Si toi pas donner manger au SOL, sol pas te donner à MANGER.

Si toi pas donner manger au SOL, sol pas te donner à MANGER.  Notes sur "Une agriculture écologiquement intensive" de Michel GRIFFON (2011) – 2ème  partie

Quelles pistes envisager pour une fertilité durable des sols ?

La culture systématique sol entraine sur du long terme un appauvrissement logique des réserves nutritives d’un sol, en agriculture biologique comme en conventionnel. D’un autre côté la dépendance aux fertilisants minéraux et/ou chimiques est une catastrophe écologique et économique et sociale. Le rendement est pour autant très dépendant à cette fertilisation. Les solutions incluent l'utilisation d'engrais organiques, l'agriculture de précision et le recyclage des éléments nutritifs.

La structure du sol est cruciale, influençant l'enracinement des plantes, la résistance à la battance et au tassement. Afin d'éviter les phénomènes de tassement, il faut limiter les interventions et le poids des engins. Il faudrait donc privilégier un travail du sol en été, suivi de couvert en automne avec une destruction anticipée si forte pression adventices. Un travail du sol limité grâce à des techniques de semis direct (SD) ou un travail du sol simplifié (TCS) permet de concentrer la MO en surface et d'améliorer la structure. Le travail du sol sans labour a pour effet de concentrer la MO-PK dans les horizons supérieurs du sol. Les effets peuvent être rapidement visibles (5 ans). Le non labour n'est pas sans conséquences car il induit un risque de compaction des horizons plus profonds, mais l'activité biologique plus importante - notamment des vers de terre - peut le compenser. Toutefois ces pratiques sont dépendantes d'une utilisation de glyphosate. La technique du labour, écologiquement contestable, est majoritairement utilisée pour lutter contre les mauvaises herbes. Sans labour, même avec une logique de couvert végétal permanent, l’usage d’herbicide, en moindre quantité, de manière raisonnée reste encore aujourd’hui, indispensable. L’utilisation de biocide est à réduire à son maximum afin de garantir la préservation de la vie du sol. La biodiversité du sol et l'activité microbienne sont essentielles pour la fertilité car elles participent au cycle du N et C, contribuent à la structure du sol  et à la régulation des populations des nuisibles. Les vers de terre, les bactéries et les champignons contribuent à la décomposition de la matière organique et à la disponibilité des nutriments.

Des initiatives telles que les analyses de sol systématiques et l'accompagnement personnalisé des agriculteurs sont à promouvoir pour améliorer la fertilité des sols. L'agriculture de précision est une voie d'avenir pour appréhender l'hétérogénéité des sols. Il faudra chercher à utiliser les fonctionnalités d’un écosystème comme par exemple la fertilité naturelle des sols. Pour intensifier écologiquement cette fertilité naturelle il est envisageable d’utiliser au maximum l’énergie solaire en maximisant la photosynthèse pour produire une couverture végétale continue des sols. L'implantation de couverts améliore la disponibilité en PK, mais ne compense pas les carences du sol et ne couvre donc pas le risque de décapitalisation à long terme. Cette biomasse par décomposition, humification et minéralisation va contribuer à la fertilité naturelle du sol. Ce peuplement végétal ou couvert permanent va rendre de nombreux services écologiques. Il va limiter les zones de ruissèlement et contribuer à améliorer la qualité du cycle de l’eau et prévenir de l’érosion. Il va permettre également d’agir favorablement sur la structure des sols. Dans ce couvert végétal, l’intégration de légumineuses, le choix des rotations, l’apport de matières organiques (notamment issues de l’élevage) participera à sa pédogénèse (enrichissement du sol). Par concurrence d’occupation des sols, avec un bon choix de composition et une gestion de la destruction, un couvert végétal peut permettre de limiter les adventices.