel ou virtuel, qui peut être physique, social, axiologique, culturel, affectif, cognitif. […] Les sociétés se sont organisées en fonction de cette représentation du monde. Elle justifie le développement de la mobilité sociale, l’importance de la recherche scientifique, la valeur unanimement accordée à la croissance économique, […] l’idéologie américaine de la frontière et aussi l’État providence» (Bourdin, 2002). Les modes de vies sont désormais très influencés par la mobilité, se basant régulièrement sur l’élément spatio-temporelle. Du centre-ville à la banlieue, on retrouvera conséquemment différent type de population, vivant dans des milieux de vie complètement distincts.
La ville comme diversité sociale et ethnique
À l’échelle de l’individu, la ville apparaît comme une concentration urbaine de phénomènes sociologiques, de faits culturels et sociaux : Internet, certaines associations de citoyens, les incivilités, les nuisances sonores, les transports ainsi que les lieux publics. La ville est en fait un grand lieu public qui possède certaines densités d’habitation selon ces secteurs. Plus ce sera dense, plus le contact social sera fréquent. « La ville est de prime abord une agglomération de populations dans une étendue limités. […] Néanmoins, l’élément fondamental de la ville est la proximité spatiale, qui permet le déploiement des réseaux économiques et sociaux et la multiplication des relations de service. » (Fijalkow, 2002) La forme sociale de la ville se répartira selon les usages et activités, c’est-à-dire selon les espaces résidentiels et économiques, selon les formes d’habitations et de peuplement.
Plusieurs approches sociologiques de la ville ont été avancées, la plus connue étant celle de l’École de Chicago. C’est par le fruit de sa réussite au niveau de son développement industriel et par sa localisation géographique que Chicago devient une des principales villes des mouvements migratoires de la population étrangère. En 1840, la ville compte près de 4500 habitants alors qu’à la fin des années 1910, la population se chiffre à près de 2,7 millions d’habitants.
L’implication du système capitaliste de l’époque fait en sorte que les nouvelles populations migrantes trouvent des emplois, mais les conditions de vie sont déplorables. Les investissements de capitaux sont redistribués dans le développement même des industries et l’exploitation de la main-d’œuvre est un phénomène quotidien. Due à cette énorme croissance, la ville fait preuve de graves problèmes sociaux : chômage, exploitation, crise du logement, luttes ouvrières, ségrégations, émeutes, délinquance. Cette situation est très problématique et plusieurs chercheurs initient des réflexions sociologiques à même la ville de Chicago. La question fondamentale de l’intégration sociale motive les chercheurs à examiner les différents phénomènes et il en résulte une nouvelle approche, l’écologie urbaine. Cette approche « se fonde essentiellement sur une observation de la réalité concrète des villes, puis élabore une théorie qui confirme que non seulement cette réalité urbaine est le reflet de la nature humaine, mais que, plus encore, elle est inéluctable et même souhaitable. » (Delorme, 2005b)
Le portrait ethnique de la Chicago de l’époque reflète bien les possibilités de diversité de population que l’on peut retrouver dans la ville, considéré comme « un établissement important, dense et permanent d’individus hétérogènes. » (Fijalkow, 2002) Cette même diversité peut créer plusieurs autres problèmes, notamment la ségrégation et l’agrégation. Sous des aires morales, les individus se rassemblent selon leur intérêt ou le rôle qu’ils peuvent jouer au sein de certaines organisations. Ils se regrouperont également selon les différentes revendications qu’ils auront vis-à-vis un enjeu commun. Ce phénomène de rapports entre différents groupes est étudié entre autre par l’analyse marxiste, qui « rompt définitivement avec une vision essentiellement empirique de la ville pour tenter de découvrir ce qui, derrière l’observable, construit la ville » (Delorme, 2005b).
Depuis maintenant quelques dizaines d’années que l’analyse marxiste n’est plus au cœur des débats, mais la diversité des populations urbaines continuent d’augmenter. « Espace aux représentations collectives en mouvement et lieu résolument d’expression des acteurs sociaux, […] la ville est devenue le champ de différenciations sociales et ethniques en transformation au cours des 30 ou 40 dernières années. » (Paré, 2005) Voilà une fois de plus ce qui explique que la ville possède une grande dimension sociologique.
La ville comme un pôle économique
Il sera d’avantage question de la ville comme le résultat de l’urbanisation lorsqu’on parle de celle-ci comme un pôle économique. « Les fondements de l’urbanisation sont en grande partie économiques » (Polèse & Shearmur, 2005), et le développement de la ville en est incontournable. Depuis même avant l’ère de l’industrialisation que les villes dépendaient de la structure économique de la région. Afin d’obtenir le phénomène d’urbanisation, trois conditions étaient nécessaires : la hausse soutenue des revenus per capita, l’élasticité-revenu inférieur à 1,0 pour les produits agricoles et finalement l’existence d’économies d’agglomérations issues de la production des biens non-agricoles.
La révolution industrielle initie plusieurs sociétés, notamment l’Angleterre, à de nouveaux procédés industriels qui permettent de multiplier les capacités de production de biens et services. « En moins de deux siècles, la production mondiale de biens industriels s’est trouvée multipliée par plus de 200. » (Polèse & Shearmur, 2005). S’en suivent une évolution dans la population planétaire, laquelle témoigne de changements profonds au niveau du mode de vie. Certaines innovations technologiques et médicales accompagnent les progrès industriels, ce qui résulte en une augmentation considérable de la population.
Jusqu’à tout récemment, le monde était majoritairement rural. Au début du 20e siècle, moins de 10% de la population planétaire habitait dans les villes. Un siècle plus tard, plus de la moitié des gens se retrouvent dans une agglomération urbaine (Polèse & Shearmur, 2005). C’est donc un phénomène très récent qu’est l’urbanisation. Pour la ville, son développement dépend avant tout des trois critères précédemment mentionnés. L’enrichissement de celle-ci, ou du pays, provoquera une baisse progressive de la part de marché des produits agricoles. Ce sont donc les produits issus de la ville qui prennent plus d’importances, d’autant plus que les entreprises sont de plus en plus nombreuses à s’implanter en ville. Les emplois se font plus nombreux, le revenu réel per capita augmente et l’urbanisation s’accélère. Se génère ensuite des économies d’agglomération avec le regroupement d’entreprises de secteurs connexes de production et il en résulte la démarcation d’un point stratégique, économique. Habituellement situé au centre de la ville, ce point deviendra un pôle d’attraction, autant pour la population en recherche d’emploi que pour les entreprises. Par les avantages de localisation de terrains, de réseaux de transports et de bassin de main-d’œuvre, certaines villes se démarqueront et on établira de véritables conditions de marchés et d’échanges.
Aujourd’hui, le phénomène s’élargit à une échelle planétaire et se résolve par des échanges transcontinentaux. Les méthodes de production sont de plus en plus spécialisées et les secteurs de l’économie proprement dite ne s’établissent plus seulement en fonction d’avantages de localisation, mais aussi en fonction d’avantages de production. C’est-à-dire que certaines multinationales iront implanter les usines de fabrication dans un pays (souvent les PED) en raison des faibles coûts de main-d’œuvre, et installeront leur siège social dans un pays différent, sur un autre continent en raison de la visibilité que la ville procure. La mondialisation va de sorte que « les économies occidentales concentrent les activités tertiaires de recherche et de développement, de management et de services supérieurs, [et] les pays en développement se spécialisent dans les activités manufacturières. » (Polèse & Shearmur, 2005)
La ville comme une œuvre d’art
D’un point de vue moins rationnel et beaucoup plus créatif, la ville représente une véritable œuvre d’art de par sa composition architecturale, ses représentations artistiques qu’on y rattache et son histoire. D’un continent à l’autre, les villes présentent des portraits extrêmement variés et ce pour plusieurs raisons. Le caractère riche et noble des bâtiments victoriens et géorgiens de Londres est très distant du langage populiste et social que dégagent les grands ensembles de Paris. Même dans la configuration des villes, les principes empruntés lors de leur planification font référence à des cadres réglementaires qui reflètent les valeurs et les dimensions privilégiés dans leur société communes.
Les saignées d’Haussmann commandées par Napoléon III dans le Paris de l’ouest sont unanimement considérées comme les interventions urbaines les plus massives de l’Europe du 19e siècle. Le plan orthogonale de Cerdà à Barcelone sera un des plus révolutionnaires de son époque et sera le précurseur des grandes planifications urbaines des siècles à venir. La démolition des fortifications de Vienne en 1857 change le portrait de la ville qui est à un stade de densification extrême, réclamant plus d’espace pour l’urbanisation. Il en résulte un grand projet orienté autour du Ringstrasse, aujourd’hui encore un symbole important de l’aristocratie autrichienne. Que ce soit pour des motifs sanitaires, militaires ou d’embellissement, ces interventions ont façonné le portrait morphologique des villes au travers de l’histoire.
L’architecture est l’une des grandes composantes d’une œuvre d’art que peut représenter la ville. Londres présente des bâtiments ayant des traits architecturaux reflétant la société anglaise. La linéarité dans les constructions, les innombrables colonnes et couronnements victoriens illustrent les tendances du régime britannique royal. L’importance est mise sur la grandeur, l’abondance et sur les symboles de la royauté que représentent les palais. Les grands lieux, les parcs privés riches en verdure et couvrant de grands espaces, les gentlemen clubs réservés aux hommes de la haute société, traitent de l’énorme influence de la noblesse et de la haute bourgeoisie. C’est tout le contraire à Paris, où la linéarité est plus rare, les étages de bâtiments ne sont pas de la même hauteur d’un bâtiment à un autre. L’architecture est plutôt simple, avec quelques touches baroques et médiévales. Le nombre d’étages sera très variables, tout comme le type de résidents qu’on y retrouve d’ailleurs. Cette idée d’invasion des styles architecturaux par la bourgeoisie est plus passive à Paris. On met plus d’accent sur les décorations intérieurs dans les lieux publiques comme les cafés et restaurants. Un troisième type d’architecture, plus raffiné celui-là, est le style romantique et humaniste de la ville de Vienne, où les bâtiments sont ornés de statue imbriquées à même la pierre, les murs reflètent des textures particulière, les entrées sont agrémentées de pilastres, linteaux et chapiteaux. On crée une sorte de jeu d’ombrage avec le soleil, afin d’aggraver les contrastes et rechercher l’émotion chez le passant. Vienne est une ville de superficialité. Les façades seront, pendant le siècle dernier, l’élément le plus important des bâtiments. Le riche aristocrate veut avant tout impressionner ses invités avec la devanture de son palais et ensuite les inviter dans une de ses nombreuses salles de réception : l’apparence est primordiale (Olsen, 1986). Barcelone, enfin, sera une ville plus gothique, plus dramatique, en exploitant le style architectural de Gaudi. On recherche à donner une dimension plus brute à la construction des bâtiments, l’architecture épousant certaines formes plus naturelles, rondes et organique, et ayant une grande variété de couleurs. L’œuvre de Gaudi sera répétée à travers la ville de Barcelone, ce qui en fait une ville unique au monde.
Également, on mentionnera la grande contribution du design urbain dans les villes. La plupart du temps exprimés sous forme de places publiques ou de monuments, ces éléments de la ville reflètent la culture et le passé d’une société. Ces éléments représentent parfois des victoires militaires, des personnages politiques ou artistiques très influents, une idéologie ou même le pouvoir. Ce sont des lieux d’expressions formant le visage d’une ville. On pense entre autre à des villes comme Rome, Athènes, Moscou, Paris, Washington ou Rio de Janeiro, où certains de ces éléments illustrent la culture locale.
Tous ces exemples démontrent que l’histoire des villes définit le portrait actuel de celles-ci, que ce soit par les interventions urbanistiques, par les styles architecturaux empruntés ou par les différents régimes politiques qui se sont succédé. Chaque ville est avant tout, une œuvre d’art, un ensemble complexe de bâtiments, de rues, de phénomènes, d’expériences et d’activités dans un lieu et un temps donné (Olsen, 1986). Elle possède un patrimoine architectural et culturel, lequel s’exprime à travers les différentes caractéristiques du bâti.
La ville comme objet d’étude
Il s’agit sans doute de la plus conceptuelle des visions que de considérer la ville comme un objet d’étude. À la fois matérielle et insaisissable, la ville regroupent toutes les visions vues précédemment, en plus d’une panoplie de théorie de développement et de fonctionnement. Quoique son objet d’étude reste flou, la science de la ville, l’urbanisme, « emprunte ses méthodes, démarches et concepts aux sciences parcellaires. […] D’abord, en tant que synthèse qui se voudrait totale et qui ne peut consister, à partir de l’analytique, qu’en une systématisation et une programmation stratégiques. Ensuite, parce que l’objet, la ville, en tant que réalité accomplie, se décompose. » (Lefebvre, 1968) Afin de pouvoir l’étudier, on fait appelle à la dimension historique de la ville, cette dernière étant constamment en évolution. Sinon, « l’objet de la science n’est pas donné. Le passé, le présent et le possible ne se séparent pas. […] Plus que tout autre objet, [la ville] possède un caractère de totalité hautement complexe, à la fois en acte et potentielle, que vise la recherche, qui se découvre peu à peu, qui ne s’épuisera que lentement et peut-être jamais. » (Lefebvre, 1968)
Même lorsque nous plongeons dans le passé des villes afin de discerner les différents courants théoriques qui ont guidé l’urbanisation par les siècles passés, on y retrouve un amalgame extrêmement complexe d’idées qui se contredisent les unes des autres. Certains courants, parmi les plus connus le fonctionnalisme, le mouvement des Cités Jardins, le structuralisme, le post-modernisme, l’instrumentalisme ou encore le nouvel urbanisme, exposent des principes urbanistiques à la fois très différents, qui convergent toutefois vers une conclusion qui peut sembler paradigmatique : le droit à la ville. Proposé par le célèbre auteur et sociologue Henri Lefebvre, ce droit vise principalement les revendications vis-à-vis un milieu de vie urbain, trouvant sa priorité dans sa valeur d’usage. La ville trouve son « inscription dans l’espace d’un temps promu au rang de bien suprême parmi les biens, trouve sa base morphologique, sa réalisation pratico-sensible. » (Lefebvre, 1968) En vertu de ce droit, il demeure tout de même que la ville est un milieu extrêmement complexe à maîtriser. L’urbanisme évoque certains modèles théoriques de développement urbain, ou des préoccupations normatives, en se basant sur des faits qui sont réels et avec lesquels il faut composer en permanence.
Dès lors, le champ d’étude de la science de la ville semble pluridisciplinaire, mais aussi imprécis et difficile à discerner. « Cette nouvelle science sociale a dû son éclosion à la nécessité de discipliner des métamorphoses extrêmement complexes et déroutantes » (Bardet, 1941) qui construisent la ville.
Un produit de forces en mouvement
Par toutes ces visions, on a tenté de définir un portrait qui soit le plus révélateur possible de la réalité de la ville. Cette dernière reste complexe et la définir de façon exacte est, d’après les arguments mentionnés ci-haut, pratiquement impossible. Ainsi, les approches théoriques restent les meilleures références pour définir la ville, tant que les faits réels ne sont pas pris en compte. Bien évidemment, une méthodologie du genre serait inappropriée pour interpréter la ville, cette dernière étant construite par ses habitant et étant un produit de forces en mouvement.
La ville est globalement constituée de plusieurs éléments de différentes natures, de différentes disciplines scientifiques. Autant l’architecture, la sociologie, la géographie, l’économie, la science politique que l’urbanisme, sont des disciplines essentielles à la définition de la ville. Mieux encore, bien qu’elles sont disparates en leur théories, elles sont complémentaires les unes aux autres. Elles contiennent une partie du casse-tête qu’est la ville.
Bibliographie
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