Rapport de la "commission écrans" : un problème sociétal ou une question politique ?
Le rapport sur l'exposition des jeunes aux écrans, commandé par Emmanuel Macron, recommande des restrictions, comme l'interdiction des téléphones avant 11 ans et des réseaux sociaux jusqu'à 15 ans. La commission souligne les risques sanitaires et sociaux, mais suscitent le débat sur l'applicabilité et l'efficacité de telles mesures. Certains mettent en avant l'importance de l'éducation numérique et de la régulation des contenus en ligne, tandis que d'autres critiquent les interdictions généralisées et appellent à une approche plus nuancée et éducative.
Restrictions & Recommandations
Des experts mandatés par Emmanuel Macron proposent des mesures pour limiter l'exposition des jeunes aux écrans, telles que l'interdiction des téléphones avant 11 ans et des réseaux sociaux jusqu'à 15 ans. Ils insistent sur la responsabilité des entreprises dans la protection des enfants en ligne et recommandent l'accès à des réseaux sociaux éthiques dès l'âge de 15 ans.
Risques & Conséquences
Le rapport souligne que les enfants sont devenus une marchandise pour l'industrie, mettant en lumière les risques sanitaires et sociétaux tels que les problèmes cardiovasculaires, de poids, de sommeil et de vision. Certains effets néfastes sont établis, notamment les troubles du sommeil et le surpoids en lien avec la sédentarité, mais d'autres restent difficiles à évaluer.
Quand on retire les effets du contexte socio-économique, on se rend compte que les effets des écrans sont beaucoup plus faibles qu'au premier abord.
Source : Séverine Erhel dans Dépression, troubles du sommeil, retards de développement... De quoi les écrans sont-ils vraiment responsables ?
Cadre Éducatif & Législatif
Les recommandations soulèvent des questions sur les politiques actuelles encadrant l'utilisation des écrans à l'école, malgré des directives existantes pour l'éducation numérique. Les débats incluent l'efficacité des interdictions de téléphones portables dans les écoles et la nécessité d'une éducation numérique progressive.
Ces interdictions me semblent difficilement applicables. Je m'interroge d'abord sur la faisabilité juridique et l'atteinte à la liberté qu'elles pourraient engendrer : le droit d'accès à l'information et à Internet est garanti par la loi. Et les mineurs sont des citoyens comme les autres. Nous n'allons pas aller dans les familles pour les sanctionner ou dénoncer ceux qui n'interdisent pas les écrans à leurs enfants.
Source : Anne Cordier dans Rapport sur les écrans et les enfants : les préconisations sont-elles applicables ?
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Complexité du Débat
La polarisation des opinions rend difficile un débat constructif sur le sujet. Certains insistent sur la nécessité de reconnaître les pratiques numériques réelles des jeunes et de réguler les activités en ligne, tandis que d'autres critiquent les mesures d'interdiction généralisée et appellent à une approche plus nuancée et éducative.
Pour que toute notre société s'approprie au mieux ces technologies, peut-être faudrait-il arrêter d'en dégoûter nos futurs adultes en leur martelant jour après jour dans les médias ou à l'école que le numérique n'est qu'un désastre sanitaire, un danger pour la planète ou la démocratie, une addiction malsaine, etc.
Source : Pierre Beyssac dans Hyperconnexion des enfants aux écrans : et les experts consultés par le gouvernement firent des propositions… totalement déconnectées
Critiques & polémique
Le rapport suscite également des critiques concernant ses recommandations, notamment en raison de la présence de personnalités controversées. D'autres mettent également en garde contre une focalisation excessive sur les écrans au détriment d'autres problèmes sociaux et appellent à une approche plus systémique et équilibrée.
"Les écrans ne sont pas à l'origine des troubles du neurodéveloppement ou trouble du spectre de l'autisme", est-il clairement écrit. Mais ses auteurs apportent toutefois une nuance étonnante : "Il convient de signaler qu'une exposition excessive aux écrans peut aggraver des symptômes liés à ces troubles chez les enfants qui en souffrent", est-il écrit. Une idée que réfute la Pr Catherine Barthélémy, pédopsychiatre, grande spécialiste française des troubles neurodéveloppementaux et actuelle président de l'Académie de médecine : "A ce jour, je n'ai pas vu d'études scientifiques validées par la communauté internationale apportant la preuve que l'utilisation excessive des écrans pourrait aggraver les troubles du spectre autistique ou leurs symptômes", confirme-t-elle.
Source : Anthroposophie, autisme… Les étranges contributions au rapport sur les enfants et les écrans
Ici & Ailleurs
Vu de Belgique, les régulations politiques relatives à l'âge d'accès aux smartphones et aux réseaux sociaux reflèteraient une idéologie plutôt qu'une approche scientifique.
On quitte la question des données scientifiques pour arriver à une entreprise quand même très politique et idéologique. Une certaine idée de l’adolescent et d’une jeunesse qu’il faudrait discipliner, dont l’imaginaire a été perverti ou est perverti par les médias sociaux. C’est une musique assez présente en France.
Conseillère pédagogique - Formatrice
8 moisMartin Tazlari
Pour résumer (en une phrase): Un pas en avant deux pas en arrière. Rappelons ici qu'en 2021 fut demander par le président, un rapport de commission "Les lumières à l'ère numérique" dite commission Bronner. Nous pouvons également prendre en compte les travaux du CNNum et notamment le dossier "Votre attention, s'il vous plaît !" ou bien "Pour un numérique au service des Savoirs". Ce n'est donc qu'un rappel ! Nous pouvons aussi rappeler que la question "Faut-il interdire les écrans aux enfants ? " était déjà posée à partir de 2009.. Alors qui devons-nous responsabiliser ? Que pouvons-nous réguler ? Un téléphone est fait pour recevoir et passer des appels, si un enfant de 12ans demande un smartphone pour Noël -deux décennies en arrière les jeunes ados demandés une télé dans leurs chambres (émancipation)- comment les parents peuvent-ils réagir pour un outil technologique qui ne maîtrisent pas eux même dans la plupart des cas? Peuvent-ils dire "non" (de plus sans devoir se justifier) quand cela fait déjà 2ans qu'on lui dit qu'il est trop jeune alors que certains camarades qu'il côtoie en ont déjà un depuis leur 10 printemps. Pourquoi n'envisageons nous pas que le smartphone puisse ne pas avoir de connexion internet ?