Ubérisation : De la transformation numérique à la prise de conscience politique
Amr Okasha

Ubérisation : De la transformation numérique à la prise de conscience politique

Le monde bouge et nous vivons une époque incroyable où la technologie façonne une majeure partie de notre vie. Que ce soit dans nos interactions humaines, nos habitudes quotidiennes et même dans les aspects les plus intimes de notre vie, la technologie digitale a en quelques années redéfinit tous les codes et schémas traditionnels de nos sociétés contemporaines. 

Des centaines d'articles évoquent cette "révolution numérique" et ses enjeux sur l'économie, les secteurs dit "traditionnels" et l'emploi. Alors peut-on encore proposer une analyse nouvelle ? Et surtout, une analyse suffisamment intéressante pour justifier les quelques minutes nécessaires pour lire cette publication jusqu'au bout ? 

J'écris cette première publication - première d'une série de sujets que je souhaite aborder prochainement - suite à un déjeuner client avec un directeur des systèmes d'information il y a quelques semaines. Nous évoquions le sujet de l'apport des nouvelles technologies à la conception des applications métiers (ubérisation des applications) et nous en sommes venus à évoquer la situation en Syrie. Ces deux questions, à priori sans rapports, se sont retrouvées autour du socle commun du partage de l'information et de l'innovation technologique. 

C'est donc avec cette même démarche très "personnelle" que je souhaite introduire deux analyses distinctes mais s’adressant au même public : l'une permettant le partage d'innovations technologiques (objet d'un prochain article) et l'autre permettant une prise de conscience à mon sens nécessaire et qui nous concerne plus que jamais. 

"L'Ubérisation" de l'information ou la libération de la parole.

Une des définitions communément admises de "l'Ubérisation" est la suppression des intermédiaires et la mise en relation directe entre la demande et l'offre. Avec l'adhésion internationale de masse aux différents réseaux sociaux, l'information est, depuis quelques années, diffusée en temps réel et directement par les sources. Pour chaque événement important dans le monde, des dizaines de vidéos, tweets et livestream prolifèrent instantanément permettant à quiconque souhaitant s'informer d'accéder sans filtres et sans intermédiaires à l'information. Bien entendu, les sources devront être triées selon le niveau de confiance que l'on décide de leur attribuer.

Ce phénomène a été le pilier de nombreuses revendications partout dans le monde. Que ce soit pour lutter contre l'oppression violente de certains régimes politiques, la dénonciation d'abus de pouvoir ou de corruptions, la diffusion de revendications et de manifestations. La révolution syrienne en est un parfait exemple.

Le régime syrien du clan Assad n'en est pas à son premier massacre de masse. Dans les années 80, il noya dans le sang une première révolte, moins populaire certes car portée par le mouvement des Frères Musulmans, mais qui regroupait toute de même une certaine élite sociale et une base populaire. Le massacre de Hama (80 000 morts en 1982) avait mis un terme à cette insurrection et s'était déroulé à huis-clos, loin du regard de la communauté internationale. Les dizaines de milliers de disparus et les exécutions sommaires de civils étaient passés sous silence avec un contrôle rigoureux des médias et des journaux locaux. 

La révolution syrienne populaire et démocratique de 2011 a démarré par de simples manifestations où la violence du régime était filmée par des centaines de caméras amateurs et les images diffusées au monde entier. Le régime s'est retrouvé contraint de doser avec stratégie le niveau de répression qu'il exerçait préférant une montée graduelle de la violence à une réaction brutale qui choquerait l'opinion publique. La diffusion des technologies de communication au sein de la population et des réseaux sociaux a donc permis de freiner le réflexe de brutalité d'un régime qui n'aurait pas hésité (hors caméras) à raser totalement la ville de Deraa ou de Homs pour mater dans l’œuf la révolte et dissuader ainsi toute réaction de solidarité d'autres régions. 

Aujourd'hui, la Syrie est devenu un sujet complexe et beaucoup de personnes, par manque d'information ou par paresse intellectuelle résument la situation par l'échec et la désillusion d'une démocratisation du pays. Parmi les phrases que j'ai pu entendre :

"Finalement, ces peuples sont peut-être mieux sous les dictatures. Rien de bon n'est sorti lorsqu'on a soulevé le couvercle."

C'est pour cette raison que je dédierai plusieurs articles au sujet en apportant un éclairage sur la situation et des pistes de réflexion pour montrer en quoi un tel raisonnement peut être dangereux.

Ce 15 Mars 2016 marque l'anniversaire d'une révolution contemporaine qui a poussé un peuple enchaîné depuis 40 ans à briser le "mur de la peur"

Au delà de l'analyse géopolitique, nous avons beaucoup à apprendre sur le plan humain de ces 5 années de révolte. Beaucoup à apprendre de militants qui ont perdu leur vie pour défendre les droits de l'Homme, le rêve de démocratie ou tout simplement en tentant de sauver d'autres vies.  Des valeurs qui pour nous semblent acquises mais pour lesquelles beaucoup de français ont également payé de leurs vies par le passé. 

Il est fondamental que chaque personne se réclamant de la défense des droits de l'homme et des libertés et qui se trouve tentée par une simplification si dangereuse et erronée de la situation syrienne cherche à comprendre réellement ce qui se passe en Syrie, loin des préjugés, des idéologies complotistes et de la couverture biaisée de certains médias. 

Hussam ALOLAIWY

Hussam Alolaiwy

Energy & Utilities Account Executive at MongoDB - Co-founder of NGO Smile Younited (+4M€ donations)

8 ans

M. Ourzik, la vision complotiste de la situation est déprimante... Plutôt que de tenter de vous convaincre par des faits, que de toute façon vous risquerez de balayer, expliquez moi simplement comment peut on pousser des syriens de Deraa, Homs, Alep, Damas à sortir manifester au risque d'être au mieux tués, au pire emprisonnés et torturés ? Tous les syriens savent comment le régime traite les prisonniers dit "politiques". Croyez moi, si vous étiez à la place d'un prisonnier, vous donneriez tout l'or du monde et abandonneriez même votre famille juste pour stopper l'horreur quelques heures.

La destruction de la Syrie a été planifiée par les sionistes depuis longtemps et le printemps Arabe n’a servi que d’excuse pour le passage à l’acte…. Quant aux nouvelles technologies, jamais on dira que depuis 25 ans, 4 millions de musulmans ont été tués par les bombardements des occidentaux sous prétexte de vouloir démocratiser le monde…

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