2015 : sous le soleil de la Fintech française selon Emmanuelle Leneuf

2015 : sous le soleil de la Fintech française selon Emmanuelle Leneuf

Emmanuelle Leneuf (Journaliste et Créatrice du @FlashTweet) livre dans cet article une analyse détaillée et intéressante de l'écosystème des Fintech en 2015. Les Fintech, ces startups gravitant dans les milieux financiers et dont les produits ou services sont rarement faciles à comprendre, sont en plein essor, alors découvrez cet univers.

La FrenchTech va-t-elle se rebaptiser FrenchFintech ? Levées de fonds clés, entrée du secteur dans le Top5 des investissements en capital-risque au premier semestre, lancement d’incubateurs et de fonds dédiés : 2015 marque incontestablement un tournant pour la Fintech française. Mais la France pourra-t-elle concurrencer Londres qui a mis en place un écosystème très performant pour porter le secteur ?

Nouvel eldorado, la Fintech attire les investisseurs. De ce point de vue, les chiffres du capital-risque sur la France cette année,-qui n’est pas encore terminée-, sont assez parlants. D’après le Baromètre Ernst & Young, pas moins de dix levées de fonds ont eu lieu au premier semestre 2015, pour un total de 56 millions d’euros investis, soit une moyenne de 5,6 millions. Un montant qui permet à la Fintech de faire son entrée en 5e position derrière la Tech (234 millions), les Services Internet (178 millions), les Logiciels (126 millions) et le Life Science (82 millions). Révélateur d’une tendance de fonds qui devrait modifier le paysage bancaire dans les mois à venir, ce domaine d’activité a été porté par l’accélération autour du crowdfunding. Avec notamment la levée de fonds de 31 millions d’euros de Prêt d’Union, plateforme de crédit entre particuliers.

Mais l’appétence des investisseurs ne se limite pas à l’univers des capital-risqueurs. Plusieurs levées de fonds d’importance ont marqué 2015. Qu’on en juge : La Financière des Paiements Electroniques (FPE), éditrice de la marque Compte Nickel, a annoncé en septembre avoir bouclé un nouveau tour de table de 10,2 millions d’euros auprès du fonds Partech Ventures (4 millions) et La Financière IDAC, La Confédération des Buralistes de France, HGDLMA holding ainsi que ses fondateurs Hugues le Bret et Ryad Boulanouar. Soit un plus de 30 millions, en cumulés, pour soutenir cette banque d’un nouveau genre qui permet l’ouverture d’un compte bancaire chez un buraliste, en temps réel, avec une simple pièce d’identité et un numéro de téléphone portable.

Une annonce qui avait été précédée en mai 2015 par celle de Kantox, d’un montant identique. Fondé en juin 2011 par Philippe Gelis, Antonio Rami, John Carbajal, Laurent Descout et Marek Fodor, Kantox est spécialisé dans la gestion d’échanges de devises pour PME et ETI, avec Partech Ventures en investisseur historique.

Autre levée de fonds à noter, Pumpkin a pu obtenir 600 000 euros auprès d’investisseurs privés. L’application, disponible sur iOS et Androïd, se propose à terme, de remplacer des moyens de paiement et de remboursement comme le RIB, le chèque ou l’argent liquide. Un système que Victor Lennel, Hugo Salle de Chou et Constantin Wolfrom, les 3 co-fondateurs, avaient expérimenté aux USA (Venmo) et au Kenya (M Pesa).

Preuve que le secteur est en pleine ébullition, l’année aura aussi été marquée par deux rachats majeurs de startups. D’une part, celui de 86% du capital de Leetchi, la première solution de cagnotte en ligne lancée en 2009 par Céline Lazorthes, par le groupe Crédit Mutuel Arkéa. Une opération estimée à plus de 50 millions d’euros qui solde 4 levées de fonds successives depuis le début de l’aventure pour un montant de 7 millions d’euros. Le groupe bancaire compte aussi apporter une enveloppe supplémentaire de 10 millions d’euros, pour booster le développement de l’entreprise en Allemagne, en Espagne et au Royaume-Uni.

D’autre part, sur le même segment, l’acquisition de 85% du site de cagnotte en ligne Le Pot Commun par BPCE, via S-money, la filiale de paiement électronique du groupe, qui a lancé le transfert d’argent par tweet. La startup qui se fixe comme objectif de devenir le numéro un français et européen du paiement communautaire, se développera en Europe. Avec l’Espagne en ligne de mire cette année.

Dans le même temps fleurissent en France les structures d’accompagnement émanant d’acteurs privés, assurantiels ou bancaires. Axa accélère et vient de lancer un incubateur de Fintech ainsi qu’un fonds d’investissement doté de 200 millions d’euros, baptisé AXA Strategic Ventures, destiné à favoriser l’innovation dans les métiers de l’assurance, de l’épargne, de la banque et la gestion d’actifs. Anciennement AXA Seed Factory, AXA Factory change de positionnement pour devenir un programme d’accompagnement qui permettra d’accélérer la croissance de startups dans les domaines de l’AssurTech et de la FinTech en France.

L'Atelier BNP Paribas prépare pour janvier 2016 le lancement d’un incubateur Fintech Accelerator qui aidera les startups à travers un programme de 4 mois. Avec un double objectif : apporter du mentorat aux entreprises pour faire de la co-innovation avec les différentes entités de BNP Paribas en réalisant un MVP (minimum value project) et les réunir dans un lieu unique.

Autre initiative dans le même sens, le fonds d’investissement Truffle Capital a lancé son incubateur de FinTech et accueille déjà 4 startups. Son but est de regrouper l’ensemble des innovations du secteur bancaire que sont le crowdfunding, le transfert d’argent, l’échange de devise ou encore la gestion de l’épargne.

Sans oublier Finance Innovation, le pôle de compétitivité mondial du secteur de la finance, qui vise à aider les 100 startups, TPE, PME les plus prometteuses à trouver des financements (publics et privés) et de nouveaux clients. De nombreux partenaires accompagnent Finance Innovation, tels que Bpifrance, la Caisse des dépôts ou encore la DGE (Direction Général des Entreprises).

Reste que ces initiatives demeurent timides par rapport à Londres, qui fait la course en tête dans la FinTech. Il faut dire que Londres revendique ses ambitions d’être la capitale mondiale de la Tech depuis 2014. Pour ce faire, des dispositifs attractifs ont été mis en place : accélérateurs, espaces de co-working, initiatives gouvernementales favorisant les liens entre investisseurs et startups.

Et le succès au rendez-vous : 44 000 personnes travaillent en Fintech à Londres et ses environs (43 000 pour NYC et 11 000 dans la Silicon Valley) et 539 millions de dollars (environ 485 millions d’euros) ont été levés en 2014 dans la FinTech. Soit le triple qu’en 2013.

Parallèlement est né en 2014 Innovate Finance, une organisation à but non lucratif sponsorisée par la ville de Londres et du Canary Wharf Group. Créée par Claire Cockerton, également membre active de Women in Tech, elle est devenue le point de contact de l’industrie FinTech réunissant à la fois les banques, les acteurs majeurs en FinTech, les sociétés de régulation et le monde politique afin de déterminer l’avenir de la finance. Bref, Londres se donne les moyens !

Et là encore, pour revenir au capital-risque, les chiffres du premier semestre 2015 du baromètre Ernst & Young illustre le retard pris par la France. Si elle est en 2e position en Europe derrière la Grande Bretagne par le nombre total d’opération, l’Hexagone est en 3e position pour le montant total, cumulant 13% du volume contre 27% pour le Royaume Uni…où les tours de financement supérieurs à 100 millions ont été cinq fois supérieurs. La France occupe donc un poids tout relatif dans l’écosystème européen du capital-risque !

2016 marquera-t-il un nouveau cap pour la France grâce à l’organisation de ParisFintech Forum le 28 janvier ? Rien n’est moins sûr. Cependant les objectifs sont là : mettre à l’honneur l’innovation française en matière de Fintech et ses pépites, proposer des évolutions réglementaires et sectorielles permettant le développement d’acteurs ayant une réelle présence européenne, faciliter les échanges entre les grands groupes et les startups innovantes dans ce domaine, ou encore s’ouvrir aux innovations venues d’ailleurs (Etats-Unis, Asie). Mais il faudra ensuite passer de la parole aux actes pour mettre en place un plan d’action. Et tenter de rattraper le retard sur Londres !

Bio :
Grand Reporter spécialisée en économie, j'ai lancé le FlashTweet sur Twitter en mars 2015. Tous les matins, une communauté de passionnés du digital se donne rendez-vous pour suivre le FlashTweet, le journal digital de la transformation numérique. Mon top 10 innovation et digital éditorialisé et organisé autour des rubriques Startup, Web, Tech, BigData, IoT, Infographie, Marketing, SocialMedia, Impression3D, MustRead. Les 10 tweets essentiels et exclusifs pour bien commencer la journée. FlashTweet, c’est une info sérieuse sans se prendre au sérieux. Un média 100%Tweet, 100% Live qui débute à 7h30 devant près de 11 000 followers sur @FlashTweet.

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Propos recueillis dans le cadre de la réalisation de mon livre blanc "80 PortraitDeStartuper".

Retrouvez le livre blanc "80 #PortraitDeStartuper" ici :
sebastienbourguignon.wordpress.com/livre-blanc-portraitdestartuper/

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