Dans les forêts de Sibérie
Lecture, confinement J13.
Choix du jour : le beau récit de Sylvain Tesson sur ses six mois passés dans une cabane en Sibérie
« Dans les forêts de Sibérie » de Sylvain Tesson
Je me souviens très bien de l’article d’un vieux GEO des années 80 (un de ceux qu’on feuillette distraitement dans les toilettes, à la couverture verte délavée par le temps), racontant la découverte d’un ermite et de ses enfants ayant passé plusieurs dizaines d’années dans la Taïga. C’était plein de noms russes tout droit sortis de Michel Strogoff (Irkoutsk, Ienisseï…) et j’étais fasciné par le destin des enfants, devenus adultes loin de la société et morts rapidement à son contact, de maladies dont ils n’avaient développé aucune résistance.
C’est un projet plus modeste qu’a mené à bien Sylvain Tesson, en passant 6 mois dans une cabane sur les rives du lac Baïkal. Le démarrage est enlevé, plein d’humour, puis le récit s’engourdit avec les neiges de l’hiver. Soutenu par les livres et la vodka, Sylvain Tesson redécouvre la joie des plaisirs simples, ce qui est convenu, se frotte à l’âme russe (et rugueuse), ce qui est attendu. Mais sa sincérité et l’intérêt de ses réflexions solitaires magnifient son carnet de bord. Il a la sagesse de rendre hommage à la nature (et tout particulièrement aux états d’âme du lac Baïkal) en empruntant aux anciens, comme Giono dans le merveilleux « Chant du monde ».
Un récit juste et touchant.