Salaires des patrons, une loi qui ne coûte pas cher

Salaires des patrons, une loi qui ne coûte pas cher

Il y a des «si» qui pèsent plus lourd que d’autres. A l’heure où la majorité est à la recherche de marqueurs de gauche, l’exécutif a semblé, jeudi, approuver l’idée d’une loi sur le salaire des patrons, tout en mettant moult bémols et conditionnel. 

Qu’il s’agisse d’un vrai sujet politique, c’est incontestable. Les revenus de certains dirigeants d’entreprises ont pris des proportions insupportables.

Manuel Valls et Emmanuel Macron, eux, ont rejoué le même numéro de duettistes que Jean-Marc Ayrault et Pierre Moscovici, Premier ministre et ministre de l’Economie en 2013 : déterrer, enterrer. «Nous avons fait le choix dans un premier temps de mettre les entreprises face à leurs responsabilités, en l’occurrence le patronat, a fait valoir Manuel Valls.Force est de constater que cela n’a pas été respecté. Donc maintenant, il faut légiférer. […] Il n’est pas immoral de bien gagner sa vie. Mais ce qui est immoral, ce sont ces rémunérations, de s’augmenter de cette manière sans se rendre compte des dégâts que cela peut représenter.»

«Après tous les scandales, légiférer est inévitable» 

«En 2013 après la crise de la finance, un article de la loi de régulation bancaire a limité les salaires des traders. La France a pu légiférer et a inspiré toute l’UE, qui a adopté une directive en ce sens. Encadrer les plus hauts salaires est donc possible, et à l’époque cela avait même été jugé souhaitable. Pourquoi alors, trois ans plus tard, certains, comme le ministre de l’Economie, affirment que «la loi n’est pas la bonne méthode» ? Les dérives de comportement d’une infime minorité de grands patrons conduisent pourtant aux mêmes dérives que dans la finance : obsédés par leurs rémunérations assises sur les résultats annuels, certains dirigeants poussent leur entreprise vers une stratégie d’ultra court terme sacrifiant tout investissement, même faiblement risqué, pour afficher des résultats justifiant des millions et des millions de rémunération variable.

Le Medef et l’Afep [Association française des entreprises privées] ont eu trois ans pour faire appliquer un code d’autorégulation, et ils ont échoué. Au législateur de donner aux entreprises, salariés et actionnaires, les moyens de redonner un sens à la «raison sociale» des groupes du CAC 40.»

Thierry Kuhn, président d’Emmaüs France, signataire de «l’appel des 40»

«L’Etat doit être le garant de la cohésion sociale»

 «En France, 145 000 personnes sont sans domicile, le chômage de longue durée explose et les inégalités se creusent de manière dramatique entre les très riches et les très pauvres. Nous faisons face à une crise économique et sociale, mais aussi à une crise de sens et de confiance entre citoyens et décideurs économiques et politiques. Elle se traduit par une forte abstention ou par un vote de désespoir en faveur des extrêmes dans l’électorat populaire.

«Rien aujourd’hui ne peut justifier que des personnes s’octroient des revenus indécents au regard de la situation des couches modestes et des 8,8 millions de personnes sous le seuil de pauvreté. Notre société a besoin d’un système de répartition des richesses plus équitable. Imaginez que le salaire brut annuel du PDG de PSA-Peugeot Citroën, Carlos Tavares (5,24 millions d’euros), correspond à 830 années de RSA (6 300 euros par an).

«Aujourd’hui, ce sont pourtant les bénéficiaires de minima sociaux qui se trouvent stigmatisés, alors que leurs revenus permettent à peine de survivre. Pour Emmaüs, l’Etat doit jouer son rôle de garant de la cohésion sociale en mettant un frein aux inégalités. Les entreprises d’économie solidaire, pratiquent une échelle de salaire qui va de 1 à 10 maximum. En leur sein, les mérites des uns et des autres sont reconnus, ces entreprises créent des emplois et des richesses, mais travaillent aussi à réduire les inégalités de revenus : leur réussite prouve que c’est possible.»

Laurence Parisot, ex-patronne du Medef, non signataire

«Beaucoup de gens passeraient sous le radar»

«Je suis très irritée par certaines rémunérations. Très récemment encore, j’ai dit mon désaccord avec la position prise par le conseil d’administration de Renault. Je partage certains points de «l’Appel des 40 au CAC 40», mais la solution que vous recommandez pose de nombreux problèmes. Vous en citez certains, mais pas tous. Un exemple, la baisse de la rémunération du mandataire social n’entraîne pas du tout la baisse des autres cadres dirigeants. Regardez dans les entreprises publiques soumises à la règle des 450 000 euros annuels : il y a chez chacune d’elle en moyenne 50 personnes qui gagnent plus que le patron. Dingo et pas tenable sur le long terme.

«Autre remarque : ce principe ne s’appliquerait qu’aux entreprises cotées. Donc, un gérant de cabinet d’architecte qui gagne plus de 2 millions d’euros et qui fait travailler des stagiaires mal rémunérés ne serait pas concerné ; un cadre dirigeant d’une entreprise non cotée et qui gagne 10 millions d’euros passerait sous le radar ; un artiste qui gagne 20 millions par an et qui utilise toute l’année sans vergogne les services d’intermittents ne serait pas concerné ; un écrivain à succès qui empoche 1,8 million de droits d’auteur et qui ne fait travailler personne ne le serait pas plus. Mes préoccupations sont très proches des vôtres : le repli sur soi, la défiance, l’écœurement, le poujadisme sont des menaces pour la cohésion de notre société. Mais il faut s’y prendre autrement.»

Henri MUHR

Real Estate Advisor

8 ans

C'est aux actionnaires de prendre leurs responsabilités et non à l'état de décider!

Pascal FRANCOIS

Road Freight Director France Ceva Logistics Air & Océan

8 ans

Beaucoup de bruit, pour quels effets?

Maurice ROTH le GENTIL

Aide et Soutien aux PME/PMI, Artisans, Acteurs du Monde Agricole chez MRG Solutions & Protection Environnement. Mise en photos de certaines idées ou Projets.

8 ans

Encore un sujet bien intéressant chère Geeta sur lequel il est certain que l’on va revenir à d’autres moments dans les semaines ou les mois à venir. Pour les Politiques, qu’ils soient à droite ou à gauche, sommes-nous toujours certains qu’ils prennent des décisions dont ils pensent chaque mot ? Pour moi cela reste à voir. Le but, de beaucoup d’entre eux, n’est-il pas d’être élu ou réélu et ne comptent-ils pas pour cela sur la mémoire très courte de leurs électeurs et de leur aptitude à savoir jouer du pipeau ? Pour moi le référendum reste un « outil » essentiel pour certaines décisions. En attendant il ne faut savoir faire la différence et ne pas confondre, par exemple, des patrons comme Carlos GHOSN (RENAULT-NISSAN) et Carlos TAVARES (PSA) qui ont su remonter l’entreprise ou le groupe dont ils avaient la charge, mais aussi grâce à une équipe. En effet, pour ce genre de mission il est impossible d’être seul, la compétence et les connaissances ne suffisent pas. Faire la différence entre des patrons qui mènent à bien les missions qui leurs ont été confiés et des patrons envoient leur entreprise dans le mur ou se contentent de lui éviter de quitter la route, mais qui pour autant ont un confortable salaire voir parfois excessif avec un parachute doré, ce qui est plus qu’inconvenant. Comme l’a dit ce jour à Midi sur RTL le député socialiste de la 7e circonscription de l'Hérault, Sébastien DENAJA, il faut redonner le droit aux actionnaires qui sont les véritables patrons de l’entreprise. Il a raison car ce qu’il dit est vrai. Toutefois, que font ces actionnaires et quels rôles jouent-ils dans la bonne conduite de l’entreprise ? Sont-ils des actionnaires actifs ou passifs ? Pour moi c’est également des questions importantes qu’il faut se poser, pour autant je ne suis pas en accord avec Monsieur GATTAZ, car c’est avoir la même attitude que ceux que l’on combat …… Il faut une 3ème solution, plus juste et plus équitable. Toutefois, il faut arriver à stabiliser le climat social, il est donc primordial d’éviter toute provocation ou toutes décisions qui seraient indécentes, dans une société à bout souffle, au bord de l’implosion, dans un monde qui souffre pour de multiples raisons, et souvent à cause de décisions politiques inadaptées et inadéquates ou par des prises de positions managériales arbitraires ne correspondant pas à la réalité, d‘où l’importance d’avoir de bons managers, qui ne dirigent pas forcément par leurs diplômes mais par leur intelligence, leur savoir-faire et leur savoir-être. Combien de personnes servent d’abord leurs intérêts plutôt que ceux de leur Pays ou de leur Entreprise ? Alors oui c’est une vraie question, faut-il légiférer sur Salaires des patrons ? Cependant, n’est-ce pas là aussi la preuve que tout va à vau-l'eau ? Quand on veut légiférer dans ce domaine, il faut beaucoup y réfléchir surtout quand on voit l’état de la France. De ce fait, cette question en entraine une autre, ne faut-il pas se poser la même question sur ceux qui dirigent la France, car si les Actionnaires sont les vrais patrons de l’Entreprise, les électeurs sont les vrais « patrons » de la France, alors les salaires et les avantages voire les parachutes dorés que s’octroient de très nombreux élus sont-ils justifiés et ne faut-il pas là aussi exigé un référendum pour légiférer ? L’on peut se demander, si les politiques, du Président de la République aux Maires, montraient le bon exemple, les conseils d’administration ou les Patrons d’entreprises qui s’octroient ou à qui l’on octroie ces revenus indécents, le feraient ? Ne seraient-ils pas amener à se remettre en question, s’ils constataient que ceux qui s’occupent de la destinée de la France agissaient de manière exemplaire, pour beaucoup ?

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