Responsable mais pas coupable

Responsable mais pas coupable


Qui saura trouver la « juste » combinaison de responsabilité décroissante de l’histoire ci-dessous entre la femme 1, le mari 2, l’amant 3, le fou 4, l’ami 5, le passeur 6 ?

« Une femme délaissée par son mari fait une rencontre. Son amant vit de l’autre côté de la rivière ; elle se rend chez lui en passant sur un pont.

Un jour, elle se dispute violemment avec son amant et décide de rentrer chez elle. Sur le pont, elle rencontre un fou qui menace de la tuer si elle s’approche.

Elle va alors à la rencontre du passeur en barque, qui lui demande trois euros pour traverser la rivière. Hélas, elle n’a pas d’argent. Le passeur lui refuse le passage.

Elle demande de l’aide à un ami qui la convoite en secret depuis longtemps et auquel elle n’a jamais cédé ; elle le supplie de lui prêter trois euros. Lui aussi refuse.

Elle ne sait plus que faire ; son mari va rentrer ; elle décide de traverser le pont.

Le fou la tue ! »

Vous le savez ou le pressentez, il n’y a pas de juste réponse !

Nietzsche dit qu’il n’y a pas de fait, il n’y a que des interprétations.

Ainsi, l’homosexualité – le fait - était punie par la loi, il y a 40 ans – interprétation - et désormais, c’est l’homophobie – autre interprétation-.

Ghandi enfonçe le clou en disant que « chacun de son point de vue, a raison, mais, il n’est pas impossible que tout le monde ait tort »

L’analyse combinatoire de cette histoire offre 6x5x4x3x2x1 possibilités de réponses, soit 720.

Imaginons des pourcentages libres du genre « le fou est responsable à 13%, le mari à 18%.... », et nous n’aurons plus alors deux avis convergents.

C’est dire la panique de nos gouvernants qui cherchent à établir la hiérarchie de responsabilité au sujet de la révolte de nos jeunes !

Edgar Morin, le pape de la complexité, aura 102 ans demain 8 Juillet. Il a toujours soutenu que « nous restons incapables de connaître le tissu commun des choses. Nous ne voyons que les fils séparés d’une tapisserie. Identifier les fils individuellement ne permet jamais de connaître le dessin d’ensemble de la tapisserie ».

Emmanuel MACRON connait son Pierre Queuille sur le bout des ongles, celui qui disait : « Il n'est pas de problème dont une absence de solution ne finisse par venir à bout ».

Il est inévitablement tenté de ne rien faire en « priant » que la révolte de ceux qui sacrifient l’avenir au présent ne se transforme pas en révolution de ceux qui sacrifient le présent à l’avenir.

Au risque d’apparaître prétentieux, je vois un moyen de reconstituer le dessin d’ensemble de la tapisserie.

Musclons le néocortex de nos petits anges en train de devenir démons limbiques !

Qu’est-ce à dire ?

Le neuroscientifique Roland Jouvent nous dit que notre cerveau néocortex est notre « cavalier » ; il donne le sens, maîtrise sa monture et adresse un message par le haut.

C’est le cerveau de tous les dirigeants et politiques qui voudraient éradiquer la peur par voie de raisonnement et qui n’y arrivent jamais…

« Hélas ou tant mieux, c’est selon… », le cerveau limbique - notre cheval - est à l’écoute de nos sens et éprouve avant de penser, toujours prêt à s’emballer ; s’il a peur, il se cabre ; il envoie un message par le bas.

Notre néocortex cavalier a pris de la masse au cours des millions d’années…

Plus maintenant ! Il rétrécit ; il se recroqueville.

En laissant nos chères têtes brunes, blondes, rousses…s’abandonner à la satisfaction immédiate des besoins, on fusille leur cerveau cavalier et leur vie n’a plus de sens.

Mettons tous nos efforts dans l’instruction.

Remplissons les cerveaux cavaliers.

Faisons coopérer ensemble nos bambins dès l’âge de deux ans, comme en Finlande…

Pour qu’ils aient tous une tête bien faite, faisons en sorte qu’ils aient une tête bien pleine.

Qu’ils sachent tous lire, écrire et compter à 10 ans avec 5000 mots de vocabulaire minimum (même chose pour les immigrés, condition sine qua non de l’intégration).

Déclarons l’absentéisme scolaire hors la loi et n’acceptons aucune dérive.

Virons toutes les strates inutiles de l’éducation nationale. Tout le monde sait que plus nous avons d’échelons hiérarchiques et moins nous sommes efficients.

Choisissons un ministre de l’instruction qui publie toutes les semaines les innovations éducatives de rupture qui marchent…

Ecrivons un projet partagé qui décrive comment nous allons nous y prendre pour redevenir le premier européen dans le classement Pisa…

En conseil des ministres, 50 personnes qui pensent la même chose ne pensent définitivement plus, et ne pourront jamais reconstituer la tapisserie d’ensemble.

Monsieur le Président, je suis volontaire naïf pour poser les questions jamais posées.

La femme de notre histoire n’aurait jamais dû mourir !

Vite, vite, vite, moins d’état ! Ne nous donnez plus de poisson, et apprenez-nous à pêcher.

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